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Le Soleil de Colombie, vendredi 12 novembre 1982

Lettres, arts et spectacles

Un auteur par semaine

Charles Baudelaire, poéte maudit

Né @ Paris en 1821, mort a
Paris en 1867.

Tl a six ans lorsque son pére,
esprit cultivé et amateur de
peinture, vient a disparaitre a
lage de soixante-huit ans. Sa
mére, a qui il est tendre-
ment attaché, se marie dés
l'année suivante avec le com-
mandant Aupick qu'elle suit a
Lyon.

Il y est mis en pension, puis,
le colonel Aupick étant appelé
en 1836 a I'Etat-Major de la
place de Paris, il entre au
collége Louis-le-Grand. Il en
est renvoyé dans le courant de
l'année 1839, mais il réussit
néanmoins a passer son bac-
calauréat. SEs relations avec
son beau-pére sont dés cette
époque extrémement tendues,
car il n’entend suivre la
carriére a laquelle celui-ci le
destine

Conquis a la jeune littéra-
ture romantique qui a
maitre Théophile Gautier, il
se méle de rimer, se lie avec
des poétes, ceux de <l’école
normande», et aussi avec des
gens moins recommandables
comme cette Louchette qui
hante le Quartier Latin, tou-
‘tes fréquentations dont le
général cherche a l’éloigner en
le mettant, le 9 juin 1841, a
bord d'un bateau en partance
jpour Calcutta. :

Vie fastueuse

Aprés une escale a i'tle
‘Maurice dont il rapportera le
sonnet A une Dame créole, il
va jusqu’a I'tle Bourbon, mais
il revient en France dés le
début de 1842. L’héritage
paternel dont il dispose quel-
ques mois plus tard lui permet
de mener une vie fastueuse, a
la mesure des ambitions litté-
raires qu'il nourrit. Etabli
dans un hétel de I'fle Saint-
lLouis, ayant pour mattresse
une jeune actrice créole, Jean-
me Duval, auprés de qui iil
connaltra, au cours des seize
années que durera leur liai-
son, les joies mais aussi les
cruelles souffrances de
l'amour, menant une existen-
ce de dandy, il ne tarde pas a
gaspiller une grande ie de
son capital, ce qui incite sa
famille a lui donner un conseil
judiciaire (1844) et a limiter

rmais son avoir 4 une
i pension.

Tl lui faudra a l'avenir vivre
de sa plume, mais ses débuts
sont des plus difficiles. Il fré-
quente l’entourage de Louis
Ménard, de Leconte de Lisle,
de Banville, ainsi que la
bohéme romantique, collabo-
re & de modestes revues (le
Corsaire-Satan, Le Tintamar-
re, L’Artiste, etc.) auxquels il
donne des poémes, des essais
humoristiques: Choix de Ma-
ximes __consolantes sur
UAmour, Conseils aux jeunes
littérateurs (1846), et surtout
des critiques d’art trés péné-
trantes: Salon de 1845, Salon

~de-3846 qui-scontient-‘un

vibrant éloge de Delacroix. Il
découvre a cette époque |’oeu-
vre d'Edgar Poe dont l’exis-
tence et les conceptions en
matiére de poésie lui parat-
tront bientét étrangement
semblables aux siennes; il fait
aussi la connaissance de Marie
Daubrun, la «fille aux yeux
verts», et il se dispose a faire
paraitre un recueil de poésie
sous le titre Les Lesbiennes.

Un fusil a la main

La Révolution de 1848 lui
fait entrevoir la possibilité de
renverser un ordre social qui

~ le voue a la médiocrité. Il

4

monte sur les barricades, un
fusil 4 la main, demandant
qu’on fusille le général
Aupick.

Puis il fonde un journal, Le
Salut public, dans lequel il
publie des articles violemment
humanitaires. I] prend égale-
ment part aux journées de
juin, mais ses illusions s’éva-
Nnouissent vite et force lui est
de revenir a la littérature a

laquelle il ne va dés lors cesser

de se consacrer.

Il se met a préparer fébri-
lement une traduction des
contes de Poe qui parait, en
1856, sous le titre d’Histozres
extraordinatres, précédée d’
une longue notice sur Edgar
Poe, sa vie et ses ouvrages. I
donne aux grandes revues du
moment, la Revue des Deux
Mondes, la Revue de Paris,

etc., des études sur les Paradis

artificiels, dont une premiére
version parait en 1851, sur
VExposition universelle (1855)

Le “spleen”

Cependant, durant ces an-
nées od son inspiration sem-
ble stimulée par l’amitié fer-
vente qu'il porte 4 Mme Saba-
tier, «la Présidente», il n’est
rien qui l’absorbe autant que
cette poésie dans laquelle il
met tout de lui-méme, ses
joies comme ses hantises, ses
échecs, cette douloureuse ex-
périence de la vie qu'il sym-
bolise par le «spleen», enfin ce
besoin d’évasion vers un ail-
leurs qui demeure sa seule
raison de vivre. :

Le recueil de es qu'il
annonce dés 1850 sous le titre
Les Limbes parait finalement
en 1857 sous celui des Fleurs
du mal. L’ouvrage, jugé im-
moral, fait l'objet de pour-
suites devant les tribunaux et
six piéces doivent en étre sup-
primées: elles sont remplacées
dans la Seconde Edition de
1861 par trente-cing nou-

veaux poémes.

L’opium et le suicide

C'est également en 1857
que sont publiées de Nouvel-
les Histotres extraordinaitres et
les premiers poémes en prose.
Il demeure toutefois criblé de

UNE _
AUBERGE
FRANCAISE

AVEC UNE
FINE CUISINE

On prend mainte-
nant les réserva-
pour les “par-

HM e ’ 1}

465 personnes |}

}\Une demi-heure de Vancouver
| ‘Reservations

| 946-7717

dettes. Miné par la maladie, il
abuse de l’opium, songe au
suicide et déclare en 1862,
dans ses Fusées, «avoir senti
passer le vent de l’aile de
Vimbécillité», signe annoncia-
teur de la fin qui l’attend.

Il déploie néanmoins du-
rant ces derniéres années une
grande activité, publiant des
articles qui font date dans
histoire de la critique, sur
Théophile Gautier (1859),
sur Richard Wagner et Tann-
hduser @ Paris (1861), sur
Constantin Guys (1863), aux-
quels il convient d’ajouter le
Salon de 1859, et préparant
de nouveaux ouvrages qui, a
l'exception des Paradis artifi-
ciels (1860), paraftront aprés
sa mort: les Curtosités esthé-
tiques, Y Art romantique, les
Petits Poémes en prose (1868-
1869) , en méme temps qu’une
troisiéme édition des Fleurs du
mal,

Parti en Belgique en 1864
pour y faire éditer ses oeuvres
completes et échapper a ses
créanciers, il donne des confé-
rences sur l'art et poursuit la
composition de ses poémes en
prose, mais en 1866 il est
terrassé par une double atta-
que d'hémiplégie et d'aphasie.
Ramené a Paris, il meurt un
an plus tard sans avoir recou-
vré l’usage de la parole, mais
gardant jusqu’a la fin son
intelligence intacte. Supplice
supréme, comparable a ceux
qui frappaient les héros anti-
ques, pour le génial inven-
teur d'un Verbe nouveau, de
cette poésie pure dont se ré-
clameront aprés lui Verlaine,
Rimbaud, Mallarmé et tous
nos grands poétes modernes.

ct ltt oeh nse ann totter nears iesvinamntnnhnnetMectnctinniecht ashe teeta

a aes

André Gagnon a Vancouver

Quel succés! Le _ vaste
Orpheum de Vancouver a eu
du mal a contenir la passion
du public pour André #
Gagnon, le célébre pianiste-
compositeur québécois, ac-
tuellement en tournée natio-
nale. Pour clore sa_presta-
tion, “Dédé” n’a rien trouvé
de mieux pour calmer ses #
adulateurs que d’annoncer
son retour prochain en Co-
lombie britannique!

D'ici 1a, les passionnés, et
pourquoi pas ceux qui ne
connaissent pas encore...
peuvent toujours inscrire leur
nom au bas de la liste des
633 000 exemplaires de ses
cing derniers disques, dont
291 000 pour “Neiges” seule-
ment.

Ah “Neiges”. .. Quand elle
a cette consistance, on en
redemande. Des éclats de
douceur, des paysages de ten-
dresse, un romantisme sans
guimauve, plein de vigueur et
croyez-moi, le percussionniste
ne ménageait pas sa peine, un
spectacle a lui tout seul,
longuement applaudi. La
composition de son accompa-

gnement reflétait bien 1l’4me

de la musique d’André
Gagnon: une musique popu-
laire enracinée dans une tra-
dition classique. Batterie, gui-
tare électrique, synthétiseur

mais aussi guitare classique,
flite traversiére et le paino a
queue de Dédé. Et tout cela
fonctionnait ensemble parfai-
tament, sans accroc, la mar-
que du professionalisme. ‘
Ce cadet d’une famille de
19 enfants se produit en effet
en professionnel depuis 1967.
Et depuis, les occasions de
jouer se sont multipliées, avec
le succés. Il a tourné aux’
Etats-Unis, en Amérique du
Sud, au Japon. Il compose
également des musiques de
films, travaille 4 un opéra-
pop sur Maria Chapdelaine.
Le succés semble ne pas lui
avoir tourné la téte. André
Gagnon avoue humblement
qu'il doit se réfugier dans une
chambre calme du Québec
pour trouver l’inspiration mise
a mal par d’incessants dépla-
cements. I] raconte simple-
ment la nostalgie des hivers de
son enfance. Et le plaisir
particulier qu’il a eu a jouer a
Vancouver, devant nombre de
francophones. Ceux-la, sans
doute, ne devaient pas étre
moins heureux de voir un des
leurs acclamé par la gente
anglophone! - M.G.

A l’Alliance Francaise

John Koerner a son balcon:

John Koerner a passé les
deux derniéres années a pein-
dre non pas de son balcon,
mais son balcon, et d’autres
encore, ceux qui naissent de
Timaginaire, des influences
dont se nourrit la vie de I’artis-
te. 60 tableaux sont nés de ce
travail d’observation minu-
tieux. Il aurait pu n'y en avoir
qu'un: “on peut perdre un
théme du jour au lendemain”
dit John Koerner, dans un

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Prix Champlain

A vos appareils
-. LeCentre Culturel Colombien organise pour le début %
- de l'année "83 une exposition de PHOTOGRAPHIES'
avec la participation de la communauté.
Contrairement 4 l'année derniére, il n'y aura pas c
: cette fois-cidethéme imposé. Ceux et celles qui désirent'
soumettre des photos devront le faire avant le 30
Novembre 1982. Le nombre de photos sera établi en j
fonction du nombre des participants. : ]

0 8 aura une sélection et les participants seront:%
| notifiés par téléphone. (Toutes les photos soumises
devront porter au dos le nom, I’adresse, le numéro de
' téléphone de l’exposant, ainsi que le titre et le prix de >:

Les photos devront étre soigneusement présen-
tées, de préférence encadrées et toutes devront étre
munies d'une systéme d'accrochage, faute de quoi elles

-  L’exposition aura lieu du 18 janvier au 17 février
1983 au Centre Culturel Colombien, 795, 16éme
. Avenue Ouest, & Vancouver. Info: 874-9105, Elizabeth

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Le prix au lauréat 1981

C'est le 6 novembre, a
Ottawa, a l'occasion de ses
© assises annuelles, lors du*ban-
quet officiel, que le Conseil de
la vie francaise en Amérique,

a remis 82 Mme _ Héléne
Brodeur St-James d’Ottawa,
le prix litt¢raire Champlain,
pour son oeuvre “Chronique

du Nouvel-Ontario: la quéte.

d’Alexandre”; roman histori-
que publié aux Editions Quin-
ze. Ce prix littéraire est doté
d'une bourse de $ 1,000.

Ce concours a pour buts
d’encourager la production
littéraire chez les francopho-
nes vivant a l’extérieur du
Québec et de susciter chez les
Québécois, un intérét pour les
francophones en situation mi-

_ noritaire hors Québec.

La bourse sera décernée en
1982 aux candidats qui sou-
mettront une oeuvre d’érudi-
tion déja publiée. Toutes les
personnes intéressées doivent
faire parvenir 4 exemplaires
de leur travail, accompagnés
de leur inscription avant le 31
décembre 1982 et leur curri-
culum vitae.

Ce concours s’adresse aux
francophones vivant dans des
mileux minoritaires du
Canada ou des Etats-Unis qui
produisent une oeuvre littérai-
re, quels qu’en soient la
matiére et le sujet et les
Québécois qui produisent une
oeuvre littéraire portant sur.
les francophones en situation.
de minorité. © oe

' agrégé de

excellent francais qu'il a ap-
pris a l’Alliance Francaise.
C’est sans doute pourquoi il

. a exposé 14 une trentaine de

toiles (lithographies, dessins,
acryliques) la semaine dernié-

re. John Koerner est en effet

originaire de Tchécoslovaquie
et habite Vancouver depuis 40
ans, Mais cela fait seulement,

si Yon peut dire, trente ans

qu'il peint.

Dans un style résolument
moderne, qui jure un peu
avec ce petit bout d’homme
timide et discret. Cependant,
la chaleur humaine qui éma-
ne de lui se retrouve bien dans
ses toiles aux teintes vives, aux

couleurs chaudes. “A mon Age

(il a 69 ans) je sais ce que je
veux faire: créer et offrir

quelque chose en réaction au

désordre triste du monde”.
Cette ambition, il l’entre-
tient au contact de musi-
ciens ou de poétes dont les
oeuvres servent son inspira-

be

tion. Ce peut étre aussi un

voyage, comme l'Afrique, “un
continent émouvant, aux cou-
leurs fortes, trés invitant”.

Le résultat est 1a: John

Koerner est parfaitement re-
connu a Vancouver, dont des
tableaux sont exposés en per-
manence 4a la célébre gale-
rie Bauxi.

M.G.

Conférence sur les OVNI

Le lundi 15 novembre a
19h30, Michel Nusimovici,

_conférencier choisi par 1’Al-

liance Francaise de Paris,
luniversité

(Sciences-Physiques). profes-
seur & l'Université de Ren-
nes depuis 1973, parlera des

- sujet.

OVNI(objets volants non-i-
dentifiés) connus des anglo-

phones sous le sigle de‘

U.F.0.(Unidentified Flying

Objects) et de la position
officielle de la France & ce

x

EN VILLE

12 novembre, & 20h00: a
l’Orpheum: I’orchestre de
l’Académie de Vancouver et

‘Tes chanteurs de l'université.

$4.00, $2.00 étudiants, age
d'or.

“La Ratatouille” avec Michel
Dallaire, James Keylon et
Doug Vernon, sera l'invitée du
café-concert du dimanche du
Festival Concert Society, le
dimari¢ne 14 novembre, a
11h00, au Queen Elizabeth
Playhouse, 630 Hamilton.

=

NGS
14 novembre: une réalisatrice
de Toronto présentera un de
ses films en Super 8 au
Women in Focus, 4 19h30, 456
ouest Broadway. Tél.872-2250.

23 novembre: “Donna” film
montrant la relation entre la
politique et la vie des femmes
en Italie. Ce film était en
tournage, lorsqu’un comman-
do de droite a attaqué la
station de radio des femmes a
Rome et tué cing femmes. Ce
film fait le récit de cette
a ue. A -19h30. Entrée:

Samedi 13 novembre, a 20h00:

sonates francaises et italien- —

nes pour fifite 4 bec. Récital de
Peter Hannan, flfitiste, accom-
paané pat Doreen Oke, clave-

et Nan Mackie, flfite de
gambe. Au Musée de Vancou-
ver, 1100 rue Chestnut. En-
trée: $6.75, étudiants, fge
d'or: $4.75.

Le Trio Anjoleo, com
d’Angela Cavadas,  violon,
Joanna’ Anonychuk, soprano
et Leo Aquino, accordéon, se
pe au Queen Eliza-

th Playhouse, 630 Hamilton, —

le-dimanche: 21- novembre, a
11h00, dans le cadre des café-
concerts du dimanche, série
organisée par Festival
Concert Society.

Scott Goudie: “Images de
I'Inde”, exposition de dessins
et d’aquarelles, dans le foyer
de la galerie Simon Fraser, a
YUniversité. Simon Fraser.

_Jusqu’au 19 novembre.