— a v= “2 © Le Sali de Colomble, vendredi 18 juin 1982 Roman policier par N. Barbour © L’assassin roulant suite Elle revint a-elle en un instant, dans le fauteuil od on Yavait placée, et poussa un petit cri en voyant le cen- rr ’. Mais, cachez done ce cen- “drier, Inspecteur!” cria De- nis. Bouchard fit signe 4 Wong de l’emporter, et leur dit “Au fait, puisque nous allons passer un moment ici, asso- -vous. Mademoiselle, té- honez donc que vous ne pourrez venir a temps.” “Et pourquoi? Parce qu’un eaier: me dit que -” “Parce que votre grand-pé- rea été chesent assommé par derriére, lui, un vieillard confiant; parce que ce coura- es assassin |’a jeté par la enétre, cinquante métres en bas, plutét sive de souiller ses mains. était un crime ignoble-” mais les yeux de Véronique restaient froids -” répugnant -” mais visage indifférent -” et de lacheté.” Denis exclama, chaleureu- sement, “En effet, Inspec- teur, et nous ferons tout pour vous aider a -” -“Quais, mais vite. J’ai mon en cage par JEAN-LEONARD BINET Vous avez peut-étre vu le film superbe qu’on a tiré du roman de J.H. ope d’oeuvre d’anticipation. du passé, cette saga- de |’homme de Ia préhis- toire met en scéne la tri-- bu des Oulhamr dont le feu s’éteint dés les pre- miéres lignes du roman. «lls ’élevaient dans trois cages, depuis |’ori- gine de la horde; quatre femmes et deux guer- riers le nourrissaient nuit et jour», écrit Rosny (1856- 1940). A cette époque, on le sait, le feu était une ques- tion de vie ou de mort. Et voila que, le plus natu- rellement du monde, les Oulhamrs partent en qué- te de l’or rouge en fai- sant fi des forces hostiles de la nature qu’ils affron- teront quotidiennement. Surpassant leur état d’humanoides, | décou- vrant peu a peu’ |’émo- tion et la tendresse, les Oulhamrs _ retrouveront non seulement le feu per- du, mais apprendront a l'allumer a volonté. Bref, ce livre procure plusieurs belles heures de lecture qui préludent ou ajoutent aux images du film. - La guerre du feu, par J.H. Rosny Ainé, éditions Do- mino, 182 pages, 9,953, ISBN 2-89029-028-X. La guerre du feu. Chef-4: : Ils se regardérent. bureau qui m’attend” protes- ta Lue. “Sais pas ce qu'il va dire, mon supervisor” grommela Véronique, en allant au télé- phone. Il y eut un silence. Denis prit une chaise et sortit sa pipe, et son cousin s’assit sur le canapé. “Un cendrier,” ‘murmura Bouchard, regar- dant autour du petit salon; Luc fit un geste vers un rayonnage. “Chaque chose a sa place, voila la devise de mon grand- pére,” dit Denis en se levant; “il gardait les cendriers ici pour ma visite. Voila.” Véronique revint prendre place sur le canapé. “Mon Dieu, Marthe, remets-toil! D’abord, tu arrives aprés tout le Monde, je sais pas ce qui t'empéche d’acheter un char neuf!” “Cacofite del’argent. Jene suis pas comme certaines qui se permettent une auto neu- ve tous les ans!” “Merci, chére. Je croyais que tu gagnais plein de piastres a faire la coiffeuse.” “J'ai $900. & la banque, et’ aprés? “Ben, petite stupide, dépen- se-les vite!” Et, se tournant vers Bouchard, “On est tous avares dans la famille, voyez, tout le monde sauf moi.” - “Je commence & vous con- naftre, oui” laissa tomber Bouchard. “Je crois que Marthe vou- drait acheter son propre salon,” dit Denis. “II se peut que Véronique ne -” “Oh si, qu'elle sait, Denis. Luc aussi le sait, demandes- lui combien il a payé le vison de Marie-Laure.” “Laisse mon épouse tran- quille, Marthe, ou je te jure que je te tuerai! Sacrement, cette maudite famille!” “Comme tu as tué grand-pé- re,” dit sa soeur. ' “Nous sommes un peu tendus, peut-étre, Inspec- teur,” dit Denis. “Aprés tout, ily a un assassinat qui -” “Qui t’a choqué, toi, et toi seul. Toujours aprés lui qu’il ‘te laisse son argent” dit Luc. “Parce qu'il avait de |'ar- gent?” interposa Bouchard. Luc alluma une cigarette; Wong, qui s’était approché, en offrit aux deux filles. f “Fume pas -no, thanks” dit Véronique; et Marthe, “Je viens de cesser de fumer” Encore un silence, que Denis rompit “Enfin, ce n'est’ pas un secret, Inspecteur. Mon grand-pére avait cing cents dollars, en obligations d’épargne, je suppose. Mais je crois savoir qu’il nous les a laissés. Pensez-vous vrai- ment qu’on assassine un vieil homme - oh, un peu ennu- yeux, je l’avoue - mais un brave vieux(comme disent les Frangais), pour une cen- taine de dollars?” “Tl se peut, oui... Bon, parlez-moi de vous.” “Eh! bien, moi je suis venu ici parce que j'aime le ski, et les pentes du Québec...! Aussi, j'avais une petite affaire de gardiens'de maison a Rimouski, et j'ai pensé que dans une grande ville ca marcherait mieux. En.effet, depuis cing ans que je suis en Colombie, j’ai fait de trés bonnes affaires, j'ai des gar- des de sécurité un peu partout dans la région van- couveroise. trente-cing ans, pas marié; vous avez mon adresse.” “Merci. Mademoiselle Vé- ronique Tremblay?” “Qu’est-ce que vous voulez savuir?” “D’abord, pourquoi vous &tes si hostile 4 mon égard? Peut-étre avez-vous un dos- sier criminel quelque part? Sinon, répondez-moi - c’est un bon conseil.” “Ben, daccord. Véronique Trem- blay, 32 ans, non mariée, ici depuis trois ans parce que - ben, parce que Denis m’avait écrit qu'il y avait des femmes chauffeurs. “Et parce que vous saviez que votre grand- pére vivait ici a Vancouver?” “Non, il est venu aprés nous, le vieux.” “Monsieur Luc Tremblay.” “Vingt-neuf ans, mariée a Marie-Laure née Roblet, une Francaisede France - elle.a ses propres cheveux, Véroni- que, et toi donc? Agent immobilier, quand je ne suis pas retenu par la gendarme- rie. Je suis venu avec ma soeur, en auto, ce qui a été un charmant petit voyage.” “Et mademoiselle Marthe Tremblay.” “J'ai vint-quatre ans, je suis coiffeuse. Célibataire.” _ “Et vous étes ici depuis...” “Dix-huit mois. Un coup de téte, comme ¢a. Puis, Denis était la.” “Bon.” Bouchard soupira. “Je crois que je vous ai assez vus.” Ce qui, se dit-il, était plus exact que ce n’était poli, mais avec ces Tremblay! “Veuillez ne pas quitter la ville sans en aviser la GRC.” Ils partirent sans un mot. Denis hésita sur le pas de la porte. Bouchard trouva un petit sourire - lui n’était pas tellement méchant. “Je sais, a présent, ot je vous ai vu, Inspecteur.” “Ah? Moi.aussi, ° j'ai eu cette impression.” “Au début de mon stage de formation a Prince-Albert. Vous sortiez de la promotion ~ a peu prés au moment od je suis entré.” “Mais, j'ai beaucoup changé depuis que j’étais éléve-gen- 9. darme.’ “Nous vieillissons tous. Peut-étre aurais-je aimé la vie, je regrette un peu.” “Parce que -” “Non, rien de grave, un petit défaut de l’ouie dans Yoreille droite. Mais - je suis indiscret? - pourquoi restez- vous? Aprés cette scéne, aujourd’hui...” “Mm’mm. Remarquez, j'ai de bien pires spéciménes que vos cousins. J’aime le métier, le genre de vie, l’esprit d’équipe, d’ac- cord, mais ce n’est pas ce que vous voulez savoir...” “On en discutera apres.” “Trés volontiers, vous vien- drez & la maison rencontrer mon épouse...je crois, savez- vous, que la raison se situe au niveau de la défense.” “La défense? Je ne com- prends pas.” “Nous sommes venus trop tard aujourd’hui, d’accord. Mais je l’aurai, cet assassin, comme j'ai eu d'autres crimi- nels; et je défends la tranqui- lité de tous les petits gens qui _ ne veulent que vivre en paix. Je défends la paix; c’est beau, ga.” “Un beau métier, en effet. — Bonne chance, Inspecteur, et appelez-moi n’importe quand si je peux vous aider.” Ils était partis. Wong dit, “Je ne parle que Yanglais? C’est une idée. Mais Bernie, étes-vous sfirs que c’est ]’un d’eux? Ils sont bien assez méfiants, mais-” Bouchard hausse les épau- les: “Ils me mentent, et méme pas trés bien; et puis, comme tu dis, je les aime pas. Pos verra. Tu as chronomé- Vel “Qui, 6,8, 11 et 18 minutes. Ils ont tous eu le temps de tuer leur grand-pére!” (a suivre) -essaie d’implanter - une saison ou plus, Humeurs littéraires par GILLES ARCHAMBAULT Des photos dla une Je ne m’y habituerai jamais. Non jamais je ne trouverai normal de trou- ver en premiére page du Devoir ou de fa Presse des photos d’écrivains. Quand j’étais jeune, il y a de cela fort longtemps, seuls les bandits ou les politiciens avaient droit a cet honneur. Puis peu a peu, on s’est habitué a voir des joueurs de hoc- key ou des boxeurs. On de- puis je ne sais combien de mois I’habitude des photos d’écrivains ou de cinéastes ou di’artistes- peintres. ll ya deux possibilités. Ou vous Croyez que |’écri- vain en question est im- portant, ou vous estimez qu’il ne l’est pas. Tout le monde s’accorde sur des figures comme celles de Jacques Ferron ou de Gabrielle Roy, mais pour- quoi les ressortir de !’om- bre? Sinon pour donner bonne conscience a une société qui les a toujours ignorés. Si, en revanche, la personnalité de la se- maine est un tacheron dont personne n’ignore que ses livres sont en- nuyeux comme la pluie verglagante, on ne peut s’empécher de rire ou de se dire que les valeurs ne sont plus ce qu’elles étaient, etc. Je sais bien qu’il yaun bon cété a cette pratique et que les écrivains ainsi élus ont impression d’étre importants pour quelque temps. J’applau- dirais a trois mains, si je ne craignais |’Apreté des retombées. | Comment peut-on survivre a cette mise en lumiére subite? Surtout si on s'est dépé- ché a publier un autre li- vré quatre mois plus tard, s’imaginant que sette fois encore la scéne s'illuminerait et que re- tentiraient les trois coups? Un banquier ll représentait sa banque a Londres depuis vingt ans. Sa présence con- tinuelle et disponible avait transformé son image en une sorte de pilier. autour duquel _ nidifiaient, pour les oiseaux migrateurs qui pas- saient/par cette ville. -Et il était invité partout. Céliba- taire, n’ayant pérsonne pour |’obliger a la mondani- té, il soutenait néanmoins un combat régulier entre son envie presque morbide de voir les gens, et sa timi- dité qui voulait rester invio- lée. On le rencontrait a tous les cocktails, enfoncé dans un fauteuil. Il avait un gros corps avachi par la posture qu’il prenait pour se rapetisser: un ours recroquevillé” qui essayait de détourner |’attention de son corps et de capter les regards en allumant le sien d’une gaieté un peu fourbe. Ses yeux noirs pointaient sous des sourcils hirsutes. Il scrutait les gens aux manieéres plus confiantes et plus aisées et se régalait de leurs gestes naturels, de leurs habits bien coupés, des rires sans contrainte. II était absorbé par les détails de la_ personnalité - des ’ autres et la humait jusqu’a diminuer les distances et les comprendre aussi bien que s'il était dans leur peau. Quand on s’adressait a lui, un rire profond, sac-° cadé, sans rapport avec~ce qu’on lui disait, secouait tout son corps: il rentrait en lui-méme, récupérait son enveloppe, et usait de ce rire comme d’un_ bouclier pour cacher et garder pour lui-méme ses élucubrations intérieures. Il gardait toutes ses vacances pour l’été. Et c’était la qu’il devenait vraiment solitaire, qu’il se laissait vaincre par sa nature farouche. \| louait sa petite chambre dans la derniere maison du bourg, chez des paysans silencieux, .qui ne changeaient pas et le lais- saient tranquille. I! se désintoxiquait de la ville, du froid et du vert britanni- -que en marchant sur cette terre rousse, parmi les arbres chétifs, dans un paysage pauvre qui ne per- méttait aucune exploitation que ce: peu d’agriculture qui griffait le sol. || sautait le déjedner pour se repaitre de cet air chaud, poussié- reux de la campagne estiva- le et mangeait un repas frugal, le soir, a la table des paysans. Il n’avait jamais Lorsque j’y pense, j’en frémis. Que d’espoirs dé- gus! que de talents livrés 4 la pius noire des mélan- colies! La lucidité n’est pas donnée a tous les créa- teurs. Tous n’ont pas cette simplicité qui leur permettrait de se rappe- ler que chaque samedi apporte sa foulée de chefs-d’oeuvre, _d’écri- vains importants, de films inoubliables. Le génie hebdomadaire chasse celui de la semaine pré- cédente. Qu’il tarde un peu a publier, |’écrivain connait un silence qui ressemble fort a celui qui marquera sa mort dans vingt ou trente ans. Il pourra alors avoir sa pho- to dans la page nécrolo- gique, s’il n’a pas laissé trop de mauvais souve- nirs a sa veuve ou a sa compagne! raconté ses vacances a personne, il en était jaloux et voulait garder ce jardin | secret. Mais son imagina- tion lui suggéra un soir le moyen d'‘en_ parler en s’amusant. || transforma son congé en un _ séjour dans un centre de repos a la ferme (health farm). C’était tres chic et cela concordait bien avec la taile —et socia- le et physique!— du per- sonnage. || s’amusa a madquiller les détails tout en conservant l’essence des choses: la campagne, le silence, et le ‘‘menu’’. Il rit sans que les autres comprissent pour- quoi en décrivant son hétesse et son mari en panoplie d’infirmiere et de médecin, mais il vit que personne ne bronchait, que ‘attention ne_ fléchissait pas. !I lisait dans les yeux de son auditoire le souci de ne pas perdre un geste ou un mot de son _ histoire. lls étaient tellement sus- pendus a ses lévres qu’il entreprit de s‘’écouter, le - flot d'images et d’idées qui jaillissaient de sa bouche le captiverent et il fut, lui aussi, conquis par l’enver- gure de sa propre person- nalité... Les plantes comme on les connait peu Ii en est des plantes comme des humains, on ne connait souvent pas leurs qualités cachées. Parmi elles, la la- vande dont le parfum agréa- ble repousse les mites des armoires, tout comme la sariette et la menthe, fournit un breuvage, en décoction de 4 g. par litre d’eau ou en infusion de 6 & 8 g. par I. d’eau, qui éclarcit le cerveau endormi, excite l’appétit a- vant les repas et facilite aprés la digestion. Le myosotis mieux connu pour sa fleur délicate agréa- le au regard, a aussi la propriété de soulager les inflammations oculaires en infusion de 10415 g. de fleurs séches par 1. d'eau. On lotionne les parties enflam- mées de l'oeil et ]'inflamma- tion disparaft en 2 ou 3 jours. Le souci pilé, en applica- tions répétées sur les ver- rues, les fera disparaftre, tandis que mélangé & du vin et vinaigre il fournira un liniment excellent contre les névralgies faciales et les maux de dents. La violette recherchée pour sa fleur délicate a la senteur discréte, a des propriétés qu'on lui attribue rarement. En infusion a la dose de 10 g. par litre d’eau, les fleurs ramassées au Printemps a- gissent contre la toux, la grippe et les rhumes négli- gés. Les feuilles récoltées en Mars ou Avril, sont emplo- yées frafches comme cal- mant, en cataplasmes sur les inflammations. Les fleurs de violette et de plantain écra- “sées sur l'épiderme enflam- ‘mé par les piqfres de mousti- ques ou méme de guépes feront disparaftre la douleur et préviendront |’infection. trouve sur sa droite. Vinattendu! LA PRIORITE Lorsque deux véhicules trent sur une intersection de routes différentes approximativement au méme moment, et qu'il n'y a pas de panneaux de priorité. véhicule doit céder la priorité au véhicule qui se , le conducteur d'un Ceux qui ne respectent pas la loi s’exposent a une contravention ou méme a un accident. Nous nous préoccupons de votre sécurité; - prenez donc votre temps et soyez préparés pour