ARTS Ei GPeECTACLES: Le Soleil de Colombie, vendredi 18 mai 1990 - 11 Festival des enfants Au royaume des bambins ll existe un dieu des enfants. Aprés étre tombée, sans cesse, pendant deux jours, la pluie s'est arrétée miraculeusement lundi matin pour le plus grand bonheur des organisateurs, des artistes et des _ centaines d’enfants qui courent, dés le premier jour, sur les pelouses vertes du parc Vanier. Dans une interminable ronde, les bus jaunes déversent des flots de bambins, trés excités a|’idée de pénétrer dans ces immenses tentes blanches ot se produi- sent les artistes. La compagnie Chadi_ k’azi Dance est l’une des premiéres a étrenner la scene avec son spectacle «Les indiens de la plaine». Sous le chapiteau no 4, les gradins sont combles. Une marée de petites tétes blondes découvrant avec fascination ces indiens habillés dans leurs costumes traditionnels. Une véritable débauche de couleurs vives ol se mélent le rouge, le blanc, le vert des plumes et les tons ocres des mocassins et pantalons de peaux. Petites réticences des enfants lorsque ces grands hommes affublés de leurs immenses coiffes invitent plusieurs spec- tateurs a venir participer a leurs danses. Et puis rapidement, l'appréhension fait place a une irrésistible envie de partager l’enthousiasme des danseurs. Lors d’une ronde, plusieurs bambins montent, ainsi, spon- tanément sur scene. Dés les débuts, le ton du festival est donnée. Mais la féte n’est pas seulement sous les chapiteaux. Les enfants se pressent sous la tente intitulée «Le marché de l‘imagination». Ils en ressortent le visage grimé, déguisés en clown, en chat ou _ autre personnage né de leur inspira- tion. A quelques pas, c’est le coin des apprentis musiciens. Un atelier ot les enfants donnent libre cours a leurs rythmes musicaux sans avoir a redouter les foudres des voisins. Et puis, il ya également l’espace des bricoleurs et autres artistes qui manient avec dextérité le pinceau ou le pot de colle. Autant d’activités qui font le bonheur de ces écoliers. Une féte qui va durer plus d’une semaine et qui affiche un programme tres alléchant. On peut citer, ainsi, Matt Maxwell, l’inventeur du rock'n'roll kazoo ; le théatre de |’Oeil avec son spectacle «Bonne féte Willy», la chanteuse Charlotte Diamond qu’on ne présente plus; Tomas Kubinek, clown, magicien, acteur présentant un show hilarant; sans oublier les danses_ brésiliennes de la compagnie Capoeira de Santa- na et les marionnettes japonai- ses dela troupe Play to play. La liste est bien trop longue et la meilleure solution reste encore dese rendre au parc Vanier pour découvrir tous les bijoux de ce festival. Francois Limoge L] Festival des Enfants - Jus- qu’au 21 mai - Parc Vanier, 1100 Chestnut Street (prés du pont Burrard) - Parking gratuit - Pour toutes informations, _ tél.: 280-4444. 5; Festival du film de série B au Vancouver East Cinema Le rejeton dévoye Pour tous les_ cinéphiles amateurs decegenre6 combien particulier qu’est le film de série B, letemps atoutes les chances de s’arréter a partir du 18 mai. Jamais en manque d’excellen- tes idées, le Vancouver East Cinema leur a réservé 10 jours d’intense bonheur. De quoi délaisser, pour un temps, mari ou femme, enfants et travail, pour se retrouver dans la salle obscure et s’user le regard jusqu’a la rétine. La série B est un peu le vilain petit canard de la profession, Vidiot dela famille quel’on tente de cacher dans les grandes occasions. Un genre qui se distingue avant tout par de cocktail explosif de sang, d’horreur, de suspens, de sexe et d’humour. Si la série B est l'enfant batard du cinéma avec un grand C et du mauvais goit, ellen’en posséde pas moins ses différents genres, tous diment représentés au _ festival du Vancouver East Cinema. En premier lieu, il yal’horreur. «La contesse Dracula», «Le baiser du vampire», «Maniaque», ces quelques titres tirés du pro- gramme donnent a eux seuls un avant-godt du spectacle. Et puis, il y a les créatures plantureuses de |’incontourna- ble Russ Meyer («Supervixens» ou «Beyond the valley of the dolls»). Enfin, on retrouve également la science-fiction et ses terribles petits hommes verts («It came from outer space»), sans oublier bien entendu le policier auquel «Helsinki Napoli all night long» rend hommage (voir article encadré). La liste qui précéde est loin d’étre exhaustive, alors un seul conseil, précipitez-vous au Vancouver East Cinema. Francois Limoge Deuxiéme festival annuel du film de série B du 18 au 27 mai - Vancouver East Cinema 2290 rue Commercial, tél.: 253-4198. Possibilité d’ache- ter une carte pour 30 dollars: donnant accés a 10 films. faibles budgets et une certaine déviance vis-a-vis des critéres traditionnels du film diart. Seulement, privés de moyens, les réalisateurs ont fait marché leur matiére grise et laissé libre cours a une _ imagination débridée. Pour le meilleur et pour lepire.Dés lors,qu’elle soit volontaire ou le résultat d'ambitions démesurées, la dérision n’en reste pas moins omniprésente. On rit de ces pales copies du film d’horreur, on s’esclaffe devant ces mons- tres de carton pale qui ne terri- fient méme plus les enfants: Dans un style aussi léger qu’une moissonneuse-batteuse lancée sur les plaines de la Saskatche- wan, la série B multiplie les clichés: professeur fou dont le génie dérape vers le mal, gangster au chapeau mou et ala gachette facile ou splendides créatures aux formes aussi «Helsinki Napoli all night long» n’est pas un film de série B, c'est un hommage rendu a la série B, et plus particuliérement au film policier. Toute la finesse du réalisateur Mika Kaurismaki est d’avoir célébré, avec humour, un genre qui nes’est jamais pris au sérieux. Plus qu’une marque de tact, cette approche est la preuve du respect et de |’admiration qu’éprouve le cinéaste finlan- dais pour ce type de films. Mais Mika Kaurismaki n’a pas voulu réaliser une pale copie d'histoire de gangsters dans le Chicago des années rebondies que dévastatrices. Un « Helsinki Napoli All night long » Hommage au polar 30. Pour situer son intrigue, il a choisi le Berlin-Ouest des années 80, navire occidental perdu dans les terres froides de |l’Est, tour de Babel européenne qui bridle ses nuits pour oublier sa condi- tion d’exilée. Le Mur impo- sait encore, alors, sa fagade imposante et check point Charlie était un poste frontiére comme les autres avec ses sinistres Vopos (gardes - frontiéres Est- allemands) et ses chevaux de frise. Un décor résolument actuel Suite page 12 J.J Crashbang Un mime qui ne mache pas ses mots Au festival des enfants, il y a les artistes connus et ceux qui le sont moins mais aspirent a l’6tre et possédent toutes les qualités pour le devenir. Jean-Jacques Plante, alias J.J. Crashbang, appartient a cette seconde catégorie. La preuve qu'il y a de la graine d’artiste chez ce québécois de 30, elle se lit sur tous les visages d’enfants. II faut les voir rire aux éclats et se presser sur le bord de scéne pour comprendre que Jean-Jacques vise juste avec son spectacle. Un show d’une trentaine de minutes ou J.J. Crashbang le magicien est a la fois clown, acrobate, mime, funanbule, pécheur au gros ou cycliste Sur une roue. Lundi apres-midi, il n’était au début qu’une poignée a _ regarder, assis dans I’herbe, ce dréle de bonhomme multiplier ces pan- tomimes. Et puis, rapidement, petits et grands ont envahi le terre plein. Bourré de talents, Jean- Jacques Plante n’en a pas moins appris le métier aprés avoir été «piqué par /a passion du spectacle» un beau jourde sa 21éme année: «J'ai étudié un an dans une école de Comédial del! Arte en Californie et j'ai passé un hiver a |’6cole du cirque de Montréal». Sans oublier la trés bonne école du théatre de rue. Formation aux racines muiti- ples qui lui fait repousser toute étiquette: «Je ne veux pas étre classé comme un clown. Méme Si j'ai un nez rouge, je ne vends pas des hamburgers. Ce que j'ai voulu faire, c'est donner un sens plus théatral aux figures de cirque». D’un caractére bien trempé, cet oiseau de scene qui n'aime pas les cages dorées - «J ‘aurais pu travailler pour un cirque OU une compagnie de théatre, mais je préfére | 'indé- pendance» - s'est lancé a corps perdu dans la création, au prix de centaines d’heures de travail: «Quand on crée un spectacle, il y a toujours un risque. Mais on ala satisfaction immédiate de voir si cela marche ou pas. Il ne faut pas attendre cent ans». Impatient quant alasanction du public, il sait par contre que la reconnaissance est parfois. longue a venir: «il faut persévérer». Mais J.J. Crash- bang n’en nourrit pas moins quelques espoirs secrets : «Mon réve ultime serait de faire une tournée internationale. Le mime est une animation universelle, mais il nécessite un spectacle tellement clair que tout le monde puisse comprendre». Ambitieux certes, J. Jacques reste, cependant, modeste: «Le spectacle est avant tout un travail de groupe. /I faut citer Gerardo Avila, mon metteur en scéne, Anita, la musicienne, Andrée Dufort, une costumiére fantastique et Serge Morneau, régisseur de plateau». Dont acte. F.L. J.J. sera dimanche 20 mai, 4 14 heures, sur la scéne de pplein-air. Et toute la semaine, il réalise des anima- tions dans le parc Vanier. APPUYONS ie ae cama i