16 — Le Soleil de Colombie, vendredi ler juillet 1983 Dans le cadre de ce 4e volet sur l’étude des groupes minoritaires de langue officielle, il est question des deux groupes majoritaires, en l’occurence les francophones du Québec et: les anglophones des autres provinces. Il s'agit en Somme de cerner leur degré de sensibilisation a l’égard des aspirations de la minorité selon des dimensions d’ordre économique, éducationnel, social, culturel et politique. Ce chapitre mettra aussi en lumiére les perceptions des majorités face a la minorité. Comme troisiéme objectif, on visera a connaitre le degré d’ouverture de la majorite a l’égard de la culture de |’autre, le tout en se référant aux comportements et attitudes des répondants. Enfin, les lecteurs voudront bien prendre note qu’en vue d'éviter la répétition et ainsi d’allourdir inutilement un texte déja grassement servi en chiffres et en informations diverses, nous désignerons a l'occasion, la majorité francophone du Québec comme ‘“‘francophones’”’ tout court. La méme consigne sera observée pour les majorités anglophones du Québec que |’on appellera BEAUCOUP PLUS DE BILINGUES FRANCOPHONES QUE DE BILINGUES ANGLOPHONES Si au Québec environ six francophones sur dix ne se sentent pas a l’'aise avec |’usage de la langue anglaise, les anglophones eux, sont dans la méme situation mais 4 beaucoup plus forte majorité (91%). De plus, cing fois plus de francophones disent avoir une assez bonne connaissance de l'autre langue officielle et deux fois plus d'anglophones que de francophones se disent unilingues. On remar- que d’autre part que ce sont parmi les plus scolarisés que l’on retrouve le plus grand n »mbre de gens bilingues. En ce qui concerne les enfants anglophones et francophones, 60% des parents préten- dent que presque tous les leurs ont appris l’autre langue. Mais les francophones s’entendent presque tous (97%) pour juger de |’im- portance pour leurs enfants de parter anglais. Du cdté des anglophones, seulement 58% sont de cet avis. Face a eux-mémes les parents anglophones surtout sont mcins ambitieux: 26% accordent de |'importance a |l’apprentissage du francais alors que les parents francophones maintiennent 4 88% que ce qui vaut pour leurs enfants le demeure pour eux-mémes. Dans l'ensemble, seulement 13% des francophones ne considérent pas important l’apprentissage de l'anglais, contrairement aux anglophones qui, 4 71%, pensent que le francais ne leur est pas nécessaire. simplement “‘les anglophones’”’. Télévision et habitudes de lecture: PLUS DE FRANCOPHONES QUE D’'ANGLOPHONES UTILISENT LA LANGUE DE L'AUTRE. La majorité des bilingues qu’ils soient anglophones ou francophones écoutent la télévision dans la langue de l'autre au moins occasion- nellement quoique les francophones soient plus nombreux a le faire (87% contre 67%). Les francophones bil:ngues (67%) sont aussi plus portés que les anglophones bilingues (47%) a lire les journaux et magazines dans la langue de l'autre. Enfin, ce sont toujours les fran- cophones qui sont les plus nombreux a lire des oeuvres d’auteurs canadiens dans l'autre langue (24% contre 12%). ¥ surtout dans ~ LE BILINGUISME POUR OU CONTRE? La faveur du bilinguisme attire incontestable- ment plus de francophones. du Québec que d'anglophones dans les autres provinces. Les fran- cophones sont au nombre de 89% 4a favoriser le bilinguisme dans leur province et légérement davantage (90%) a le souhaiter pour l'ensemble du pays. Plus ils sont scolarisés, moins ils ont ten- dance a se montrer d'accord avec le bilinguisme, leur province. Du cété des anglophones, les opinions sont plutdt partagées quoiqu’il se dessine une légere tendance a l'en: contre de cette politique de deux langues of- ficielles. Dans leur province respective, 42% sont favorables contre 51% qui ne le sont pas et, pour l'ensemble du pays, les anglophones favorables sont au nombre de 44% alors que les défavorables atteignent 49%. Voyons maintenant comment ces opinions sont réparties selon chacune des” Pro. vinces. Attitudes face au bilinguisme Dans la province Au Canada Favorabies Défavorables Favorables Défayorables Total ae SI a4 49 Terre-Neuve 7S a0 Ta ps) Tle-du-Prince-Edouard~ | 58 6 a Nouvelle-Ecosse 63 33 53 sa Nouveau- Brunswick 5} 4s 5 42 Ontario F335 4 SER Manitoba 39 $2 40 53 Saskatchewan 31 62 39 53 Alberta 38 59 44 Colombie britannicue 35 6§ 33 is Ce tableau fait foi, en quelque sorte, d'une incertitude en Ontario. C'est effectivement la pro- vince la plus divisée sur la question du bilinguisme. A l'est du pays, les anglophones tendent a étre plus favorables, comparativement a l'ouest de !'Ontario ou la majorite des anglophones sont nettement défavorables au bilinguisme dans leur province. Face au bilinguisme au pays, les anglophones de l'ouest se montrent sensiblement plus ouverts, sauf au Manitoba ou il n'y a pas de difference. On observe par ailleurs que plus les revenus des répondants francophones augmentent, plus le bilin- guisme au Québec est accueilli froidement. Aussi, au Québec, les plus favorables au bilinguisme pro- vincial sont davantage les personnes agées de 45 ans et plus. Au contraire, les gens de 45 a 59 ans du Canada anglais sont les plus récalcitrants face au bilinguisme de tout ordre comparativement aux jeunes de 15 a 17 ans qui lui réservent un certain enthousiasme. Chez les anglophones, les deux groupes qui sont le plus susceptibles de s'ouvrir au bilinguisme sont ceux qui ont moins fréquenteé l'école et ceux dont le revenu familial est éleve. Bilinguisme sur le marché du travail: C’EST PLUS IMPORTANT POUR LES FRANCOPHONES s Pour deux francophones et 29} sont les plus susceptibles encore moins (40%) croient que plus portés a croire qu'il n'y a anglophones sont un peu plus québécois ‘sur trois, le bilin- guisme sur le marché du travail est un atout plus important qu’il y a cing ans et il le sera davan- tage dans cing ans. Cette opinion est partagée par encore plus de répondants qui comptent le moins d’années de scolarité. Par contre, les plus jeunes (entre 18 de croire que, dans cing ans, cet atout sera considérablement af- faibli. Chez es anglophones, -on est plutot partagé sur cette question. Seulement 41% pensent que la connaissance du francais est un atout sur le marché du travail et cette situation sera plus pro- fitable d'ici cing ans. Les fem- mes, de méme que les jeunes de 15 a 19 ans, accordent plus d'importance au bilinguisme sur le marché du travail que les hommes, dans le sens ou la con- Naissance des deux langues est profitable. Les hommes, eux, sont aucun changement depuis cing ans. : La majorité des francophones croient que les chances d’obtenir un emploi (56%) ou une promo- tion (50%) sont les mémes pour un anglophone bilingue que pour un francophone bilingue. Les nombreux a partager cet avis: 58% pensent que les francopho- nes bilingues de leur province sont sur un méme pied d’égalité qu’eux pour décrocher un emploi et 53% pour une promotion.