a Un Québécois vient de faire oeuvre de pionnier en inventant un nouveau jeu de société d ‘inspiration caopérative connu sous le nom de CITE COOP. Il s‘agit méme d‘une premiére mondiale, CITE COOP étant le premier jeu de société modelé sur l'ensemble du systéme d‘éconamie coopérative. Dans I'intérét de nos lecteurs, nous avons voulu interroger I’inventeur, M. Jean-Paul Legaré. Mentionnons que M. Legaré est un journaliste de carriére. Né 4 Rimouski, il y a fait du journalisme pendant un quart de siécle. Aprés avoir été président de./‘association Les Hebdos du Canada, ilen est le secrétaire administratif depuis dix ans. Depuis 1969, il est engagé lui-méme dans le mouvement coopératif, alors qu'il dirige le journal ENSEMBLE! au Conseil de la Coopération du Québec. LE JEU DE SOCIETE CITE COOP & _Vinvention d'un Québécois Q- D'ou vous est venue l’idée d’un tel jeu? R- En jouant en famille a d'autres jeux d'affaires. J'ai alors réalisé que ces jeux, presque tous. dl'inspiration capitaliste, étaient également des jeux de compétition. Engagé moi-méme dans le systeéme coopé- ratif, j'ai pensé qu'il serait possible de concevoir un jeu de société inspiré de cette philisophie d’entraide et de service a la- quelle adhérent plus de 330,000,000 de coopérateurs de tous les continents. A ma connaissance, c'est la premiére fois au monde que I’ensemble du systéme coopéra- tif est adapté a un jeu de société. Q- Votre jeu a-t-il un aspect divertissant? R- Certainement oui. Il aurait été possi- ble de réaliser un jeu de simulation qui soit avant tout un outil pédagogique. mais je pense que si Il’on veut atteindre la masse des gens, il est préférable d'avoir un jeu amusant, drole aussi. qui soit a la portée de tous. CITE COOP s'adresse donc a tous les membres de la famille (de 11 ans et plus) et il promet des heures de divertissement. J'ai voulu y équilibrer le hasard et la stra- tégie. de telle sorte qu'il plaise a tous et favorise les échanges entre les joueurs dans un climat de détente. Un tel jeu devrait se retrouver dans toutes les familles. Q- CITE COOP se rapproche-t-il du réel ou de l’imaginaire? R- Les joueurs (de 2 a 6) sont unis dans un destin imaginaire. mais le jeu colle au réel de facon saisissante. Ainsi, les joueurs sont invités 4 construire ensemble une cité cooperative miniature ou ils s'établissent avec leur famille. Tout le suspense de la vie est recreé dans cette aventure commune et meme les situations dramatiques sont traitées avec humour. Q- Le jeu s’adresse-t-il seulement aux coopérateurs? R- Bien sur que non, au contraire. Tout en €tant divertissant et a la portée de tous. CITE COOP peut contribuer a la connais- sance du systéme coopératif. Les coopéra- teurs s'y*reconnaitront facilement.et ils auront plaisir a refaire dans un jeu des opé- 4 rations qui leur sont familiéres dans la pratique coopérative.- Par ailleurs, ceux qui ne connaissent pas la coopération dé- couvriront avec intérét les avantages de cette formule. Mentionnons que toutes les entreprises de la cité sont des coopérati- ves. Q- Nous connaissons mieux les jeux de compétition. Est-il possible de maintenir Vintérét des joueurs avec un jeu basé sur l'entraide? R- CITE COOP fait la preuve que oui. Voyez-vous, si nous sommes habitués aux jeux de compétition qui nous invitent a la course effrénée pour la richesse et a la destruction des adversaires, c'est peut- étre parce que nous avons peu de jeux ou il est possible de collaborer avec les autres joueurs. Dans CITE COOP, la compétition est remplacée par |'émulation. Unis et so- lidaires dans leur objectif d’édifier une ci- té coopérative, les joueurs trouvent avanta- geux de travailler en commun. Q- On retrouve donc dans CITE COOP des opérations collectives et des opérations in- dividuelles? R- Oui et CITE COOP est ainsi l'un des rares jeux de société qui allient des préoc- Cupations collectives et des préoccupations individuelles. Dvailleurs. les joueurs sont facilement amenés a constater que leurs objectifs individuels sont mieux atteints par l'action de groupe. C'est 1a l’'essence de la coopération. Poussant cette logique jusqu'au bout. CITE COOP aboutit donc a une vic- toire collective quand la cité est construite et a une victoire personnellé pour le coopé- rateur qui, grace aux efforts qu'il a faits pour s‘aider lui-méme en aidant les autres, atteint le premier son objectif individue'. Q- Parlez-nous des caractéristiques de CITE COOP? R- li. y aurait beaucoup 4 dire. Sous plu- sieurs aspects, CITE COOP est ditférent de tous les jeux de société qui sont sur le marché. Le jeu lui-méme, véritable oeu- vre d'art, est de forme octogonale: les cou- leurs sont gaies et reposantes et les ilus- trations, humoristiques. Chacun des joueurs’ Le Soleil de Colombie, Vendredi 26 Mai 19781] est muni d'un tableau qui lui permet de con- trdler parfaitement toutes ses opérations. Le tout est contenu dans une boite compac- te peu encombrante et facile a transporter. Quant aux décisions, certaines sont dictées par le hasard, d'autres par la stratégie des joueurs ou par un Consentement majoritaire. La démocratie fait partie intégrante du jeu. Enfin, par le truchement de leurs coopérati- ves, les joueurs doivent conduire leurs opé- rations de facon 4 bien gérer leur budget familial et a se protéger des risques de la vie. Q- Inventer un tel jeu, est-ce facile? R- Non, c’est une oeuvre longue et ardue. Cela exige une patience illimitée. Dans mon cas, ce fut un travail de plus de trois an- , nées. Au Québec, il n'y a pas de tradition’ d'inventeurs de jeux de société. On se sent donc isolé, sans le support d'une émulation qui serait bienfaisante. Dans ce travail de pionnier, on vous regarde évoluer avec amu- sement: l'aide est rare. Au point de départ. j'ai eu l'avantage de pouvoir compter sur les conseils de Invention Québec puis sur une contribution de $1,500. du Conseil des Arts du Canada pour la réalisation graphi- que du prototype du jeu. Le ministére des Affaires Culturelles du Québec a refusé toute aide. . Q- Quelle est la nature des problémes a surmonter? R- Les problemes sont multiples. Vous devez vous occuper d’obtenir un droit d'au- teur ou un brevet et une marque de commer- ce. |! faut aussi créer une compagnie d’édi- tion, vous déméler dans les problémes d’ad- ministration, de production et d'impot. Le choix d'un artiste compétent pour la con- ception graphique du jeu est primordial. Trouver un producteur est aussi un tour de force, surtout au Québec ou nous n‘avons pas de tradition en ce domaine. Un élément qui demande beaucoup de temps mais qui est aussi passionnant qu’in- dispensable, c'est celui des tests. Il faut mettre a contribution tous ses parents et amis. Pour ma part. j'ai eu l’'avantage de compter sur un nombre considérable de joueurs bénévoles qui ont permis de faire plus de 80 tests. Leurs suggestions et leurs INTERVIEW AVEC L’AUTEUR: Jean-Paul LEGARE commentaires ont contribué a améliorer considérablement l'idée originale. Des vo- lontaires des milieux les plus divers m’ont permis d'arriver 4 un commun dénomina- teur qui fait de CITE COOP un jeu pour tous. Q- Existe-t-il un marché suffisant pour un tel jeu de société? R- Un marché de quelque six ou sept mil- lions de francophones au Canada: c'est bien peu pour un tel produit. La qualité de ce marché compense par ailleurs pour sa fai- blesse numérique. Si !'on songe que plus de 9 millions de Canadiens sont membres d'une coopérative. on est assuré. au départ, d'un intérét certain. Le mouvement coopératif dans son ensemble l'a bien compris: il a -fait un accueil enthousiaste a CITE COOP aussi bien lors d'un sondage qu’au moment d’acheter des jeux. Seul un mouvement coo- pératif aussi puissant permettait d'envi- sager une production initiale de 10,000. exemplaires de CITE COOP qui s’écoulent bien d’ailleurs. f Q- Et le marché extérieur? R- On peut songer d’abord a une édition en langue anglaise pour les marchés cana- dien, américain et autres. L’édition en lan- gue francaise pourrait. aussi s’écouler. aprés adaptation, dans tous les pays fran- cophones: France. Belgique. Afrique. etc... _ Q- Le résultat obtenu vous satisfait-il? R- Pour ma part, je suis satisfait. Ce qui importe, cependant. c'est l'intérét que le public y trouvera. L’objectif premier du jeu est de favoriser de facon agréable fa connaissance du systeme coopératif. Si cet objectif est atteint. je serai récompensé de mes efforts. - M. Legaré: nous vous souhaitons plein succes! N.B. On peut se procurer Je jeu dans les Ma- gasins Coop ou Cooprix ou en envoyant $14.99 plus la taxe de vente de 8%, a léditeur de CITE COOP: 2788, boul. Lié- geois, Ste-Foy, Qué. G1W 2A3!