VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 2 février 1990 - 11 Rouen, ville-musée Par Jean-Claude Boyer Au réveil, le lendemain, je me sens tout rajeuni. Ma vie commence. Chocolat chaud, petits pains et confiture. Je me rends ensuite avec Mike et Louise a |’église Saint-Ouen (XIVe-XVe s.), considérée, elle aussi, comme un des joyaux de l'architecture gothique francai- se. Le soleil se laisse encore désirer. Vieilles maisons char- mantes. Et nous voici devant la jolie porte des Ciriers, ol se tenaient jadis les marchands de cierges. Je pourrais reprendre ici la série d’épithétes attribués a la cathédrale Notre-Dame. Tour centrale, porche des Marmou- sets; arcs-boutants, pinacles, chapelles rayonnantes a toitu- res indépendantes; statues de saints, de rois, de reines... Qu’il suffise d’ajouter: magnifiques proportions, harmonie, délica- tesse. C’est la, A mes yeux, un autre miracle architectural. Ainsi en est-il de |’intérieur. Vitraux du XlVe_ siécle, a l'exception d’une crucifixion moderne. Choeur fermé par de superbes grilles. Devenue mu- sée, léglise présente, a l'occasion du tricentenaire dela mort de Corneille, une exposi- tion de tableaux religieux deson époque. Nous passons d'un tableau a l’autre avec le sérieux de critiques. d’art. A la sortie, une affiche illustrant cet événement culturel sert de décor a des prises de photos entre nous trois. Nous allons visiter un troisié- me joyau de l’architecture gothique rouennaise: |’église Saint-Maclou (XVe et XVles.), a proximité de la cathédrale. Nombreuses maisons a colom- bages. Unedame agée fort laide sourit a son caniche en train d’arroser un mur; ses cheveux @bouriffés lui donnent l’air d'une folle heureuse. Devant .nous se_ dresse maintenant la facade de Saint-Maclou. Grand porche a cing arcades disposées en * €ventail. Deux des portails sont célébres pour leurs vantaux: petites tétes de lions en bronze, dessins d’inspiration paienne. Médaillons du portail central: circoncision, baptéme du Christ, Dieu le Pére avant et apres la Création. Un autre médaillon représente le Bon pasteur, motif soutenu par des statuettes; de jolies figures d’hommes et de femmes symbolisent |’Erreur (paganis- megréco-romain, religion égyp- tienne, islam). Avant de pénétrer dans |’édifice, nous nous en. éloignons pour admirer, avec la fléche du clocher moderne, sa structure d’ensemble. Monument de pur style flamboyant érigéen pleine Renaissance. Ravissant. A liintérieur, nous nous attardons principalement de- vant de splendides boiseries: choeur, buffet d’orgues (colon- nes de marbre), escalieravis. Je revois soudain dans mon esprit la petite église de Val-Limoges (Québec), village ou mes parents ont vécu une trentaine d’années. J’en fais part a mes compagnons, la comparant a une vulgaire boite a chaussures aupres de ces_ imposants chefs-d’oeuvre gothiques. Nos pas nous ménent ensuite a l’aitre Saint-Maclou, «un des derniers témoins des charniers de pestiférés du Moyen Age». Cranes, tibias et outils de fossoyeurs sculptés décorent sa facade. Macabre a souhait. Mike lance un trait d’humour noir, puis le couple décide d’aller faire des emplettes. - Serrements de mains, baisers et adieux, puisque je partirai dans quelques heures. De nouveau seul, je m’aven- ture au hasard dans d’autres vieilles rues pavées, étroites et tortueuses, ornées de fleurs et de fontaines. J’adore ces maisons a colombages plu- sieurs fois centenaires, hautes ou trapues, droites ou pen- chées, élégantes ou modestes. Toitures d’ardoises trés incli- nées, animées de lucarnes. Les murs les plus exposés aux intempéries sont également recouverts d’ardoises. Etages en encorbellement (avancée), par mesure d’économie et faute de place. Rues du Petit-Salut, St-Romain, Martainville, Da- miette, Beauvoisine, Thiers, des Bons-Enfants, du Petit- Mouton, Ganterie, aux Juifs... Palais de Justice: trés riche ornementation de pierre cise- lée. Et me voila enfin dans la rue du Gros-Horloge, au moment ou le soleil perce les nuages de ses premiers rayons. C’est ici, cela se sent et s’entend, le coeur et |’ame du vieux Rouen. Terrasses rem- plies de bons vivants, circula- tion piétonniére de festivités, charmes_ d’antan. C’est le domaine des marchands depuis le Moyen Age. (Rouen devint au XVle siécle une grande place financiére, et méme la deuxié- me ville francaise aprés Paris.) Belles maisons a pans de bois, gros pavés, jolie fontaine du XVile_ siécle et, enfin, le monument le plus populaire de la ville, le Gros-Horloge, ainsi décrit par le guide Michelin: «Flanqué d'une tour-beffroi, cet édifice Renaissance, enjambant la rue ~par une arcade surbaissée, est surmontée d'un toit apavillon alucarne. Chaque face présente un cadran dhorloge en plomb— doré richement orné... Le dessous de la vote est décoré d'une scéne sculptée représentant le Bon Pasteur et ses brebis, allusion a l'agneau de saint Jean-Baptiste — qui figure dans les armes de Rouen.» Jemetords le cou pour admirer ce dessous de voidte extrémement travaillé; il me rappelle que le précurseur du Christ fut choisi comme patron des Canadiens-francais, dont tant d’ancétres étaient ~ nor- mands. Je n’ai pas le courage de monter au beffroi, d’ot le panorama sur la ville, le port et les collines environnantes est sans doute admirable. (La coupole de ce beffroi abrite fe mécanisme de |’ancienne horlo- gede fer, l’unedes premiéres de France - X!Ve siécle.) Assis sur le pavé devant I’horloge et la fontaine, je calme ma faim avec une pomme, du camembert et un dernier morceau de baguet- te, tout en observant les multiples charmes de ce décor combien pittoresque . Eton- nant que Rouen ait su si bien conserver son rang de ville- musée en dépit des dommages considérables causés par les raids aériens au cours de la Deuxiéme Guerre mondiale. Je me mets ensuite a flaner ici et la, l'oeil a la recherche de cartes postales-souvenirs. En voici un bel étalage, particulié- rement sur les monuments gothiques et le «secteur sauvegardé», ainsi que des vues générales de «Rouen hérissé de fléches et de clochers». Une caricature intitulée «Rouen, le pot de la Normandie» présente un pot d’eau aux armes de la ville se déversant sur un toit. (De retour a Vancouver, me tombera sous les yeux, dans mon dictionnaire frangais-anglais, cette illustration d’un~ des emplois d’«arroser»: «Rouen est /a ville la plus arrosée de France.) Carte de Jeanne d’Arc en armures au sacre de Charles VIl. Une autre sur les célébres «faiences de Rouen». Que vois-je? «Permis de mal se conduire du pédéraste», accom- pagné d'une liste des «infrac- tions pour lesquelles le permis est valable». D'un tres mauvais gout. Coup d’oeil 4 ma montre. Je dois renoncer au Musée des Beaux-Arts, l’un des _ plus importants de France (Véro- nese, Delacroix, Monet...). Il abrite, dit-on, de nombreux portraits de J.-E. Blanche, qui prenait les grands écrivains Pe wy & Travaux publics Canada pour modéle. Retour al’AJ ot je me charge a nouveau de mon grand sac ados vert. Avant d’aller prendre le train de Dieppe, jem’arréte dans une boulangerie pour acheter une baguette. Il faut faire la queue. Quand vient mon tour, je demande a la serveuse de bien vouloir couper la baguette en quatre. «Bien sar.» Elle la coupe en deux. «Pourriez-vous_ la couper en quatre, sil-vous- plait?» «Mais bien sar, répond- elle. Il fallait | ‘dire! Vous savez, /'suis pas a un coup d’couteau prés.» Elle dépose les quatre morceaux sur le comptoir. «Est-ce que j'pourrais avoir un sac? - Ah ¢a, par exemple! j peux I’couper mais sil fallait donner un sac en plus! Le pain, y est déjapas assez cher! - C'est lapremiére fois qu'on me refuse denvelopper du pain. - Y faut bien une premiére fois a tout! - Merci, Madame. Au revoir. - Au revoit, Monsieur.» Trop aima- ble, cette dame. Je lui décoche un sourire narquois, les yeux plissés. En sortant, j’apercois, de l'autre cdté de la rue, Mike et Louise se tenant par la main. «Salut les amoureux!» Serre- ments de mains et baisers renouvelés. Je souhaite aux nouveaux €poux quills se délectent encore longtemps de lait et de miel, et qu’ils jouissent d'une longue vie de bonheur entourés de nombreux petits Baiani-Bérubé. lls me souhai- tent aleur tour de faire, comme Ulysse, un beau voyage. unicef ® Public Works Canada Bail: un an locaux. Service de location-bail Travaux publics Canada 1166 rue Alberni Vancouver (C.-B.) V6E 3W5 _ Dubuque au (604) 666-8157 EXPRESSION D'INTERET LOCATION-BAIL LOCAUX POUR BUREAUX ETENTREPOSAGE STATISTIQUE CANADA DISTRICT REGIONAL DU GRAND VANCOUVER Exigences: une surface corrigée d'environ 557 m2 (6000 sq. ft) de bureaux et 1858 m2 (20000 sq. ft. ) pour entreposage. Situation: les locaux proposés doivent étre situés dans des batiments de la région du Grand Vancouver. Date de possession des lieux: le ter novembre 1990. Toute partie intéressée doit répondre par écrit avant le 9 février 1990 a 14 heures (heure locale). Toutes les réponses doivent mentionner le nom del offrant, sa qualité, |'adresse des locaux au cadastre et la description légale des lieux et étre accompagnées d'un plan des Les offrants de locaux convenables recevront une copie du bail de la Couronne et les exigences requises. L’offre formelle de location-bail soumise a la Couronne devra étre établie selon les termes et conditons de ces documents. Pour de plus amples renseignements veuillez appeler: M. Maury Remarque: les réponses doivent étre soumises par écrit par le propriétaire ou son agent ddment accrédité. Article 23 Les ministres de l’Education pourraient en parler cette année OTTAWA (APF): Les minis- tres provinciaux de |’Educa- tion pourraient discuter dés cette année de |’éducation en frangais et de |’application de l'article 23 de la Charte portant sur les droits a ‘instruction dans la langue de la minorité au pays. A la suite d’une rencontre avec les représentants de la Commission nationale des parents francophones (CNPF), Le Comité de liaison du Conseil des ministres de Education du Canada (CMEC) devrait recommander d’inclure ce sujet a l’ordre du jour d’une prochaine rencon- tre des ministres. Le directeur général de Ja CNPF, Paul Charbonneau, s’est dit enchanté par les résultats de cette premiére rencontre. Ce serait en effet la .premiére fois _ depuis l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, que le Conseil des ministres de |’Education se pencherait sur les droits en éducation de la minorité francophone recon- nus dans |’article 23. La Commission a trouvé un allié de taille en la personne du ministre de |’Education du Québec, Claude Ryan, qui souhaiterait que les minis- tres discutent non seulement de l’enseignement aux com- munautés francophones hors Québec, mais également de l’enseignement a la commu- nauté anglophone au Qué- bec. «On sent quon aun allié en Claude Ryan» a reconnu sans hésitation M. Charbon- neau lors d'une conversation téléphonique. L’autre recommandation de laCNPF, soit la création d'un comité de travail conjoint sur l’application de l'article 23, n’a pas trouvé preneur parmi les sous-ministres de |’Edu- cation de |'Ontario, de la Nouvelle-Ecosse, et de la Saskatchewan, de méme que | les ministres de |’Education de la Colombie-Britannique et du Québec qui étaient présents a cette réunion. Les ministres de |'Educa- tion se réuniront en février et en septembre.