Un projet d’édition: le projet Lempfrit, OMI En 1981, un projet d’édition de documents historiques inédits, fut entrepris a la SHFC. Il s’agit de manuscrits peu connus du Pere Honoré, Timothé LEMPFRIT (1803-1862) Oblat de Marie Immaculée, qui comprennent un journal de voyage “Sur la Piste de l'Orégon” — de St-Louis du Missouri au Fort Vancouver, en Orégon (1848) — et huit lettres du Fort Victoria sur I’Ile de Vancouver (1849-1850). Ces documents sont d'un intérét considérable pour I’historien et plus encore, pour l’historien francophone! En effet, s'il existe un trés grand nombre d’écrits d'un caractére historique sur la Piste de l'Orégon, certains de personnes illustres méme, (tel le Journal du Prince Maximilien (1833-1834) et celui de Francis Parman (1846) ), aucun ne peut étre comparé au Journal du Pére Lempfrit. Ce manuscrit de 76 pages (de format légal) est l’oeuvre d’un humaniste d’une grande sensibilité et d’une formation intellectuelle des plus completes, doublées d’un don d’observation qui en font un chroniqueur remarquable. Chaque jour des six mois de son voyage, commencé le 11 mai 1848, le Pére Lempfrit fait une narration fidéle, précisant tantét une particularité de la flore ou de la faune, tantét la configuration géologique des lieux; il dépeint artistement les paysages qu'il découvre et décrit avec sensibilité et non sans humour 4 I'occasion, les situations particuliéres de la caravane, les incidents, les maladies de ses compagnons de voyage et les plantes qu'il utilise pour les soigner (il connait, en effet, la médecine) et qu'il compare aux plantes d’Europe, les moeurs et les coutumes des amérindiens rencontrés. En juin 1849, il est transféré de la Mission de l’Orégon au Fort Victoria, sur I’Ile de Vancouver, a la demande de Monseigneur Francois Norbert Blanchet, archevéque de l’Orégon. Le pére Lempfrit est missionnaire sur I’Ile de Vancouver jusqu’en 1852, a servir les engagés Canadiens- francais employés par la Compagnie de la Baie d’Hudson, mais surtout oeuvrant parmi les Indiens auxquels il s’attache profondément. I y est le premier maitre d’école et enseigne aux Indiens aussi bien la foi chrétienne et les hymnes et rites liturgiques que la fabrication des balais et la vannerie. Pour les besoins de sa mission, il se méle, a l'occasion, de politique et des affaires administratives de la colonie, non sans antagoniser le Gouverneur Douglas. Sa correspondance du Fort Victoria, dont on ne connait, a ce jour, que huit lettres (sept d’entre elles adressées A son supérieur des Missions de l’Orégon, le Pére Pascal Ricard, et la huititme aux Soeurs Grises de Montréal, 28 pages manuscrites au total), décrit la vie au fort durant les huit premiers mois du développement fébrile de la colonie. Au point de vue historique, ces documents sont des plus intéressants en ce qu’ils donnent un témoignage crédible de l’ambiance régnant au Fort Victoria a cette €poque mouvementée: la ruée vers l’or de Californie causant la désertion des engagés, la guerre de la tribu des Cayuses et l'immigration des Américains de 1’Est vers l'Ouest. La correspondance du Pére Lempfrit fera l'objet d'une premiére publication “Correspondance du Fort Victoria 1849-1850”, prévue pour le printemps 1984. Selon les termes de la Constitution de la SHFC, une telle publication sera faite dans les deux langues officielles, et comprendra, en plus des textes des manuscrits, des notes éditoriales et explicatives extensives, mettant en perspective un tel document. La recherche, la traduction et le travail d’édition des manuscrits du Pére Lempfrit ont été réalisés, dans leur totalité, par Mesdames Patricia Meyer, historienne (diplémée de l'Université de C.B.) et Catou Lévesque, avec l’autorisation et le soutien des Péres Oblats de Marie Immaculée, plus particuliérement du Pére Gaston Carriére, écrivain et archiviste chevronné. Les ouvrages seront publiés avec des illustrations originales de Michel Pilon.