La lettre de Pour contrebalancer 1?in- fluence de certaines idées regues en matiére de po- litique financiére, il me semble bon de vous faire part de 1’état d’esprit qui régne en FRANCE, au sujet des fameuses mesures prises par le Président NIXON. Tout d’abord, un simple rappel: De GAULLE n’avait- il pas prévu l’@vacuation par les troupes U.S. de l’INDO- CHINE, l’entrée de la CHINE 4a 170.N.U., sa reconnais- sance par les U.S.A., l’en- trée de VANGLETERRE dans le Marché Commun, la nécessité pour la FRANCE de sortir de 1?O0TAN mili- taire, et pour couronner le tout la dévaluation du dollar? De GAULLE, ensomme, n’a jamais eu qu’un tort, c’est d’étre l’homme de l’avenir ou l’homme du passé, mais trés peu l’homme du pré- sent. Venons-en, maintenant, A l’état actuel des _ choses. Quand les U.S.A. prétendent qu’ils ont donné 143 milliards de dollars, tant 4 l7EUROPE qu’a l1’ASIE, il ne s’est ja- mais agi d’un don gratuit. Il est évident que les U.S.A. avaient comme _ principaux clients et partenaires tous ceux auxquels ils étaient ve- nus en aide. Une aide qui, d’ailleurs, s’est manifestée suffisamment tardivement pour que, d’une part la patrie de chacun de ces clients soit complétement détruite, et que d’autre part eux-mémes, les U.S.A., aient largement la possibilité de prendre des gages sur eux. En consé- quence, s’ils voulaient ven- dre et faire marcher leur économie, il fallait qu’ils fassent des crédits. Ces cré- dits, nous les avons tous remboursés! 5 On nous échauffe donc 1é- gérement les oreilles lors- qu’on déclare que la situation actuelle du dollar vient tout simplement de la grandeur et de la largesse des U.S.A. Puisque aussi bien les U.S.A., reniant leur parole, ont proclamé la mort des ac- cords de BRETTON WOODS qu’ils avaient portés au pi- nacle, NIXON continuant 4 vouloir acculer les Euro- péens 4 faire ce qu’ils ne veulent pas et A financer sa propre politique, complé- tement désastreuse d’ail- leurs, aussi bien pour 1l’en- semble du monde que pour les U.S.A., il est temps que 1’7EUROPE se ressaisisse et frappe 4 sontour d’une char- ge exceptionnelle les mar- chandises américaines. A cet égard, le courage du DANEMARK est & souligner et monter en épingle. Déja, le mark. flotte beaucoup moins. Quant au yen, is est bien prés d’étre accroché, lui aussi. Que NIXON soit réélu ou qu’il capote, voila pour nous autres Européens qui nous chaut peu. Ce que nous vou- drions, c’est ne pas étre entrafnés par la chute du dollar. Dé ja, 4 BRETTON WOODS, la suprématie du dollar sans aucune contrepartie a été une grosse erreur. Il est juste d’ajouter qu’a l’époque De GAULLE ne pouvait pas faire autrement, étant donné qu’il ne comptait pas encore, et méme qu’on ne I’avait pas invité. Les U.S.A., actuellement, sont dans la position du loup qui ouvre la gueule. I] n’y a pas de doute que si les roles étaient renversés, ils ne nous feraient aucune espéce de cadeau, ils n’en ont jamais fait 4 quiconque. C’est donc le moment de leur US ae BZA NA SRE BREF Nk a WS OR ER ZN 4 NZ fi ee meer Le rythme des saisons: accrochés en ombres chinoises a leur échafaudage, ils s‘activent a revétir de ses plus beaux atours l'arbre de Noél. Long de 60 pieds, cet arbre symbolisera le renouveau pour tous les Américains, depuis Washington. 3 prouver que nous sommes, nous aussi, devenus’ des hommes d’affaires A leur contact. Le Secrétaire au Trésor des U.S.A. nous fait rire lorsqu’il prétend que son pays a toujours montré la plus grande laxité dans sa conception des échanges. C’est pour cela, probable- ment, que tout le monde sait qu’un article venant d’EU- ROPE se trouve bloqué aux ETATS UNIS, dés l’instant ot il arrive 4 un prix dit inférieur aux normes amé- ricaines. De la liberté comme cela s’appelle du protectionnis- me, déguisé ou pas, et nous assistons 4 son éclosion la plus magnifique par le ‘‘ Buy american’’ qui fait loi ac- tuellement. En matiére économique, il faut toujours chercher A ‘marcher au canon’ tout a tirer le bien du mal, NIXON s’est rendu compte que, tdt ou tard, nous allions arriver par sa faute d’ail- leurs 4 une monnaie euro- péenne & elle seule capable de faire le contrepoids au dollar arbitrairement promu monnaie unique, alors que toute notre vie montre avec évidence la nécessité. d’un parfait équilibre. NIXON a réalisé également que le Marché Commun, augmenté de la GRANDE BRETAGNE, va constituer en réalité la premiére force économique mondiale, dépassant celle des ETATS UNIS, et par conséquent capable si nous autres Européens, soutenus par le CANADA et le JAPON, arrivons 4 former un bloc compact, de tenir en échec l’ensemble des politiques tout 4 fait aventureuses dont on veut nous faire payer le prix en financant 1’inflation des U.S.A...NIXON a donc cherché 4 couler l’ensemble avant qu’il ne soit consti- tué, €tant observé que dans et sur-_ Vhistoire de l’humanité on ne cite aucun exemple anté-' rieur comparable, sicen’est celui du sol, monnaie de l’empire romain basée.sur l’or. J’approuve cette ci- tation en ce qui concerne l’or, mais suis endésaccord quant au sol devenu le sou par;la suite, monnaie de bronze sans valeur. Qu’on ne me dise pas que les Anglais avaient la livre sterling, car en effet la livre sterling était exprimée en dollars. Dans ces conditions, et par son expression mé- me, il est indiscutable qu’elle a perdu sa valeur de monnaie de réserve. HAMILTON, fondateur de la Banque des ETATS UNIS, n’a pas dQ attendre plus de trente ans pour voir son oeuvre ruinée par JACKSON, qui avait émis une monnaie, qui fut vite ridiculisée sous le nom de ‘Shin-plaster’. Il n’y a aucune différence entre les Shin-plasters de JACKSON et les Eurodollars de NIXON. Voila les véritables rai- sons sous-jacentes de ]’atti- tude des U.S.A.. C’est une pure réaction d’économiste ACTIVITES et d’industriel, doublé du politique qu’est NIXON. Mais d’ores et déja, NIXON et son entourage doivent sef~ rendre compte qu’en dé- truisant les accords de BRETTON WOODS ils ont détruit la foi que 1’on pou- vait porter aux engagements pris par les U.S.A. en les traitant comme de véritables chiffons de papier. La pre- miére application se trouve comme par hasard dans le fait que la LUFTHANSA (voir le chiffon de papier, ci-dessus désigné) n’ait pas respecté les accords de TAS TOAG. Il y en aura d’autres, car en aucune maniére, un pays, si grand soit-il, ne peut sortir grandi d’une action ou il renie sa signature. Ce serait proprement immo- ral et contraire 4 la morale chrétienne. Mais, la statue de la Li- berté a-t-elle jamais eu un coeur ? Claude PROCHEVILLE - VICTORIA Secrétariat et centre culture! 301 rue Richmond : Réunions du conseil general 1" samedi du mois 8 19 h 30 LE CLUB CANADIEN -FRANCAIS ECEMBRE 1971