Au témoignage d’Héléne Comay, la maternelle sti- mule l’enfant autrement que par exemple, entre une pro- menade au parc avec sa mére et une excursion dans la na- ture avec des copains ! Les enfants de trois et de quatre ans peuvent partager A la maternelle mille expérien- ces captivantes qu’ils ne sauraient vivre ailleurs. Que trouve l’enfant dans une bonne maternelle coo. pérative ou dans un établis- sement qui favorise les re- lations étroites entre l’école et le foyer, comme celui d’Héléne Comay9 Daisy Dotsch, directrice de lama- terneile coopérative Vau- ghan, 4 Toronto, et chef de file du mouvement coopéra- tif des parents au Canada, V’explique ainsi : ‘*L’enfant de quatre ans, dans une clas- se de vingt, ne peut jamais €tre négligé lorsque quatre adultes au lieu d’un seul s’ intéressent A son bien-étre. ¢ C’est dire que sa mére (ou son pére, sa grand-mérou une tante) est toujours sur les lieux ; elle peut vrai- ment comprendre ses amis, son €moi devant un souri- ceau, l’accompagner 4l’éra- bliére et lui parler de tout’ cela. [1 s’apercgoit que les adultes en apprennent aussi et que chacun différe des autres, donnée fort pré- cieuse. I] trouve toujours au besoin un giron ot se réfugier, une oreille atten- tive. Il partage le plaisir de l’accordéon dont joue le pére de Marco et qu’il lui laisse essayer, les marion- nettes qu’apporte une autre maman, il gotte les mets marocains de nouveaux im- migrés. S’il a des difficultés a cause d’un manque de maf- trise ou d’angoisses inhibi- trices, la jardiniére expé- rimentée trouve des alliés dans les parents-auxiliai- res, qui peuvent veiller 4 ce le foyer. Quelle difference, | ma, et aviation.’? (Nous ajoute- rions aujourd’hui la télévi- sion, et la plus stimulante émission éducative de l’heure pour les enfants, ni soeur, étendu d’autre part » par les techniques qui dé- fient l’espace ; radio, ciné- téléphone, automobile ‘Sesame Street’’, au réseau anglais de Radio-Canada). Au temps des familles nom- breuses, signalent les au- teurs, quelqu’un a4 proximité pour s’occuper de l’enfant d’age préscolaire et le guider par étapes dans 1’élargissement de son univers. La famille est devenue moins nombreu- se, le foyer plus exigu, le monde extérieur plus dange- reux. Le fardeau de l’enfant d’Age préscolaire retombe il y avait toujours surtout sur la mére, et la maternelle procure un mi- lieu sQr et stimulant qui leur permet de se séparer pour un temps. C’est l’une des meilleures raisons d’envo- yer l’enfant A la maternelle, et nulle mére ne devrait a mon sens en éprouver de culpabilité. Toutefois, depuis quelques années, les discussions sur la maternelle comportent un élément nouveau. Burton que sa journée soit une réus- site, quels que soient ses Pour la plupart des parents de classe moyenne qui en- voient leurs enfants A la maternelle, la stimulation intellectuelle n’est pas un but primordial. Jouets et livres ne manquent pas au foyer, et ils aménent leurs petits au parc et au Zoo. Ce qu’ont écrit il y a trente ans Arnold Gesell et Frances Ilg dans Infant and Child in the Culture of Today tient toujours **On peut voir dans la maternelle une réac- tion aux besoins psycholo- giques de l’enfant des villes, assailli par les contraintes de la vie moderne... le com- plexe culturel ot il vit s’est rétréci et étendu A un degré presque fantastique - rétréci d’une part par les limites d’un appartement sans frére White, quiaréalisé une étude: de 1’Age préscolaire A la Harvard School of Education, signale ‘tun déplacement marqué de Il’intérét, sans précédent dans I’histoire, vers les trois premiéres années de la vie.’? Par suite de ce nouvel intérét profes- sionnel, plus de parents de classe moyenne s’émeuvent de la formation préscolaire de leurs petits. L’éducation -préscolaire donne-t-elle une avance au jeune, et l’em- porte-t-il en développement intellectuel sur les autres lorsqu’il entre A l’école pri- maire Doit-on éviter lama-. |. ternelle traditionnelle, cen- trée sur la musique, les arts, les jeux en commun, pour favoriser par exemple la méthode Montessori, se- lon laquelle l’enfant en ar- rive, par étapes dosées, A la compréhension ordonnée de l’espace, des nombres, | des lettres, des couleurs, en apprenant souvent 4 lire dés quatre ans La méthode Montessori re- pose sur les travaux d’une femme-médecin, Maria Montessori, qui a éduqué des enfants des zones grises de Rome il y a soixante ans. Elle a constaté que ces en- fants, que plusieurs cro- yaient retardés (on les qua- lifierait qujourd’hui de‘‘cul- turellement désavantagés’’), pouvaient apprendre une fou- le de choses en bas Age grace A un matériel édu- catif de sa création. De fait, ce matériel sert de base a plusieurs de nos meilleurs jouets éducatifs. Ces der- niéres années, la méthode Montessori a pris de la vo- gue, et des écoles l’appli- quent dans une douzaine de villes canadiennes. Elle ap- puie davantage sur la maf- trise de soi et moins sur les jeux libres que la ma- ternelle traditionnelle, bien que l’enfant y recueille plu- sieurs des avantages sociaux que lui offrait toute bonne ecole. J’ai l’impression que l’6cole Montessori convient mieux 4 certains enfants qu’A d’autres ; ainsi les garc¢on- nets trés actifs et agressifs peuvent éprouver des diffi- cultés, 4 moins que la jar- diniére ne soit trés expé- rimentée. D’ailleurs, dans le choix d’une maternelle pour tout enfant, on doit considérer & la fois l’école et 1’enfant. La maternelle bilingue peut faire merveille pour cer- tains petits, mais non pour ceux qui, pour des raisons diverses, apprennent dé ja péniblement leur langue. La Plupart des jardiniéres réussissent mieux avec des catégories d’enfants qu’avec d’autres. Avant d’inscrire le jeune A une maternelle, il importe donc de la visi- ter et de la voir fonctionner quelque temps. (Trop peu de parents le font, basant plu- tot leur choix sur la proxi-, mité, les frais, la réputa- tion.) Au Canada, 1l’école mater- nelle est en grande partie l’affaire de la bourgeoisie des villes. Ainsi, on estime que Montréal, qui compte 250,000 enfants de moins de cing ans, n’a de maternelles que pour 8,000. Dans le reste du pays, environ 23,000 en- deux-cents maternelles coo- pératives, et il s’enforme sans cesse de nouvelles. Le conseil québecois du Parent- Participation Centre exploi- te une école de formation des €ducatrices A Baie d’Urfé. Les frais de maternelle sont assumés presque entié- rement par les parents, qui paient le plus souvent de $25 4 $ 40 par mois pour 1’école 4 demi-journée, selon qu’il y a subvention ou non. Quel- ques promoteurs d’avant- garde organisent dans leurs immeubles d’appartements des garderies de jour et des maternelles. La location A coat modique d’espace dans une église paroissiale est un mode de.subvention plus fré- quent. (Méme alors, il peut en coater cher alaparoisse: ainsi, la Church of Messiah, a la périphérie de Toronto, consacrait récemment $ 18,000 & rénover l’étage de la salle paroissiale pour répondre aux normes pro- vinciales des garderies de jour.) Si vous dénichez une ma- ternelle de coQt modique A proximité de chez vous, vous avez de la chance. Si vous avez le dynamisme d’en fon- der une, commencez par vous renseigner sur les ré- glements provinciaux d’hy- giéne et de prévention des incendies, qui viennent avant la satisfaction intellectuelle aux yeux des gouvernements. Vous pouvez aussi déména- ger dans une ville ot la com- mission scolaire pourvoit A ce besoin. Ainsi, A Toronto, les sept commissions de la région métropolitaine ont pris pour ligne de conduite d’assurer des maternelles pour les enfants qui ont trois ans et neuf mois a la ren- trée de septembre ; ils doi-’ vent atteindre quatre ans avant la fin de l’année. Le programme régional a dé- marré en 1966 et, en sep- tembre dernier, 11,474 en- fants d’Age préscolaire fré- quentaient 251 des 519 éco- les primaires du Toronto metropolitain. Et 11,474 méres reconnais- santes s’en félicitaient au fants de trois et quatre ans | foyer. fréquentent 1’école, dont A peu prés 15,000 en Ontario et 5,000 en Colombie-Bri- tannique. Sauf en Ontario | et en Nouvelle-Ecosse, il existe peu de maternelles | publiques pour les enfants de cinq ans en dehors des grandes villes. L’un des mouvements les plus prometteurs est celui des maternelles A partici- pation des parents. On compte au Canada plus de FIN- VI, LE SOLEIL DE VANCOUVER, 26 MARS 1971, / an