A a, ie. Be 7 ‘|Rose du Liban par Roger Dufrane Yamilé, Yamilé sous les cédres, je veux €voquer vo- tre destin. Un académicien a consigné pour l’avenir dans un émouvant et solide roman votre vie. Henry Bordeaux, | 4a l’occasion d’un voyage en Syrie, s’est incliné sur votre tombe. On lui avait narré votre aventure. Mais Henry Bordeaux, bourgeois fran- cais, défenseur de la tradi- tion et de la famille, cham- pion d’une morale ‘‘ancienne France’’, vous contemple du dehors. Il se tient dans l’au- tre camp ; et, malgré sa sympathie pour vous, ne peut’ s’imaginer A votre place. { Il €prouve quelque pitié pour | votre sort ; mais ases yeux, hison méritait la mort. Moi, | je me range A votre cdté, Yamilé. Et je vous com- prends si bien que je m’iden-. vous. Il vous a proposé le mariage ; et en signe d’as- sentiment, vous lui avez abandonné les mains. Votre famille se réjouissait d’un | avenir pour vous sans nua- | ge, et ce jusqu’a la venue du bel étranger. Omar - Bey - El - Hus- | sein, gentil seigneur 4 la fine barbe noire, amateur de chevaux piaffants et de chasses au faucon,; se prit, un soir que vous dansiez, au charme de vos yeux bleus. Et alors, pour lui comme pour vous, tous les jardins d’Arabie, avec leurs fontai- nes et leurs voliéres, leurs parfums de roses et leurs | | bouquets d’étoiles, se sont et pour un exemple salutaire | A votre peuple, votre tra- | tifie au beau prince arabe | qui une nuit vous enleva. | Vous étes née dans un vil- | lage du Liban. Chose sin- guliére, parmi vos compa- ! gnes moricaudes, votre peau blanche et votre chevelure chatain clair rayonnaient. Dans ces montagnes ot les Croisés Bretons et Nor- mands ont b&ti de gigantes- | ques chateaux-forts, fleurit | parfois quelque surgeon de | la France lointaine, rappel des hommages des seigneurs francs aux belles du pays. Ces enfants mitigés, on les appelait des poulains. Et 1l’on aime 4 croire que vous fates, en votre printemps tot fau- ché, une jolie et fringante pouliche. Fille de scheik, vos parents et votre frére afMé vous ca- jolaient, de méme que l’ami d’enfance, Khalil Khoury, chrétien maronite comme mis A chanter en tournant ; dans vos coeurs. L’amour s’emparait de vous. Mysté- . res des regards croisés, se- crets messages ot deux ames se lient 4 la vie et 4 la mort, en dépit des fou- les proches ou lointaines, | en dépit des religions, en | dépit de l’univers. le dire, car il se tient, bien qu’il se pose en ami, dans la rumeur hostile, de 1l’autre ' cOté du mur. Or vous voila, | de nuit, botte A botte avec le bel arabe d’une race enne- : Mie, galopant entre les cé- dres. Il vous emporte, le bel arabe, il vous emméne dans son pays. La, vous adopterez les rites de 1’Is- lam et votre séducteur le ; meilleur de votre morale ' chrétienne : pour l’amour de vous, dans son monde : de harems, : qu’une €pouse unique, vous, ‘vous que j’entrevois dans un enclos paradisiaque, ef- feuillant des jasmins dans la fontaine. Vous vous pen- chez sur les frissons de l’onde.. Vous y revoyez vo- tre enfance. Votre pére le scheik, votre mére dans la | chambre des femmes, vo- , tre jeune soeur, votre pe- , tit frére Mikhael, et aussi ; votre compagnon de jeux qui { { ' bracelet et le frontal d’or’’. ' Maintenant, il court sur vos : chargé de vous ramener de- ‘ vant un tribunal de famille. | Khalil, le malheureux ! [1 ' mence. du bel arabe vous masque ‘les souffrances du délaissé. Qu’est-ce que le séduisant | vient de vous demander en | bey vous asoufflé 4 l’oreille?’ ' Henry Bordeaux ne peut nous | tre fugue, vous avez rendu /@pouse, ‘peut - il ne voudra | . Yamilé. Puisque Henry Bor- , deaux, écrivain bourgeois, a _ sonne, gé le denouement. ,jadis, Tristan et Iseut, dont cles, refleurissait peut-étre -avec votre clan, enjolée que mariage et 4 qui, avant vo- **!?anneau de ‘fiancailles, le brisées avec votre frére vous aime tant qu’il oscille de la vengeance a la cle- Mais votre amour **Tl trouvera bien une autre vous dites-vous, étre Mountaha ma soeur...’’. Pour vous, Yami- 1é, c’est la rupture totale vous étes par l’amour ma- gique. Heélas, vous allez mourir Votre frére et son compa- gnon, aiguillonnés par l’idée| du rapt, parviendront A vou ravir de la demeure tripoli- taine ot vous filiez le par- fait bonheur. Il est fort pro- bable que vous ayez existé, recueilli de la bouche d’un vieillard, Khalil en: per- votre histoire. Vo- tre destinée fut tragique. Pour ma part, si j’avais le premier entendu votre aventure, j’en aurais chan- Les poétes ne peuvent-ils se permettre de consolants mensonges? Pour moi, vous auriez échappé A vos ravis- seurs. Et vous auriez vécu dans l’ardeur d’une passion insolite et jumelle, en mar- ge dum onde méchant, com- me les beaux passionnés de le sang, a travers les sié- dans vos veines. Tel.: 327-1260 Central Prix raisonnables. Gérant : Carl Par jour Par semaine $ 4.00 $ 18,00 Avec bain, par jour $6.50 Estimation gratuite Tous transports. Cleanse Nettoie cours, sous-sols, garages, etc. pe oe Hotel Metropole HOTEL DE FAMILLE DANS LE CENTRE—VILLE, — '320 rue ABBOT VANCOUVER 4, C.B.i Avec bain, par semaine $36.00 on parle francais La Caisse Populaire | St.Sacrement Venez emprunter a la Caisse pour consolider vos dettes Devenes mempre — et cuvres un compte Pour toutes informations communiquez avec | LA OAISSE POPULAIRE. ST-SACREMENT Téléphone 874-9622 100 - 1idme avenue ouest. Vancouver 9, C.-B. LE SOLEIL, 20 AOUT 1971, XI ° i. Se