a aM. Nie eee «eee par Muriel GAUDIN 1ljuin 1977. J’arrive a Montréal par avion de Fran- ce. Je passe un mois au Canada, un mois et demi au Etats-Unis, dont trois semai- nes a San Francisco, un mois au Mexique. - J’arrive 4 Palenque le 16 septembre avec $30.00 en poche. Mon billet d’avion retour n'est valable que de Montréal. Je suis 4 8000 km de la. Je veux a tout prix aller 4 Tikal au Guatemala, capitale et lieu de la grande civilisation Mayas (plus grand site archéologique). Avec $30.00, je n’ai pas assez d’argent pour prendre le bus, car la route la plus directe est: Palenque, San Cristobal, Guatemala, 1a viendra San Felipe et Tikal soit 1800 km. Au site archéologique de Palenque, je rencontre Do- minique, un Suisse qui voya- ge avec Jarge, un Suisse- Catalan. Eux veulent a tout prix aller 4 Tikal, mais n’ont pas le temps de faire tout le tour en bus. De plus ils ont eu quelques renseignements comme quoi une piste aurait été faite a travers la jungle jusqu’au fleuve Usumacinta et de la, on pourra peut- étre remonter le fleuve avec des Indiens, en pirogue jus- qu’a un petit village appelé Sayaxché (au Guatemala) ot - un bus va a Flores. Nous sommes le 15 sep- --tembre. Tous: trois en ville, faisant quelques préparatifs, achat de hamacs, produits contre les moustiques, puis nous passons une derniére nuit tranquille dans nos ha- macs. Le lendemain matin, le 16 septembre, nous pre- nons un bus qui nous emmé- ne jusqu’a Crecero, dernier village ot le bus peut aller. Ensuite il faut marcher. ARRIVEE A ATHABASCA [Suite] Toute arrivée, dans ces bourgades du Nord, éloi-- gnées du monde extérieur — et surtout quand elle se fait dans un tel décor — consti- tue un événement. Aussi il y eut bientét sur les trottoirs de bois pas mal de curieux dont nous nous serions, d’ail- leurs, bien passés. Devant le Grand Union Hotel, seul hétel de l’endroit, les clients habituels de la saison, pros- pecteurs, trappeurs, colons et oisifs de tout acabit, étaient sortis au bruit, pouf- fant de rire, et se tapant les cuisses. Cependant, bons garcons, il venaient aussit6t nous aider a remettre les choses en état. Il n’y avait, en somme, aucun dégat, ni avec les chevaux qui n’avaient fait que du rase-cul, ni pour le traineau qui n’avait pas versé. Seule une courroie du - reculoir avait cédé, ce qui était facile 4 réparer. Devant hilarité générale, il n’y avait qu’é prendre l'affaire du bon cété. C’est ce qui valait le mieux vis-a- C’est la saison des pluies et le sol est trop trempé pour pouvoir se risquer avec -un véhicule. Nous avons parcouru environ deux-cents kilométres dans une jungle peu dense. Nous entamons la marche tous trois, le coeur joyeux, en bonne santé, heu- reux de pouvoir aller a l’aventure dans la jungle. Nous plaisantons méme sur ce qui pourrait arriver. Nous formons une bonne équipe au tempérament solide, rem- plie d’optimisme. Nous sommes seuls, sans guide, avancant dans la jun- gle, sur la piste large d’envi- ron 3 métres. Tout autour de nous se dresse une magnifi- que jungle. Vers les 5h la pluie se met a tomber et nous continuons. d’avancer trempés (nous n’avons que des petits imperméables), toujours plus profond. Les arbres d’oti pendent d’im- menses lianes sont peuplés. de groupes de singes hur- leurs, qui s’entendent 4 plu- sieurs km 4a la ronde. A la tombée de la nuit, nous avancons toujours sur la piste défoncée et cahotique, boueuse et parsemée de mares d’eau. Nous arrivons vers les 9 heures du soir dans un “Rancho” od vit une famille d’Indiens et un Fran- cais écologiste de Lyon, par- ti pour faire des études sur la vie des insectes au Mexi- que. Nous passons la nuit dans la hutte de I’écologiste, dont les étagéres sont cou- vertes de bocaux renfer- mant multiples espéces d’in- sectes, vampires, serpents, etc... Cette journée la, nous avons parcouru 20 km a pied. Aprés une bonne nuit de sommeil dans nos hamacs, nous repartons le lendemain matin trés tot aprés avoir mangé quelques tacos et fri- vis de ces bons bougres qui, sevrés de toutes distrac- tions, ne voyaient la qu’une occasion de s’amuser dans un pays ou elles devaient étre bien rares. L’un deux, garcon de I’écu- rie de louage, qui devint par la suite un ami, tint a s’oc- cuper de l’attelage et du chargement, et Armand an- nonca une tournée générale qui nous mit tout de suite dans l’ambiance et nous fit adopter immédiatement. Et nous efimes, autour des ver- res, le secret de notre excep- tionnelle descente: la seule facon de freiner un trai- neau consiste a placer, sous l'un des patins arriére, une grosse chaine de forestier, enroulée deux ou trois fois et dont l’extrémité est fixée au bati du sleigh. Or nous étions simple- ment descendus a patin nu, d’ot le magnifique résultat. En tout cas, comme entrée en matiére, on ne pouvait mieux faire; et 4 partir de ce moment ot les gens du pays apprirent que nous étions des Francais du’ «vieux pays», nous devinmes pour eux, en une dénomination coles, nos sacs 4 dos chargés de bouffe. La chaleur atteint environ 45° Celcius; de plus c’est une chaleur humide qui nous fatigue trés vite. Nous avons recu de multiples con- seils par les Indiens des alentours: la jungle est peu- plée de panthéres, jaguars, serpents divers, dangereux tarentules, singes hurletrs, aras, oiseaux de toutes sor- tes, “Fourmis 24” (fourmis dont la piquire rend malade pendant environ 24 heures), grosses fourmis rouges d’en- viron 3cm. Les Indiens nous préviennent bien de ne pas marcher de nuit, les jaguars partant “a la chasse’’. De plus, en ville nous avons vu quelques pancartes préve- nant que les moustiques étaient porteurs de malaria. Périple en Amérique Centrale Dans le mois précédant no- tre arrivée, il y a eu 3 cas graves de malaria. On nous dit aussi qu'une piste a été faite a travers la jungle jusqu’au fleuve. Mais étant le début de la jungle, aucun véhicule ne s'y est aventuré; seulement quelques indiens sont passés par cette piste. Par la suite nous appren- drons que 4 Européens (ils voulaient dire des Blancs) étaient passés sur cette “Trail de la mort’. Nous écoutons tous les conseils croyant que la moitié était des mensonges pour nous décourager. En commencant par les jaguars, les Indiens les appellent des tigros et il est bien connu qu'il n'y a pas de tigres en Amérique, les derniers étant dans l’Asie. GINETTE PELLETIER 682-3741 Au centre ville (coin Robson) vous invite a venir la voir et elle vous offre ses services en francais pour tous vos arrangements de voyages Sige fo. x * Mme * Voyante et mariage. vous? Service confidentiel. De 9h00 a 21h00. amicale, les «Frenchies». Et bien souvent, par la suite, on nous rappela avec humour cette arrivée peu discréte dans la ville d’Athabasca. Athabasca [que les In- diens nommérent d’abord Tawatinau] était située sur la riviére du méme nom, une riviére qui valait, ainsi que je le disais plus haut, n’im- porte quel grand fleuve de chez nous. Elle prend sa source dans les Rocheuses, au lac Brown, vers le parc national Jasper, puis, aprés son passage a Athabasca, remonte vers le nord pres- que directement, pour at- teindre, aprés des rapides dangereux sur prés de soixante-dix kilométres, le village de Fort Mac Murray, et continuant sa course se jette dans le Grand Lac Athabasca. Depuis longtemps déja, la Hudson’s Bay Cy, abandon- nant, pour ses approvision- nements des postes du Nord, la route de la Prairie par la riviére La Loche, le lac La Biche et Mae Murray, et voyant le rail se rapprocher d’Emontont, avait songé a- Vancouver V6Z 1X8 Vous aide a régler tous les problémes de la vie, santé, D’autres ont bénéficié de ses services. Pourquoi pas Téléphone: 817 Burrard King * re conseillére * 732-8493 relier ce dernier poste par une piste, au coude le plus rapproché de l’Athabasca, pour en faire un nouveau tremplin vers le bassin de la Mackensie. Et depuis ce moment jus- qu’a notre arrivée, c’est la que venaient accoster et c'est de la que partaient toutes les embarcations qui arrivaient des pays du Nord ou qui y descendaient. Main- tenant un bac, monté sur cable et poulie, faisait le service de la traversée de la riviére vers la rive septen- trionale, au-dela de laquelle s’étendait ce qui était encore considéré comme territoire indien. Le village, de deux cent cinquante 4 trois cents habi- tants, possédait plusieurs magasins généraux dont Ré- villon et la Hudson’s Bay, deux banques, le Post-Offi- ce, Livery barn (écurie de ~ louage), le land’s office (bu- reau des terres), deux res- taurants en surplus de I’hé- tel, des barber-shop (coif- feurs), bakery (boulangerie), la police montée, real estate (agence immobiliére), deux temples protestants, une Le Soleil de Colombie, Vendredi 3 novembre 1978 Nous avancons done dans cette magnifique forét vier- ge peuplée de limettiers, bananiers, cacaotiers, et quantité d’arbres inconnus. Nous allons a l’allure de 4km~ a l’heure prenant une pose toutes les heures. De temps en temps, des iguanes, des serpents traversent la piste, s'arrétent, nous regardent et repartent doucement. Au loin, nous voyons arri- ver 2 Indiens Lacandons a cheval, habillés d’une seule piéce de tissu faite de fibre d’agaves découpée en tuni- que descendant jusqu’aux pieds. Ils sont assez surpris de nous rencontrer tous les trois avec des sacs-a-dos en nylon, la barbe (ils sont imberbes) et les cheveux frisés, portant des jeans 11 bleus! Nous essayons de discuter quelques temps avec eux, puis nous repre- nons notre marche. Nous avancons toute la journée et arrivons sur un ranch a la fin de la journée. Il y avait une famille d'Indiens. Il faisait nuit, le clair de lune nous guida. Nous passons la nuit dans une vieille hutte faite de branches de bois, aprés avoir discuté avec I’Indien qui nous a accueilli 4 bras ouverts. Il nous offrit méme un café et quelques tacos. Les femmes, le peu qu’on verra durant le périple, se cachent ou ne diront pas un seul mot. Elles n’ont pas la parole et le pére est le chef de famille. {A SUIVRE] | ee MARICKE’s anciennement — Café et thé Mulchia’s église catholique et un hépi- tal (du Sacré-Coeur). C’était la en somme !’essentiel pour une petite communauté qui n’avait pas encore beaucoup de racines a l’extérieur, la venue des colons défricheurs étant a ses débuts. Notre installation au Grand Union Hétel, qui avait a cette époque une ving- taine de chambres, fut, pour nous, un soulagement. Bien que déja faits a la vie sur la piste, il nous était agréable de pouvoir coucher dans des lits et surtout nous désha- biller. Evidemment le mobi- lier était sommaire: lit fer et cuivre, table, une chaise, une .table toilette. Mais la tem- pérature y était acceptable, le batiment étant chauffé par de grosses «fournaises» & bois et un jeu de bouches de chaleur. Aux fenétres des. ’ doubles chassis; et lorsque le thermométre marquait quel- que vingt 4 vingt-cing de- grés sous zéro, on sentait vraiment un bien-étre a se carrer dans les fauteuils du hall. Nous efimes, a notre en- trée, une bien grande et agréable surprise: le mana- ger de l’hétel (qui appar- tenait a l’époque a un Cana- dien francais, Isaie Gagnon), était un Francais de France et s’appelait Servestre. Na- turellement, la connaissance _ grande ouverture |GOURMET SHOPPE Lawton’s Sweet Shoppe 2294W 41léme Ave Vancouver entre Yew et Vine NOUVEAU — Grande variété de bonbons anglais — Produits gourmets internationaux — Fromages brie, boursin, camembert, gouda doux $1.35 la '/2 lb. — Prix spéciaux - chocolat poulin 100 grammes $0.89 — Rabais sur les cadeaux - 1/3 du prix initial Service agréable et gentil Tél: 263-4522 fut vite faite et il devint un ami. Il y avait, en outre, un autre Frangais, d’une soixan- taine d’années, faisant office de caviste pour le bar — et qui en profitait malheureu- * sement —, le «pére Goyet». Il était, disait-on, un ancien banquier, venu échouer Ia a la suite de quelles mésaven- tures? On voyait bien dans sa conversation qu'il avait une bonne instruction, mais il était assez réservé sur le cours de sa vie antérieure. Son visage, entouré d'un collier de barbe presque blanche respirait la malice et Tintelligence. Mais ce pays réservait bien souvent de semblables surprises, car il y avait un tel brassage de races, d'origines et de situa- tions sociales, qu’on s’en étonnait au début, mais aux- quelles, par la suite, on ne prétait plus attention. Le travail quel qu'il fut, était chose noble et n’abaissait pas. Nous avons pu le véri- fier par notre propre expé- rience, dans les mois qui ses ag insi voyait-on entrer, tout naturellement, le gar- con d’écurie qui, ayant enle- vé son overall, prenait place, au restaurant de hotel, a coté du docteur ou d’un lawyer de passage, et ne détonnait pas. [A SUIVRE] .