Le Moustique Volume 2 - 8" édition _Aoat 1999 Pa Monologue ...Suite du numéro précédent. VAY Un petit groupe d'Africains s'est formé, pas loin de l'entrée, autour d'un = corps allongé. Quelques femmes habillées de pagnes élégants aux couleurs vives, un gamin et un infirmier en blouse blanche palabrent avec force gesticulations autour d'un colosse 4 demi-nu qui git sur le sol en geignant. Un véritable malabar, aussi large que haut, tout en muscles, noir comme l'ébéne, glabre et luisant de sueur. II a le bras droit complétement démoli par un terrible coup de baton. Il a fallu que le coup soit démesuré pour ébranler une telle masse. Je ne comprends pas trop bien se qui se dit. On parle peul surtout, avec quelques mots de francais. Le gars couché, lui, n'est certainement pas Peul, mais il en a épousé une et cela n'a sans doute pas plu a certains. Les événements aidant, l'occasion était sans doute assez belle pour le lui faire savoir ! Le plus important probléme pour l'instant est qu'on ne veut pas le soigner. Ici, on ne fait pas dans les membres rompus; il doit étre emmené 4 l'hdpital du centre ville. Il y a bien une ambulance, mais pas de chauffeur. Et il ne risque pas y en avoir un de sitét : il habite a l'autre bout de la ville. On me tire par la manche, c'est mon guide. II me dit en aparté que l'on devrait conduire ce malheureux en ville. Je suis d'accord et il faut agir vite; on ne lui a méme pas donné de morphine ici. Je m'appréte a leur parler mais Ibrahim me rattrape. Me prend la main comme on le fait en Afrique pour un frére, un ami trés cher. -Non, tu ne comprends pas ! Moi je ne peux pas te conduire en ville. On nous arrétera, on nous tuera. Je rentre seul chez moi, avec la voiture. Je n'habite pas loin. Toi, tu prends l'ambulance et le blessé. Tu mets la siréne trés fort. Ils te laisseront passer. Je n'avais pas pensé & cette solution, je le reconnais ! Je ne fait pas l'étoffe d'un héros. Cela ne me serait jamais venu 4 l'esprit. Et je vais refuser. Mais, déja, Ibrahim a annoncé la nouvelle et l'infirmier est d'accord. Mais c'est fou ! Je ne peux pas prendre une ambulance ainsi. Et puis foncer au travers de cette furie, avec un blessé a bord, sa famille, un enfant .... et moi ! Non cela aN ne marche pas ! Je vois la, A terre, ce géant noir. Qui sait ? Une ambulance, c'est sans doute la solution la plus sire. De toute maniére, on ne me laisse fog = (a) (a) J pas hésiter d'avantage : déja on hisse 4 grand peine le blessé 4 l'arriére {= de l'ambulance. I] rugit comme un lion & chaque fois qu'on lui touche le bras. C'est idiot, mais je ne parviens pas a découvrir le syst¢me de blocage de la civiére. Une des deux femmes s'assied A ses cotés. Et 1a j'apprends qu'il en a épousé deux de femmes peules. Le gars doit avoir les moyens ! Je cherche l'enclenchement de la siréne et je découvre également un micro attaché a un haut parleur. Je passe en premiére. Ca va. Ce n'est pas trop difficile & conduire. On part, doucement d'abord. Aux abords de I'hépital, les rues, couvertes de débris, sont vides. C'est ici que l'on tirait tout a l'heure. Il semble que la police ait fait place nette. L'autre femme, assise 4 mes cotés, me guide, car je ne connais pas trop bien la ville.