16 - Le Soleil de Colombie, vendredi 30 septembre 1988 INFORMATION Par Patrice Romedenne D’abord il y eut la course. Superbe. Le départ supersoni- que de Ben Johnson, la trajectoire rectiligne d'une silhouette imposante, ce furtif regard sur la gauche comme pour endiguer les efforts ultimes et vains de Carl Lewis, le passage de Ia ligne d’arrivée, ‘index levé, la poignée de main sportive de Lewis, le drapeau canadien, le tour d’honneur, la cérémonie protocolaire, |’hym- ne canadien, |l’effusion de joie familiale, autant d’images vues, revues, vécues et qui donnérent au Canada la fierté de compter dans ses rangs un_athléte surhumain, médaillé d’or, dé- tenteur d’un record du monde inexplicable mais si réconfor- tant. 9 secondes et /79 centiémes! De quoi faire perdre Jeme dope, tu te dopes, il se fait prendre... Ben Johnson : laboule aux commentateurs, de quoi narguer les spécialistes continuellement en quéte d’une explication rigoureuse. Puis il y eut, letremblement de ~ terre sportif, médiatique, hu- main, venu ébranler la cime iv du Canada Conseil du Trésor Treasury Board of Canada Une autre facon de mieux vous servit English Francais Les bureaux fédéraux qui affichent ce symbole offrent ot services dans les deux langues officielles Canada irrationnelle de |’exploit. Dopé! Ben Johnson s’est dopé! Aprés lagloire, lenéant. Aprés la joie, ladéception, le dégodt. Un peu comme si Ben Johnson avait foncé téte baissée sur le public: le Canada et le monde entier en sont estomaqués et n’ont qu’un mot ala bouche: «shocking!» Shocking le départ de Ben Johnson qui s’enfuit comme un voleur de Séoul, protégé par une quarantaine de policiers et de détectives. Shocking la désillusion de importante communauté ja- maicaine de Toronto dont l’un des membres prononce cette phrase terrible: «Ben était notre héros canadien, il nous atrahi». . Shocking, les protestations désespérées de |’idole déchue qui conteste la validité des tests et crie au complot. ll n'y a plus que la famille de Ben Johnson pour ne pas croire a la culpabilité du héros lugubre, solidarité oblige. Em- murée vivante dans sa résidence torontoise, elle n’a, a|’annonce de la nouvelle, laissé filtrer que deux commentaires. Celui dela soeur de Johnson qui, les larmes aux yeux, dit «non coupable». Celui du frére de Johnson qui déclare, sans exploser de rire «Ben n/aurait jamais fait cela a maman». Sans doute |’humour maternel aide-t- il € surmonter |’amertume... Que lescandale ait éclatén’est pas forcément une mauvaise chose. Il fait suite a un mouvement général de suspi- cion un temps emmené par l’Américain Carl Lewis, qui a, par le passé, émis des doutes - sur le comportement de son rival canadien. Les langues se délient dans le village olympi- que. On entend dire que le dopage de Ben Johnson était un secret de polichinelle et que, depuis longtemps, !e milieu le surnomme «Benoid». | Le Comité International Olym- pique a donc choisi de mettre les pieds dans leplat, plut6t que d’étouffer |’affaire. Cette attitu- de courageuse devra s’accom- pagner de mesures concrétes pour lutter contre le virus du dopage. Certains y ont déja pensé et proposent des contr6- les-surprises effectués par un jury neutre, tout au long de l’année, sur les lieux d’entraine- La gloire et le neant | ment. Car le dopage est un iceberg. Ben Johnson en est la partie visible. D’autres poissons sont sans doute passés a travers les mailles du filet antidopage. Une sortie houleuse a Paéroport de Séoul. AE RA ; RR "ty vA Mis ah) fied] NH Mel SOTA UNS RY) Oa Chaussez-vous bien, vous jouerez mieux! ) | ac, Paanceatrion La, Fondation André Piolat’: ject J : ig * Encourage l'étude de la langue frangaise par l'octroi de bourses annuelles aux étudiants de Colombie-Britannique. e Joue un réle dynamique dans le développement des arts et des lettres d’expression francaise : dans fa province. Aidez-nous aussi 4 atteindre ces buts dignes dintérét! Faites parvenir vos dons, déductibles d’imp6ét, 4 l'adresse suivante 104-853, rue Richards, Vancouver, C.B. V6B 3B4 Tél: (604) 669-2235 NOM ADRESSE VILLE PROVINCE CODE POSTAL