Nathalie Wulfert, une page d’histoire oubliée Maurice Paléologue, ambassadeur auprés de la Cour impériale de Russie, dit d’elle, lorsqu’il la vit pour la premiére fois :« Un ravisse- ment pour les yeux. Elle est tout charme et distinction. Ses yeux de velours rehaussent les traits purs de son visage. Chacun de ses gestes sont empreints de dignité et de grace. Elle est née pour étre reine.» Nathalie Wulfert avait vu le jour a Perovo, le 22 juin 1880, ville cossue de la banlieue de Moscou. Edt-elle deviné que, devenue adolescente, la nymphe qu’elle était, se transformerait en un __joli papillon marqué par le destin, elle n’eut pris son envol. Ambi- tieuse, assoiffée d’honneurs, l’Histoire l’attendait. Elle y entra et en paya le prix. Dans la vingtaine, alors qu’elle assistait 4 un concert, elle fit la connaissance d’un pianiste de talent, Sergei Mamontov disciple de Rachmaninov et ami de Chaliapine. Aprés de courtes fiangailles, Nathalie épousa Sergei qui était un homme charmant mais rangé, préférant l’intimité de son foyer et la compagnie de sa jeune femme au théatre Bolschoi, ot il se produisait souvent. Confinée a la maison, pour tromper son ennui, Nathalie prit I'habi- tude de sortir seule, confiant la garde de sa fille Tata. a une gou- vernante. Au cours d’une sortie Nathalie rencontra Wladimir Wulfert, officier de la garde de l’empereur Nicolas II : le Cuirassier Bleu. Wladimir n’était pas un total inconnu, pour elle. Tous deux s’étaient déja rencontrés lorsqu’ils étaient enfants. Les retrouvailles furent joyeu- ses. Waldimir fit la cour & Nathalie qui vit en lui homme idéal qui répondrait a ses aspirations. Voulant en finir avec son mari, en re- venant d’assister a une parade militaire, Nathalie lui annonga qu’elle le quittait et, sans plus attendre, demanda le divorce. Le divorce prononcé, Nathalie se remaria peu aprés. Wladimir, en raison de son grade - il était officier supérieur - était regu partout dans la société moscovite. Lors de bals ou de réceptions, la jeune femme, d’une incomparable beauté, attirait les regards de tous. On enviait le mari qui commit l’irréparable erreur de présenter sa jeune épouse au Grand Duc Michel Alexandrovich, frére du tsar 9