page 8 >) L’APPEL . > Avril 1967 TOUR d@’HORIZON ... Pas de bilinguisme, dit Thorson Tl y a_encore eu une “vieille barbe” qui s’est exprimée, en fondant ses allégations sur le texte de la Constitution, sur la réalité poli- tique du Canada en matiére de cultures. Aprés Creighton, Vhistorien qui veut faire Vhistoire, _eest J. T. Thorson, ex-juge de la Cour de l’é- chiquier, qui affirme que le Canada n’a jamais été bilingue et biculturel. Nous n’avons pas besoin de consulter la Constitution canadienne pour répondre a M. PRAPAPAR ARPA PIAA PP PEPE PPO IID LPP PPP PAD PPP PPPS EVITER UNE POLITIQUE ... (suite de p. 7) minorités soient mis en cause au Québec. Ce qui est mis en cause, c’est Vabsence de ces mémes droits pour les minorités frangaises des autres provinces. On peut done établir les prémices suivan- tes: Un ghetto anglo-québécois serait spontané et non pas imposé; il serait le résultat d’une erainte inavouée que le valet ne devienne roi; il présumerait des Canadiens frangais qu’ils ont Vintention d’appliquer les mémes mesures qui ont été appliquées contre eux, quand ils ont di, eux, se former des ghettos par la force des événements. Autant il serait ridicule que les anglo-qué- becois adoptent une politique du guhetto, au- tant il faut reconnattre que les Canadiens franeais des provinces autres que le Québec wavaient pas d’alternative. Mais, personne nest plus conscient que nous des ravages qui en sont la rangon. C’est équivalent d’enlever & une plante le soleil; elle s’étiole et meurt sans se reproduire. C’est quand un rayon de lumiére entre par une fenétre qui s’ouvre, que la vérité se ré- véle dans tout ce qu’elle peut avoir de brutal. Pendant que la vie explosait tout autour, ceux qui étaient 4 l’ombre s’engourdissaient dans un sommeil d’hibernation artificielle. Seul Vins- tinct de préservation, cette conscience provi- dentielle de toute existence qui n’est pas des- tinée 4 disparaitre, permet’ une nouvelle ger- ‘mination. Assurés que nous sommes, mainte- nant, que la dualité culturelle de ce pays est le fondement méme de son étre ou ne pas étre, nous sommes en meilleure position de voir le gouffre que nous avons 4 combler. Ca nous permet, de plus, d’apprécier les anomalies d’au- tres structures avec lesquelles nous sympathi- sons. Autre réalité nouvelle qui fait douter d’un recul aussi grave que le nétre de la part de la minorité anglo-catholique du Québec, c’est que leur expérience se fait 4 un moment ot le sens de la liberté et de la dignité humaine est plus fort que celui de Vasujettissement des hommes et des peuples. Aujourd’hui, — et il est heu- reux qu'il en devienne ainsi, — le sens de 1’é- quilibre veut que les institutions s’adaptent aux besoins de la société plutét que la société aux besoins des institutions. Thorson que le Canada est, en fait, bilingue et biculturel et qu’il ne le sera plus que le jour ou le Canada n’existera plus. O’est lui-méme qui se contredit en admettant que le Québec restera francais et que le reste du Canada restera anglais. Qu’est-ce que le bilinguisme et le bicultu- ralisme si ce n’est pas la présence, dans un méme pays, de deux langues et de deux cul- tures vivantes? Au contraire de ce que déclare M. Thor- son, nous ne voyons pas le danger de division qui existe en Belgique dans l’acceptation de notre dualité d’un océan 4 l’autre mais dans Visolation du francais dans la province de Québec. En Belgique, c’est le Flamand qui est en danger d’étre noyé par l’océan francophone. Ce n’est donc pas le droit du Frangais qui est en danger. Au Canada, au contraire, toute erainte exprimée a Végard de l’Anglais frise V’utopie ou la sénilité. Cette crainte, si elle existait vraiment, serait le plus grand hom- mage & faire 4 un petit peuple qui ne réclame qwun droit naturel et historique. Voyez-vous ca? 6 contre 200, et les 200 qui diraient: six contre nous! mais ils vont nous écraser! La fausse image créée par la C.B.C. Nous ne voudrions pas présumer de 1’é- chéance et méme de Ja vraie nature des gréves scolaires qui sévissent, dans la province de Québec, au moment oti ces lignes sont écrites. Ce que nous voulons souligner c’est l’impres- sion donnée, consciemment ou non, par le ré- seau anglais de Radio-Canada. A témoin, 1’é- mission “News Special”, CBUT, 17 avril, a 11.30 heures du soir. Sur une demi-heure, qui devait illustrer la crise scolaire au Québec, le spectateur non averti pouvait déduire qu’il s’agissait 1a d’un conflit qui n’affectait, en dernier ressort, que les anglo-protestants. Comme l’image est l’ou- til essentiel du message télévisé, le fait de ne voir, durant 30 minutes, que des piquets ou des manifestants portant placards écrits en anglais, chantant en anglais et interviewés en anglais, pouvait nous faire conclure que la grande ma- jorité francophone impliquée brillait par son absence. Ce genre de reportage, non nuancé par une analyse intelligente de tout le contexte, est nuisible en ce quil fait facilement conclure a la pire des démagogies. Pourtant, ce qu’il faudrait retenir, c’est que l’un des droits en litige au Québec, le droit de gréve pour les ins- tituteurs, n’est accordé, ailleurs au Canada, qu’en Alberta. , 7 Tl y a toutefois un fait qui devrait étre plus inquiétant pour le reste du Canada que tout autre: c’est quot il y a remou il y a rarement stagnation. Dans Vévolution actuelle, au Canada, il y a danger qu’A rester specta- teur, confortablement assis dans un siége bien bourré, la sclérose ne s’empare d’acteurs qui seront mal en point pour jouer leur propre role un jour. .