Le Moustique!... Pacifique Volume6 - Présidents du jury Primus inter pares, le président du jury joue un rdle capital. II est I'intermédiaire entre l'aréopage et la foule, remerciant publiquement tantdt la famille royale de sa présence, tantdt l'orchestre pour son dévouement au cours de six soirées consécutives, et annongant, dans une atmosphere électrique indescriptible, le résultat final dans la nuit du samedi. Ce réle sera d'abord endossé par un grand organisateur, Marcel Cuvelier, directeur du Concours et, par ailleurs, directeur de la Société Philharmonique de Bruxelles. Mais a sa mort, et fort logiquement, ce seront désormais des musiciens belges, de haut vol, qui rempliront la fonction, 4 commencer par deux directeurs du Conservatoire Royal de Bruxelles : Léon Jongen et Marcel Poot. Si le regne de Léon Jongen fut bref - il avait 76 ans lorsqu'il succéda a Cuvelier en 1960, - celui de Marcel Poot sera long. Jusqu'en 1980, ce petit homme malicieux et élégant, le nez invariablement chaussé d'épaisses lunettes rondes échappées des années trente, la cigarette vissée aux lévres, doté d'un humour a froid réputé, officia avec autorité et compétence. Ce fut ensuite le tour d'Eugéne Traey, pianiste de classe - disciple de Casadesus, Leimer et Gieseking, - partenaire de Grumiaux, et pédagogue réputé. Enfin, depuis 1996, l'actuel directeur du Koninklijk Muziekconservatorium Brussel - le Conservatoire Royal flamand de Bruxelles, - Arie Van Lysebeth, a repris le flambeau avec l'élégance et la compétence que tout le monde lui reconnait. Médias A tout seigneur tout honneur : sans la radio, ce coffret ne pourrait exister tel quel. L'Institut National de Radiodiffusion belge (INR/NIR), installé dans un batiment ultramoderne en 1938, était considéré comme un des plus performants de son temps en ce qui concerne la musique vivante. Sous I'impulsion de personnalités aussi fortes que Paul Collaer et Franz André, la diffusion de concerts " live " avait considérablement limité, dans un premier temps, la diffusion des 78 tours dont devaient se contenter d'autres institutions moins bien menées. C'est tout naturellement que le concours Ysaye avait fait l'objet d'une retransmission directe en 1937. Et c'est tout naturellement que le Concours Reine Elisabeth occupera l'antenne dés 1951, 11¢ édition ISSN 1704 - 9970 Novembre 2003 la radio diffusant l'intégralité des finales et les enregistrant soigneusement pour des diffusions ultérieures. Dés 1955, des propos d'entracte sont confiés a un spécialiste - le compositeur et critique musical Jacques Stehman, dont le souvenir est aujourd'hui rappelé par un prix décerné par les auditeurs de la RTBF, - qui s'entoura de journalistes pour faire du concours un événement radiophonique populaire, bientdét relayé par l'Union européenne de Radiodiffusion. La radio flamande emboitera le pas, et diffusera aussi, avec les commentaires adéquats, le concours dans la partie néerlandophone du pays, créant elle aussi un prix décerné par les auditeurs, le prix Sternefeld. Cette couverture médiatique connaitra un nouvel élan grace a la télévision. Dés 1959, celle-ci marque son intérét pour le concours. Mais les limitations de la technique, la méfiance aussi pour ce nouveau média donneront a ces débuts un tempo modéré. On commencera par les aspects les plus mondains - la remise des prix par la reine Elisabeth - en contournant la musique. II est vrai que l'auditeur est roi : celui du Palais des Beaux- Arts ne pouvait tolérer davantage que la direction du concours les installations trés lourdes et l'éclairage écrasant nécessités par les caméras de I'époque. Dés 1964, la télévision filme cependant les répétitions au Palais des Beaux-Arts pour alimenter une chronique au journal du soir. Une caméra fixe permettra dés 1967 d'immortaliser des moments choisis des demi-finales et finales, agrémentés de tres nombreux reportages et interviews. Les retransmissions en direct commenceront partiellement en 1972, et totalement en 1978. Elles n'ont plus cessé depuis du cété francophone, tandis que la télévision flamande les a remplacées par des reportages et retransmissions différées depuis 1997, au regret de milliers de mélomanes flamands. Une telle médiatisation, a laquelle il faut encore ajouter un suivi attentif de la part de la presse écrite - tant flamande que francophone, - est unique au monde. Elle a donné aux lauréats une assise populaire impressionnante qui a amené nombre d'entre eux a s'installer en Belgique. 21