= wy E ~Page 6 — ZOOM... MARS 1978 OOM _ ESCALADE DES DEBOIRES DES COMMUNAUTES FRANCOPHONES... (SUITE) Novembre 1972 — septembre 1976: pé- riode Hugh Faulkner — accumulation de frustrations. L’élection fédérale de 1972 améne un nouveau Secrétaire d’Etat en la person- ne de M. Hugh ‘Faulkner. Une restruc- turation du programme de lI’action so- cio-culturelle se dessine au sein du mi- nistere. Parallélement, les associations pro- vinciales des francophones hors Quebec se regroupent au sein d’un “‘comité de liaison et d’action” mis sur pied par VA.C.E.L.F. (Association canadienne d’éducation de langue francaise). Regroupées, les associations provin- ciales de francophones prennent cons- cience de malaises ressentis chez plu- sieurs d’entre elles: 1. La restructuration du Secrétariat d’Etat implique une décentralisation dangeureuse de la direction de l’action socio-culturelle. A Ottawa, les agents de programme sont francophones, dans les régions ce sont des anglo- phones qui s’occupent de plusieurs dossiers. De plus, cette décentralisa- tion isole plus qu'elle ne regroupe nos communautés disséminées a tra- vers le pays. ; 2. Sur un méme pied d’égalité, dans une lourde structure administrative, le programme d’action socio-culturel- le cétoie indécemment le programme du multiculturalisme. Le budget de ce- lui-ci est méme supérieur au premier. Encore non-initiés dans les affaires os nos membres, du comite de jaison et d’action, discutent de leurs riefs avec les fonctionnaires fédéraux. otre approche plutot palie, réservée, timide méme et trop tolérante ne nous a valu aucune amélioration pour résor- ber nos craintes. Le président de 1’A.C.E.L.F. organise une rencontre du comité avec le Pre- mier ministre Trudeau le 28 juin 1973, esperant y trouver une oreille plus at- tentive a nos doléeances. Cette rencontre, malheureusement mal préparée, n'a apporté aucun nou- veau développement. © Nous retournons négocier une Fmeilleure place au soleil que celle qui ‘nous est offerte. Le 30 novembre 1973 nous rencontrons des fonctionnaires du Secrétariat d’Etat. Le comité demande entre autres ‘“‘que les associations soient impliquées dans le processus de deéci- sion et dans l’établissement des priori- tés et des politiques visant le groupe ca- nadien-francais’’. * Notre volonté de participer était présente déja a cette époque. Nous étions convaincus qu’il fallait étre impliqué a un plus haut ni- veau de décision. En janvier 1974. le comite envoie une lettre au Secrétariat d’Etat demandant une augmentation substantielle des bud- ets. Puisque les subventions sont Fc ées depuis quelques années et que les besoins sont grands, nous demandons des subventions ‘‘deux fois supérieu- res’. Le 4 octobre 1974, les membres du comité devaient remettre un mémoire au sous-secrétaire d’Etat mais celui-ci se désiste de la rencontre. Le. mémoire préparé sur les programmes d'action des associations est donc presente a trois fonctionnaires a titre de document de travail. ‘‘Les membres du comité ‘sont décus de la rencontre et convien- ‘sent de la nécessité d’amener la ques- tion au plan politique’. Le 16 novembre 1974. Rencontre a Régina du comité de liaison et d’action avec M. Hugh Faulkner. Il “‘invite le comité a participer (avec d’autres orga- nismes) a un comité -consultatif res- treint dont les fonctions seraient d’éva- luer les programmes et les réalisations en cours et de conseiller le ministre sur les priorités et sur la stratégie a sui- vre’’. A la réunion des 19 et 20 février 1975, M. Paul-Francois Sylvestre, attaché de presse de. M. Hugh Faulkner, fait part des attentes du Secrétariat d’Etat. Il s’agit de ‘‘mettre sur pied un groupe de travail (et non d’un comité consultatif) awa un mandat précis: l’analyse es programmes du Secrétariat d’Etat en fonction des besoins des clienteles’’. Il offre ‘‘certaines ressources techni- ques, matérielles, humaines et financie- res’. Et le groupe de travail est ‘‘relié a la fois aux programmes et aux cliente- les du Secretariat’. Le comité accepte la formation du groupe de travail avec le mandat d’analyser ‘‘les besoins des communautés francophones et des pro- grammes présents et éventuels, actuels et souhaitables du Secrétariat d’Etat en vue des propositions concretes aux lans de PTOES HDS: de leur implanta- ’ ion, de leur fonctionnement et de leur financement’’. Le Secrétaire d’Etat mit ses conditions quant a la formation du comité de participation. Par d’habiles manoeuvres, notre sug- gestion de former un comiteé consultatif s’est vue modifiée par la formation d’un groupe de travail mandate de faire une étude sur notre situation. Avant méme que le groupe de travail ne dépose son rapport, M. Hugh Faulk- ner tente de le discréditer. Le ae e de-travail dépose le rap- port *‘C’est le temps ou jamais’’ en no- vembre 1975. La go de ce ap ort coincide avec la fondation de la édération des Francophones Hors Québec, i.e. en novembre 1975, issue du comité de liaison et d’action. Note: Les remarques et l’attitude de M. Faulkner lors de la rencontre que le comité de liaison et d'action a eue avec lui, ont provoqué un climat tendu. M. Faulkner a remis tout le ‘‘dossier’’ a'un nouveau sous-secrétaire d’Etat, M. An- dré Fortier. Ce changement de ‘direction’: a mal- heureusement ralenti nos démarches en vue d’améliorer l’efficacité du program- me. I] a fallu recommencer nos inter- ventions aupres du nouveau haut fonc- tionnaire en place. En janvier 1976, le Secrétaire d’Etat annonce qu’il sera prét a répondre a nos doléances avant le 31 mars~de. la méme année. Un article de presse du Secrétaire d’Etat en janvier 1976, suscite de vives réactions chez nos membres: l’article fait état de la complexité de résoudre les problemes administratifs et structu- rels du programme. Démontrant son impatience. la F.F.H.Q., lance son premier communi- qué de ees avec un titre significatif: “Quand et comment?’ (22 janvier 1976). La F.F.H.Q. réitere les recom- mandations du rapport **C’est le temps * ou jamais’’. M. Faulkner fait connaitre ses. inten- tions dans une lettre adressée au prési- 4 dent de la F.F.H.Q., M. Hubert Gau- thier le 30 mars 1976. 1) Unedirection des Groupes minoritaires de langues officielles qui relevera d’un sous-ministre adjoint responsable du bilinguisme. 2) Structure — a l'étude par E. Aquilina. Ce travail doit étre déposé en décembre 1976. 3) Nomination de responsables du bilin- uisme dans les régions. 4) Budget de-rattrapage por 1976-77. 5) Budget accru pour 1977-78. 6) Plan a long terme soumis au Cabi- net. Cette lettre laisse percer une lueur d’optimisme: M. Faulkner accede a certaines demandes du groupe de tra- vail et de la F.F.H.Q. La F.F.H.Q. ne tarde pas a réagir. Elle émet un communiqué de presse “Un nouveau départ” le 8 avril 1976, ’ dans lequel elle signale toutefois certai- nes réserves a l’égard des mesures an- noncées. Mais les mois passent et rien ne se produit: ; Entre-temps, la F.F'.H.Q. installe ses quae généraux a Ottawa en juillet e la méme année. En septembre, toujours rien. Les pro- messes du Secrétaire d’Etat restent let- tre morte. Comble de malheur, le Pre- mier ministre Trudeau annonce lors d’un remaniement ministériel que le Se- crétaire d’Etat est changé: le nouveau Secrétaire d’Etat est M. John Roberts. Septembre 1976 — février 1978: période John Roberts — la situation s’enveni- me. Le 29 septembre, la F.F.H.Q. démon- tre des signes d’impatience. Le 29 octobre, la F.F.H.Q. exaspérée de la spar albate chronique” du Secréta- riat d’Etat annonce qu elle désire ren- contrer M. Trudeau. L’inertie du Secrétariat d’Etat est. due a un chambardement interne: on étudie une restructuration du ministére, on étudie la situation des communautés francophones hors Québec en vue de V’élaboration d’un plan quinquennal. Parallelement, la F.F.H.Q. travaille depuis quelques mois a une longue étu- de sur sa situation (qui aboutira a “Les héritiers de Lord Durham’’). Nos signes d’exaspération font déblo- quer une rencontre avec le nouveau Se- crétaire d’Etat. Malheureusement, la rencontre du ler novembre 1976 n’ap- porte aucun résultat positif. M. Roberts se dit en accord avec les principes sous- jacents a nos demandes, mais cette re- connaissance ne se traduit pas en ter- mes concrets. Nous lui precisons nos objectifs. Nous voulons maintenant une politique claire. précise et dynamique: une structure administrative autonome responsable du développement des franco- phones hors Québec; et un budget conside- rablementaccru. “Pour faire aboutir notre rencontre avec le Premier ministre, la F.F.H.Q. pacers a une série de rencontres avec fe députés ot elle explique ses objec- ifs. En novembre 1976, la F.F.H.Q. orga nise une opération ‘‘Front commun des francophones’’ ou plus de 400 associa- tions de francophones a travers le pays nous offrent leur appui dans nos reven- dications. En novembre 1976 également, pre- mier déblocage: John Roberts annonce un budget. supplémentaire d'un demi- million pour le programme des groupes minoritaires de langue officielle. C’est le seul résultat concret depuis un an de pression par la F.F.H.Q. et quatre ans d’efforts aupres du Secrétariat d’Etat de la part des autres groupements de francophones hors Québec. De novembre 1976 a avril 1977, nous adoptons la consigne du silence, si ce nest que de dire ue nous nous prépa-, rons a sortir un document d’éclat au printemps. En janvier 1977, apres con- sultation avec nos membres, nous don- nons notre position face au choix du a a lélection du 15 novembre Ce silence de notre part a créé de Vanxiété au Secrétariat d’Etat. Par di- verses tactiques, on a tenté de nous di- viser. Les Pipes ambigus de M. Roberts dans |’Evangéline disant que la F.F.H.Q. veut un “‘organisme indépen- dant” ou encore que la F.F.H.Q. est un “conduit ou un canal” entre le Secréta- riat d’Etat et les minorités francopho- nes portent a confusion: nos demandes sont mal interprétées. La F.F.H.Q. de- mande alors des explications au Secreé- taire d’Etat mais sa réponse est ‘‘évasi- C’est sans doute durant cette période aus le fossé entre la communauté et le ecrétariat d’Etat s’est élargi. Pendant que nous travaillions sérieusement a deé- finir notre problématique et a établir les conditions fondamentales du déve- loppement de nos communauteés, le gouvernement fédéral s’acharnait a vou- loir satisfaire nos besoins en annoncant des crédits supplémentaires. Ce qui est flagrant, c’est l’'absence de leur part de nouvelle pensée, orientation ou de vo- lonté réelle d’agir énergiquement. Bien que Hugh Faulkner avait promis un plan de cing ans, personne au Secré- tariat d’Etat n’y travaillait sérieuse- ment. Les fonctionnaires avaient misé que notre plan a long terme (Les Heéri- tiers de Lord Durham) ne serait pas tres important: ils ne croyaient pas que nous étions en mesure de présenter un tel dossier et encore moins, le rendre “politique”. Par notre silence, ils ont cru que nous étions “récupérés’’. Le 13 avril 1977, s’ouvre une nouvelle page sur la vie des francophones hors Québec. La F.F.H.Q. rend public ‘Les Héritiers de Lord Durham”. Les réactions sont foudroyantes dans les média, dans l’opinion publique. Chez les politiciens: silence et conster- nation. Pour dégager cette torpeur, la F.F.H.Q. décide de rencontrer les chefs de partis: MM. Ed Broadbent, P.-E. Trudeau, Joe Clark, René Lévesque et Rodrigue Biron. -- Le 25 mai, le volume 2 de “Les Héri- tiers de Lord Durham” est rendu pu- blic. Les associations provinciales entre- prennent de rencontrer leurs politiciens a |’échelon provincial. Notre message est le suivant: -la si- tuation alarmante de décimation de nos communautés exige l’élaboration d’une politique globale de développement de nos communautés, pniee de multiples pressions, la F.F.H. Q. obtient une rencontre avec le} Premier ministre Trudeau le 31 mai - 1977. A notre regret. nous apprenons qu’au méme moment a Montréal, un haut fonctionnaire du Secrétariat d’Etat annoncait déja les résultats de notre rencontre avec le Premier ministre. Nous nous retrouvons au lendemain pris a transiger avec un comité intermi- nistériel qui ne correspondait pas a nos attentes. En créant un comité de fonctionnai- res (l‘on ne nous a jamais offert offi-