Un court instant de grande clarté Suite ... Enfin, Nicodéme se rappelait que Mohammed mourait quelques mois avant Edwin. La disparition du premier accompagnait I’émergence d’une nouvelle religion ; celle du second marquait un échec de I’Eglise romaine. Parmi les pires ennemis de I’instant, orgueilleusement campés sur son chemin, étaient les fanatiques adorateurs d’ Allah. Ceux-la avaient gardé la foi ! Ils étaient préts 4 mourir pour une cause divine ! Ils n’avaient rien a perdre et tout a déchiqueter. Malgré sa toute-puissance, Nicomédia chancelait sur ses bases. Sans doute, l’arme secréte de Il’ennemi présent, celle-l4 méme 4 avoir sauvé I’esprit de Rome saurait-elle l’aider encore. Régénérer la foi restaurerait l’autorité et rendrait la témérité aux Nicomédiens. II fallait raviver la croyance au coeur de ses citoyens... et la contréler. Il n’y avait pas de mal 4 cela. La patrie se devait d’étre protégée. De toute maniére, ce n’était pas la premiére fois qu’un tel subterfuge avait été employé. Théodose 1“, empereur romain et byzantin, |’avait compris lui qui, d’une maniére définitive, avait christianisé officiellement et totalement l’empire romain, en se débarrassant de surcroit, par esprit d’unité, de toutes les hérésies du temps. Son erreur, par contre, avait été d’introduire trop de barbares au sein de son armée, préparant ainsi la fin de l’empire romain d’Occident. La moitié du monde civilisé disparai- trait quelques années plus tard et Byzance tiendrait encore prés de mille ans. Nicodéme, lui, voulait tout garder et pour toujours. Ainsi, Nicodéme réorganisa son pays. Il conserva le budget de |’armée et méme tenta de le gonfler un tant soit peu. II ne toucha pas au social : celui- ci cotite cher et fabrique 4 terme de petits bourgeois exagérément conserva- teurs. La France en était un incroyable exemple ot I’intérét de la nation s’ef- fagait totalement face 4 une plébe nouveau riche paralysant le pays. Une nation pourtant accoutumée 4 la révolte sociale. Aprés avoir décapité tous leurs aristocrates, les révolutionnaires s’en étaient pris aux exploiteurs capi- talistes puis, faute d’ennemis, s’en étaient retournés contre |’entrave au sexe. Exploit dont ils semblent les plus fiers. Depuis, leurs plus grands phi- losophes n’avaient plus usé leur génie qu’a traquer la plus minuscule obs- truction a la liberté. Comme si l’-homme pouvait se prétendre libre sans méme avoir le choix de naitre, ni celui de mourir. De fait, comme les insur- gés de ce pays se transformaient 4 leur tour en bourgeois, il ne restait plus de rebelles pour les déloger. A part, peut-étre, une minorité d’envahisseurs philistins. 11