2 - Le Soleil de Colombie, vendredi 8 juin 1990 - EDITORIAL Les Canadiens connaissent peu le cantenu de |’Accord du lac Meech, a commencer peut-étre par les Québécois. Pour eux, le fait que’ l’Accord déplaise tant aux anglophones justifie amplement leur conviction qu’il est nécessairement bon pour le Québec. A l'inverse, l’entente est forcément mauvaise pour les anglophones puisqu’ils estiment que tout ce que les Québécois considérent comme bon pour eux ne peut |’étre qu’au ‘détriment du reste du pays. Pergue comme étant a l’'avantage du Québec, |’entente ne peut donc étre qu'une capitulation du Canada anglais face a une province qui en veut toujours plus que les autres. Ainsi raisonne le bon peuple de notre pays bien-aimé! «Une langue unit, deux langues divisent». Tout semble désormais réduit a ce principe, alors que le contentieux Québec-Canada n’existe fondamentalement que sur les questions ol les dimensions linguistiques et culturelles sont au centre des débats. Dans tous les autres dossiers, aussi 6pineux soient-ils, jamais le Québec ne se dresse seul contre toutes les autres provinces. Pour les anglophones, le Québec est incontestablement Venfant gaté, le «chouchou», de la Confédération. || suffit qu'il demande a Ottawa pour qu’il obtienne l’objet de ses désirs. Dans ces conditions, pourquoi aurait-il droit en plus a un statut constitutionnel particulier?, se disent-ils. De leur cdté, les Québécois'sont persuadés du contraire. lis sont les victimes du systéme. A les écouter, leur histoire n’a été qu’une 6ternelle confrontation avec la majorité anglophone. Bien entendu, ils ont toujours étéles dindons de la farce. D’un cété comme del’autre, chacun s’acharne a concevoir la dualité comme une source de conflits a l’intérieur du pays. Les préjugés et la mauvaise foi des uns se heurtent aux préjugés et la mauvaise foi des autres. C’est toujours l’autre qui a tort, qui est responsable, qui est coupable. Des deux cétés, on détient la vérité, sa vérité, une vérité sans nuances, essentiellement basée sur une simplification et une déformation des faits. Que n’a-t-on pas lu et entendu comme Aneries depuis trois ans! Et le fait qu’elles aient souvent été 6crites ou dites avec les meilleures intentions n’offre rien de particuliérement consolant... Si Meech ne passe pas, le pays est menacé d’«éclatement», Meech: la quadrature du cercle dramatise-t-on aujourd'hui. L’Accord a décidémént pris des proportions qu’il ne mérite pas. Et pour dénouer |’ impasse, sauver |’Accord et le pays, voila maintenant que les premiers ministres s’alignent sur la réforme du Sénat, une idée folle, un projet qui date des premiers balbutiements de la Confédération, un projet qui va totalement a l’encontre du sort quelaplupart des pays modernes réservent actuellement a cette institution. Nos élus sont en train de réinventer le bouton a quatre trous! L’objectif de cette réforme est d'instaurer un Sénat élu, égal, efficace, c’est-a-dire de renforcer les pouvoirs des provinces - notamment celles de |’OQuest - au détriment de ceux du Québec et de |’Ontario qui, dans le systéme proportionnel actuel, bénéficient d’un plus grand nombre de sénateurs - donc de pouvoirs - a Ottawa. Sauver Meech en capitalisant sur la réforme du Sénat, c’est mettre de I’huile sur le feu. Pourquoi le Québec, qui se dit constitutionnellement mal servi, l@cherait-il du lest et acceptarait-il de modifier et de réduire ses pouvoirs pour sauver un Accord dont les dispositions sont, dit-il, déja un. minimum? Que gagnerait-il au change? Démographiquement en perte de vitesse, pourquoi accélererait-il le processus de perte de pouvoirs ot actuellement seul le temps travaille contre lui? Vu d'ici, tout cela ne semble décidément pas trés sérieux. Meech mort et enterré sera sOrement pergu par de nombreux Québécois comme un échec et une humiliation de plus. Mais avec ou sans reconnaissance constitutionnelle, cela ne les empéchera pas de fonctionner comme ils |’ont toujours fait. Quant au concept de «société distincte», ils pourront toujours lui donner le contenu qui leur convient et |’interpréter selon des critéres que n’aurait.sans doute pas autorisés le cadre constitutionnel. Voila au moins un aspect sur lequel le Québec pourra capitaliser et que Meech était loin de lui assurer. Face aux trés hypothétiques conséquences d’un éventuel succés de Meech, le climat actuel indique qu’un échec est encorelasolution la meilleure et laplus sage pour le Québec et pour l|’ensemble du pays. L’Accord n’a aujourd’hui plus aucune signification pour la plupart des Canadiens. Dépassési, a la remorque de |’opinion publique, on se demande pourquoi les premiers ministres en sont encore a discuter d’un sujet sur lequel la population a déjatiré un trait. Voila qui en dit long sur leur légitimité et leur crédibilité, et sur la faillite du fédéralisme, un systéme évolutif qui, décidément, n’évolue plus. Patrice Audifax Autonomie des Acadiens: Le point mort CARAQUET (APF): La Société des acadiens et des acadiennes du Nouveau-Brunswick devra options politiques pour les Acadiens, il s’agit de la seule résolution issue dece forum qui. que et administrative s’inscrira dans la préparation d’un nouveau contrat social, ou COURRIER Monsieur Weiner, Les jeunes Franco-colom- biens se rallient pour vous exprimer un message de crainte et d’insécurité vis-a-vis de leur avenir. La jeunesse Franco- colombienne est-elle un oiseau rare, une espéce en voie de disparition sans abris (Maison de’ la_ Francophonie)? Pas besoin d’étre magicien ou prestidigitateur pour faire dis- paraitre les jeunes Franco- colombiens de la scéne de la Francophonie Canadienne. Mais un peu de magie serait le bienvenue pour contrer son assimilation. La jeunesse franco-colom- bienne, c’est la reléve de la francophonie et sa survie en Colombie-Britannique. Est-ce que le Gouvernement Fédéral s'est déja prononcé en faveur d’un avortement et ses consé- quences? Est-ce que les animaux en danger d’extinction ont droit a plus d’attention que les jeunes franco-colombiens menacés de disparaitre? Voila beaucoup de questions que les jeunes franco-colom- biens et leur organisme porte-parole, le Conseil Jeunes- se Franco-colombien se posent tout simplement. Une insatis- faction générale existe parmi les jeunes par rapport a la subvention d’opération de base accordée au C.J.F.C. par le Secrétariat d’Etat du Canada. pT Ae tice ~ | Cette réponse. du Gouverne- ment Fédéral face aux besoins qu’ont exposés les jeunes francophones de la Colombie- Britannique est inadéquate. Monsieur Weiner, les jeunes franco-colombiens font un dernier appel a votre bon jugement pour déclencher le processus de réévaluation de leurs besoins fondamentaux. Nous aimerions vous rencontrer pour discuter des différentes possibilités de résoudre nos problémes. Veuillez agréer, Cher Mon- sieur Weiner, nos salutations les plus distinguées. accentuer ses démarches en vue de favoriser le concept d’auto- nomie politique et administra- tive, en mettant en place un mécanisme de concertation communautaire et sectorielle qui pourrait mener, 4 moyen terme, a une autre convention dorientation nationale. Malgré le theme de la réunion annuelle de cet organisme qui promettant de discuter des Vincent Pigeon B.A., L1.B. Hean, Wylie, & Cie Avocats & notaires 1501-4330 Kingsway, Burnaby, C.B. V5H 4H9 Télécopieur: (604) 434-7707 Téléphone: (604) 434.5784 traite d’une option quelconque. La réunion qui a regroupé environ 200 participants a Caraquet en fin de semaine derniére a été plutdt terne et la prudence était de _ mise. L’assemblée, ou la confusion a parfois semblé régner, n’a pas ‘mené aux discussions atten- dues par observateurs. la plupart des Une résolution demandant ala SAANB d’appuyer la création d'un mouvement autonomiste pour les Acadiens, a |’extérieur de la SASNB, a par ailleurs été déposée car elle aurait de toute fagon été battue. Les partici- pants au congrés annuel ont prétendu que d’appuyer un mouvement autonomiste pour- rait créer la confusion chez la population acadienne. Les dirigeants de la SAANB. ont par ailleurs soutenu quele réle dela Société est de travailler vers une plus grande autonomie pour les Acadiens. La concertation communau- taire et sectorielle sur la question de l’autonomie politi- projet desociété, pour le peuple acadien. On se souviendra que les Acadiens s’étaient réunis en convention d’orientation natio- nal pourladerniére fois en 1979. C'est l’option de la province acadienne qui en était ressortie. D’autre part, le sentiment d’urgence par rapport a la crise constitutionnelle au Canada n’a pas semblé gagner la SAANB lors de ses assises annuelles. Le président réélu de |’orga- nisme, Réal Gervais, a déclaré en conférence de presse a issue de la réunion que son | organismen’apas encore étudié les options possibles advenant | l’€chec du lac Meech. Dans un autre ordre d'idées, le président du Conseil de Gestion du Nouveau-Brunswick, Gérald Clavette, a soutenu que les options politiques de tout un peuple sont de plus en plus contrélées par |’économie. «// y a de ces options qu'on n’a pas les moyens de se permettre» a-t-il soutenu. Méme s'il n’a pas complétement écarté |’option de la dualité dans les ‘Suite page 5 Nicole Lizée Présidente ig solgn |_arGebok Le seul journal en frangais de la Colombie-Britannique: Président-Directeur: Jacques Baillaut Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste responsable de l’‘APF: Yves Lusignan Photocomposition: Suzanne Bélanger Coordonnateur administratif: Jacques Tang Journaliste-Coopérant: Francois Limoge Publié par le Soleil de Colombie Ltée. 980 Main, Vancouver, V6A 2W3 Re 683-7092 | PPE SO Ph 1683-6487 Fax: 683-9686 Abonnement 1 an: Courrier de 2éme classe Canada, 20$ - Etranger, 25$. Numéro d’enregistrement: 0046 Les lettres adressées au Soleil de.Colombie par ses lecteurs doivent étre lisiblement signées par leur(s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte s'il est trop long: Les lettres doivent étre accompagnées d'un; numéro de téléphone et d'une adresse afin de pouvoir, au besoin, communiquer avec nos correspondants. 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