Le Moustique Volume 2 12° édition Décembre 1999 Page a comme le pensent les chrétiens et les théoriciens du big-bang ou s'il avait toujours existé et s'enflait, s'écrasait comme une monstrueuse respiration, selon l'enseignement des orientaux. L'homme avait-il été créé par un étre supréme, par un savant fou ou n'était-il qu'une moisissure parmi tant d'autres ? La morale était-elle une loi essentielle, divine ou cosmogonique ou n’était-elle que l'expression d'une certaine sensibilité liée 4 une mode versatile ? Une chose était-elle nécessairement vraie si elle était acceptee par une majorité ou ne connaitrions-nous jamais qu'une parcelle, toujours différente, d'une méme vérité ? Ils devaient savoir. II fallait qu'ils sachent. Et je n'aurais pas été prét a leur pardonner leur incursion sur terre s'ils n'avaient pas su. Je n'ai donc jamais rencontré d'extra-terrestres et j'en ai été terriblement dégu. De la méme maniére que l'on s'apergoit un jour de I'impossibilite d'etre immortel, j'ai beaucoup souffert en comprenant que je ne saurais jamais tout. Connaitre, semble-t-il, c'est d'abord apprendre ses limites. Et puis, peut-¢tre, d'apprendre a s'en contenter ? C'est en définitive la solution que j'ai adoptée car la déception risquait d'étre trop forte. C’était une attitude raisonnable et sans doute, plus encore, nécessaire. A titre de consolation, je me suis fabriqué le raisonnement suivant : "Imaginons un instant que ces 6tres aient réellement existé et quiils aient vraiment pu atteindre la terre. Admettons que par une chance extraordinaire, ils se soient posés dans cette clairiére a un moment ou ils étaient attendus et que, sans agressivité aucune, ils aient été en mesure de communiquer et surtout qu’ils aient été disposés a le faire. Enfin, supposons que leur langue n'ait posé aucune difficulté et, surtout, qu'ils aient eu des réponses aux questions, car, finalement, toutes les cultures ne s'iintéressent pas nécessairement a ce genre de problémes. Imaginons alors qu'aprés avoir satisfait A toutes ces conditions, aprés qu'ils eussent répondu le plus clairement possible a toutes ces questions, on découvre avec horreur qu'on ne comprenne pas les réponses. Qu'elles appartiendraient a un niveau différent d'entendement, que pour les saisir, on aurait di au préalable atteindre un degré de maturité qui soit au moins égal ou équivalent au leur. II faut parfois une certaine préparation pour parvenir a percevoir une pensée, de l'expérience aussi.” C'est alors que la désillusion aurait été la plus durement ressentie ! Or il est vrai que l'on n’a pas toujours l'esprit pour faire face a certaines situations. Quelqués années auparavant j'avais, comme a mon habitude, subtilisé un roman de la bibliothéque familiale. On ne surveillait pas trop mes lectures et il y avait toujours des dizaines de livres a trainer dans la maison. Livres qui, d'ailleurs, ne suffisaient jamais a abreuver ma soif de lire. C'était un roman populaire, sans prétention, écrit par un auteur des années trente, de I'existence duquel, vingt ans plus tard, on ne se souvenait déja plus. Le livre traitait du Jugement Dernier, un sujet trés sévére qui m'avait fait trés peur et m'avait amené a l'abandonner aprés quelques pages. Or je venais de le relire tout récemment et n'avais pu le lacher avant la derniére page tant il était amusant. I] est évident qu'il s'agissait d'un livre comique, ce qui m'avait totalement échappé la premiére fois. Je n'avais pu comprendre, depuis, comment la chose avait été possible. Avais-je sur ces entrefaites appris le sens de l'humour ou tout cela n'était-il question que de maturité ? Ou de culture ? J'avais suffisamment suivi mes parents de par le monde pour m'apercevoir que ce qui était désopilant dans certaines cultures pouvait paraitre assez déroutant dans d'autres. ...a swivre... Katana.