10 Le vendredi 10 octobre 1997 s()LEIL En quéte d’une solution miracle orsqu’ils sont aux prises avec un probléme qui per- dure, dont les causes sont complexes et pour quel il n’existe pas de solution simple et rapide, les dirigeants politiques ont tendance & essayer de trouver un reméde miracle qui donnera Vimpression quils ont = mené leur dossier de main de maitre. L’importance du ché- mage chez les moins de 25 ans constitue un bon exemple de ce genre de probléme. Le taux de chémage dans ce groupe d’age atteint prés du double de celui de ensemble de la population. Cette situation, qui semble sans issue, est devenue un important sujet de préoccupation pour les gens d’affaires et les intervenants sociaux. Durant la derniére campagne fédérale, il a souvent été question du chémage chez les jeunes, et le premier ministre avait alors promis que, s’il était réélu, il ferait quelque chose pour remédier a la situation. II semble que le « quelque chose » en question ait pris la forme dun programme de 90 millions de dollars, destiné a créer des emplois pour les jeunes. Une partie des fonds affectés Aa ce programme servira a l’embauche de jeunes gens pour la fonction publique. 3 eee Les_problémes fonction publique mis a part, le programme de création d’emplois pour les jeunes souléve de nombreuses ques- tions. En effet, le chémage élevé chez les jeunes n’est pas seulement un phénoméne passager, comme ce pro- gramme semble le suggérer. Méme si l’on parvenait a éliminer le chOmage chez les jeunes aujourd’hui, — la génération de demain ne serait pas nécessairement épargnée par ce fléau. Or, le programme ne prévoit pas de mesures propres & remédier a cette situation. Education = emploi Parallément & V’annonce du gouvernement quant A son Pe Sy iets pas la de. qu: de la programme de 90 millions de dollars, Statistique Canada publiait un document sur la scolarisation des jeunes. Encore une fois, les données ont démontré que moins une personne est scolarisée, plus elle risque de connaitre des périodes de chédmage prolongées et, si elle travaille, plus son revenu sera faible. Aussi longtemps qu’un nombre important d’étudiants quittera l’école avant d’avoir complété au moins leur secondaire, notre société devra composer avec un chémage élevé chez les jeunes. En outre, ce chomage ne peut qu’augmenter, puisque le nombre d’emplois pour les travailleurs non qualifiés diminue constamment, tant en nombres absolus qu’en proportion. Rien n’a été prévu dans le programme pour contrer les effets de ces facteurs sur la situation de l’emploi a long terme chez les jeunes. Il n’y a oi _s’étonner lorsque l’on sait que le suivi de ce genre de dossier prend du temps, plus de temps qu’il ne s’écoulera’ d'ici les prochaines élections. Pour leur part, les électeurs attendent du gouvernement qu’il régle a coup d’expédients — un probléme dont la complexité ne permet pas une résolution rapide. Alors, mieux vaut pour celui-ci avoir lair de faire quelque chose, méme si ce quelque chose n’aura que des effets négligeables. -L’on aurait pu consacrer au moins une partie des budgets 4 des programmes visant A intervenir sur les facteurs ayant une portée a long terme sur l’emploi. En effet, nous devrions nous interroger sur les raisons qui font que les jeunes quittent l’école avant d’avoir terminé leur secondaire. Est- ce parce que les programmes Scolaires ne sont pas intéressants ? Parce que les enseignants manquent de dynamisme ? Quels résultats pourrait-on attendre d’un projet-pilote offrant des récompenses aux directions d’école et aux enseignants qui réduiraient le décrochage ? Programme a l’essai Il est extrémement rare que Il’on ait recours & Pexpérimentation dans la fonction publique ou dans des programmes financés par PEtat. L’on craint que de telles dépenses ne soient jugées extravagantes ou que la décision d’aller de l’avant avec ce genre de projet soit considérée comme de la mauvaise gestion. En outre, pourquoi prendre des risques -puisque, dans la plupart des — cas, il n’existe pas de systéme récompensant les innovations qui réussissent. Dans ces circonstances, le programme de création d’emplois annoncé par le gouver- nement, méme_ s'il est nettement insuffisant, représente probablement la moins mauvaise des solutions a laquelle Ton pouvait s’attendre. L’annonce de ce programme aurait dda toutefois nous. amener & soulever les points suivants : Quels résultats le gouvernement prévoit-il obtenir 4 long terme ? Qu’est- ce qui lui permet de penser qu’il obtiendra ces résultats ? Ce programme a-t-il été mis au point en collaboration avec les gouvernements _ pro- vinciaux qui sont —_res- ponsables de l’éducation et de la formation, ou reléve-t-il uniquement du gouvernement fédéral ? Le programme sera-t-il appliqué dans tout le pays ou, en priorité, dans les régions ott le chémage chez les jeunes est le plus élevé ? A--on considéré d’autres solutions de rechange ? Quels sont les critéres qui ont prévalu dans le choix de la solution adoptée ? A Vere des compressions budgétaires que nous connaissons, l’électorat ne doit plus se contenter d’accepter les largesses de ses dirigeants politiques. [1 doit apprendre A accorder A un champ d’activités pour lequel il doit verser 0,40 $ sur chaque dollar gagné, la méme attention que celle qu’il accorde au choix d’un article au supermarché ou d’un film au vidéoclub, Il est temps de faire preuve, a l’égard des services gouvernementaux, du méme esprit critique que celui que nous montrons 4 l’égard des produits de consommation. Davip E. Bonp Ce Bulletin économique, qui est rédigé par M. David E. Bond, vice- président, affaires gouvernementales et relations publiques, et économiste en chef 4 Ia Banque Hongkong du Canada, exprime ——_ l’opinion personnelle de Vauteur sur’ les derniers événements économiques, laquelle n’est pas nécessairement celle de la Banque Hongkong due Canada et de son — conscil @administration. Ce Bulletin ne consutue nullement une étude exhaustive de tous les faits nouveaux nt n’est publié dans Vintention de fournir des conseils financiers. Nous recommandons aux lecteurs de communiquer avec un expert-conseil avant de prendre toute décision que ce soit, fondée sur les commentaires de notre économiste en chef. Cette publication ne peut étre reproduite, en entier ou en partie, sans Vautorisation écrite de la Banque Hongkong du Ganada. Canadii « Rien ne sert de court, il faut partir a point. » Obhig: Jean de Lafontaine wtions dépargne du Canada Un élément important de votre planification financiére. Batissez sur du solide. En vente jusqu’au |“ novembre