foo 5 tr Le Soleil de Colombie, vendredi 16 décembre 1983 — 7 Lettres, arts et spectacles LES FILMS DE LA SEMAINE VUS PAR GASTON. ‘Sudden Impact’” Avec: Clint Eastwood, San- dra Locke, Pat Hingle. Réalisation: Clint Eastwood [ Play Misty for me] Aprés épongé des déceptions comme: Honky tonk Man, Firefox, Bronco Billy, Every witch way... Clint Eastwood (Pour quelques dol- lars de plus) revient a la charge avec le personnage classique de Harry Callahan, le fameux détective de Magnum Force, the Enforcer et the Gauntlet. Callahan poursuit sa route en détrui- sant tout sur son passage. avoir Le scénario est simple; une jeune femme et sa soeur sont violées par six individus; les années passérent et voila que la victime prend sa revanche. Callahan se trouvant dans les parages, prend l’affaire en main. Z Si vous avez vu et aimé les autres aventures du détective, ce dernier film ne vous déce- vra pas car le genre et le style n'ont point changé, sauf la mise a jour d'un _ patois “Swell”. Les petits “gags” humoristiques n’y manquent pas, la violence non plus, et sans dire que j'ai adoré, je conseillerais Sudden impact a tous les amateurs de films policiers. Joue pour adultes aux ciné- mas Downtown, Park Royal, Richmond Square, Lougheed Mall et Willowbrook 6. ‘Yentl’’ Interprétes: Barbara Streisand, Mandy Patinkin, Amy Irving. Mise-en-scéne: Barbara Streisand. Tout emballé pour la saison des fétes, Yentl, écrit, réalisé, interprété, chanté et produit par Barbara Streisand... a mis 14 mois 4 aboutir. Yentl, c'est l'histoire d'une jeune femme (Streisand, A Star is born) décidée d’ap- prendre. tout sur la vie et a tout prix. Aprés la mort de son pére qui avait commencé a Vinstruire en cachette dans un monde ow les femmes ont d’autres obligations (en pleine Europe de l'Est de 1904), Yentl se transforme en hom- me pour aller étudier aux cétés de Avigdor (Mandy Patinkin, Ragtime). Cependant, a cause de dif- ficultés sociales, Yentl se trou- ve forcée d’épouser Hadas (Amy Irving, the Fury, Car- rie), la dulcinée d’Avigdor. Il y a, dispersé entre les intrigues, onze chansons écri- tes et interprétées par Strei- sand, de plus elles sont jouées par Michel Legrand, savam- ment utilisées comme mono- logues intérieurs, ces piéces sont cependant toutes du pareil au méme car le rythme et le ton ne changent pas, c’est son seul défaut et ca fait un film long 4 suivre. Fable musicale ou conte de fée, Yentl promet beaucoup; le décor et les images pit- toresques, les costumes com- me les interprétations mon- trent que Streisand fait du trés bon travail et on le sent lors- Suite page 24 = Chacun de nos Occasion unique de recevoir chez vous des livres francais sélectionnés un a un et introuvables en librairie! livres est décrit dans un cata- pave ui vous sera envoyé GRATUITEMENT, sur demande. Les Livrophiles 5214 avenue du Parc Morxtréal H2V 4G7" Veuillez m’envoyer votre catalogue - gratuit NOM ADRESSE #4 LIVRES +** Pour vos cadeaux de Nod! | OFFREZ des LIVRES EN FRANCAIS. Livres pour enfants, bandes dessinées cartonnées, en couleurs. De 50c. a $2.50 Livres variés. Romans policiers et d’espionnage; aventures, biographie a partir de $1.00. A la Librairie | du “Soleil” 3283, Main 879-6924 Des livres dans les souliers Cing idées destinées 4 ceux qui en manquent — pour les cadeaux — et aux chanceux qui auront des vacances pour lire. Roman «Labelle Laura Laur...» Laura Laur, par Suzanne Jacob, éditions du Seuil, 181 pages, 12,95 $, ISBN 2-02006543-6. Dréle d'histoire que celle de ce roman: Laura Laur, jeune femme mys- térieuse comme Protée, tant6t de marbre et par- fois dadaiste dans sa dé- raison, nous est racontée par ses fréeres et ses amants. Sorte d’Ubu, femme dévastatrice mais présence harcelante pour le lecteur, elle parait a tout instant lancer des ‘anathémes sur un monde ‘en décomposition dont jelle est victime et bour- reau. C’est dire qu’on plonge avec plaisir dans cette fresque a frasques ou Suzanne Jacob excelte. Sa Laura Laur, dont on découvre au fil des pages la joie de vivre comme les comportements mor- bides, restera par ailleurs une énigme qu’il n’est pas nécessaire de démé- ler pour savourer. Cela pour dire que ce troisiéme roman de J’auteur, qui vit présentement a Paris, n’a rien de commun avec la romance. La panoplie de personnages qu’elle met en scéne autour de son héroine paraissent a tout moment, comme par mi- métisme, emprunter des « morceaux de démence » a Laura Laur, a l’excep- tion peut-étre du pére et de la mére qui font fi des cancans et des ragots qu’on colporte’a Amos. Car, c'est de |’Abitibi que Laura est issue (tout comme Suzanne Jacob), et « la lumiére n’est plus la méme a Amos depuis le départ de Laur ». Nouvelles La louve garou, par Claire Dé et Anne Dandurand, ditions de la Pleine lune, 160 pages, 8,95$, ISBN 2-89024-019-3. L’une est comédienne, metteur en scéne. Elle écrit «...surtout la nuit, (ouvrant) inévitablement la dangereuse porte a mes fantémes...» Elle s'appelle Anne Dandurand. L’autre est décoratrice et costumiére de théatre. Elle « s’offre l’écriture de nouvelles comme _ une gaterie de fin de jour- née ». C’est Claire Dé. Elles sont jumelles, nées a trois minutes d’in- tervalle et d’avoir ainsi navigué dans les mémes eaux pendant neuf mois leur a donné un rythme convergent. Dans le mi- roir, laquelle est laquelle et parfois l’une en vient- elle a se prendre pour autre ? Vingt-trois nouvelles (dont certaines ont déja été publiées et lues a la radio) sous le signe de la louve garou. Bréves es- quisses, impressions fu- gitives d’un monde choi- sissant le fantastique, lequel, peut-étre, peut justifier la violence. Cette violence éclaboussant ces tableaux surréalistes d'une vie menacée ou l'espoir tremblotte puis- qu’existe, quelque part, un deux juin... Une écriture faisant ses premiers pas avec ses hésitations et ses triom- Sur le chemin Craig, par Madeleine Ferron,-Stanké, 190 pages, 9,95 $, ISBN 2-7604-0199-5. Un roman _ historique fort sympathique qui ra- conte l’installation des colons irlandais au siécle dernier dans la Beauce si chére a Madeleine Ferron. L’Histoire est fort Roman Monsieur le curé habilement racontée : on y voit s’affronter Irlandais protestants et catholi- ques devant des Cana- diens frangais neutres, mais catholiques. .Par contre, I’histoire est en- core plus attachante : on entre dans la vie inté- rieure d’un personnage féminin particuliérement touchant, Ann Corrigan. Un €pilogue, qui pourrait tout aussi bien étre lu comme une nouvelle, ra- conte d’une fagon extré- mement vivante et en- jouée la mainmise du premier curé canadien- frangais sur ses parois- siens irlandais du village de St-Syivestre. Ma vie, ma folie, par Julien Bigras, Mazarine/Boréal Express, 212 pages, 11,95$, ISBN 2-89052- 077-3. ; On ne lit pas Julien Bigras ; on se laisse en- voiter, subjuguer et méme terroriser par les remous de sa prose animale. Ce psychiatre-écrivain est de la race des grands chan- tres de la folie : Van Gogh, Beethoven, Rimbaud. Nelligan et les autres. Sa derniére incursion dans les eaux troubles de la folie nous raméne Roman Emmanuelle a ce premier besoin de fusion de tout homme, celui déja réalisé un jour avec sa mére, symbolisée dans ce dernier roman par une métis aux yeux verts qui fera découvrir a Bigras des ancétres coureurs des bois et cou- reurs de jupons. Assez curieusement, les voyages de Bigras dans les zones interdites du délire, de la sauvage- rie animale et de la folie ont un effet pacificateur. C’est comme si |’admis- sion de son noyau ins- tinctif et inconscient li- bérait l'homme du poids d’avoir a étre cohérent et raisonnable. Si vous étes deux ama- teurs de Bigras sous le méme toit, réservez-vous la premiére nuit car Ma vie, ma folie se lit en fou, tout d’un trait, sans répit au réel qui voudrait re- prendre ses droits habi- tuels. Cet homme qui a vaincu le cancer vaincra sans doute un jour la folie qui nous habite et qu'il a déja_ exorcisée dans les témoignages émouvants que sont cha- cun de ses livres. Poésie Unoeil sur Montréal phes. re ee Toute I'équipe de la Francophonie — & You vous présente ses meilleurs -voeux Forages, par Miche! Savard, éditions du Noroit, 88 pages, 4$, ISBN 2-89018- 066-2. En poésie, le prix du Gouverneur général a été attribué cette année a de Joyeux Noél et de Bonne et Heureuse Année Michel Savard pour ce premier recueil. Les poé- mes de Savard détermi- nent un espace géogra- phique et mental ou I’on reconnait la ville, en !’oc- currence Montréal, pergue a travers un oeil a la fois Prix du Gouverneur général neuf et critique. Neuf, puisqu’il est évident a plusieurs niveaux de per- ception que |’auteur n’y habitait avant ces der- niéres années ; critique, nuisqu’un tel état de choses lui permet de comparer. Un aborigéne ne se donnerait sans doute pas la peine de re- marquer dans un poeme l’absence de visibilité du fleuve. Le recueil révele donc un ensemble de moments choisis dans ce qu’ils ont de plus appa- remment _ superficiels, c’est-a-dire de frappants. *Sa lecture force a rééva- luer ce que chacun sem- ble tenir pour acquis dans une ville cosmopolite ou les émotions se trouvent confrontées le plus sou- vent a une certaine déshu- manisation. L’écriture elle- méme, englobante, frag- mentée en facettes qui s’entrechoquent, intégre a une vision résolument actuelle des concepts tels que tendresse, douceur de vivre, exaltation de la. passion amoureuse, dont certains diraient qu’ils sont dépassés mais qui n’en fournissent pas moins a la quasi totalité des humains sensibles leur carburant vital.