‘2. Le Soleil de Colombie, Vendredi 4 aoat 1978: PUBLIE PAR Téléphone: 879-6924 LES HEBDOS ' REGIONAUX LE ce ta L DE COLOMBIE LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Directeur: André Piolat Rédacteur: Jean-Claude Arluison Seerétaire: Lyne Paradis ‘ Mise-en-page: Richard Lussier RK LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe sous le numéro d’enregistrement 0046. iF I! Association de la Presse francophone Hors-Québec . Pensez aux petits Her tederer Le temps des traditionalistes est revolu Barney Danson, Ministre fédéral de la défense, est un homme intelligent qui n’a pas beaucoup de patience pour les traditionalistes bon teint désireux de gouverner le Ca- nada d’aujourd’hui avec les méthodes du siécle dernier. C’est sans doute pourquoi il n’est pas devenu l'un des prin- On a donc intérét a pren- dre ses remarques au sérieux, par exemple quand il affirme que les perspectives économé ques du Canada sont excep- tionnellement bonnes. Selon lui, nous avons une surabon- dance de ressources alors que le reste du monde manque des matiéres premiéres néces- saires aux industries de trans- formation. T6t ou tard, il fau- dra qu’il nous achéte une par- tie de notre pétrole, de notre eau, de nos arbres, etc. Dans un Canada enclin au pessimisme, les remarques outrageusement optimistes de Danson suscitent autant de stupeur que la présence de René Lévesque a une réunion de soutien des Libéraux. Mal- heureusement, les média n’y ont guére prété attention. Danson — et tous les Cana- diens — méritent mieux que * cela. Depuis le début de la dé- cennie, l'économie canadien- ne n’asubi qu’une succession de revers. Nous avons perdu des capitaux et des emplois au profit de l’OPEP, des Etats américains du sud et des na- tions du tiers monde non pro- ductrices de pétrole. Mais Péquilibre des forces est maintenant prét a se rétablir en notre faveur. LOPEP, par exemple, s’in- quiéte déja de ce qui arrivera. aprés l’épuisement des gise- ments (peut-étre dans une quinzaine d’années). L’Ara- bie saoudite, par exemple, en- visage sérieusement de faire remorquer des icebergs de PAntarctique pour s’approvi- sionner en eau potable. Com- ment peut-elle espérer attirer les industries sans réserves d’eau suffisantes? Les Etats américains du sud rationnent déja l’eau dans de nombreu- ses régions, ce qui limite leur développement futur. Et les pays du tiers monde, actuel- lement en pleine expansion grace a des salaires et des im- tot obligés d’en relever le — niveau sous la pression des revendications ouvriéres atti- sées par lindustrialisation croissante. Oui, Pavenir du Canada est prometteur. Il ne suffit cependant pas de nous repo- ser sur nos ressources. Les nouveaux gisements de miné- raux semblent se complaire a apparaitre la ott on les atten- dait le moins — pour exposer les fournisseurs canadiens a une concurrence encore plus vive. De notre vivant, la mer produira des ressources en quantités fabuleuses — de loin supérieures a celles du Canada. Pour nos industries des ressources, les prédictions enthousiastes de Danson doi- vent s’interpréter ainsi: nos richesses devraient servir a favoriser les industries orien- tées vers les innovations tech- nologiques (par opposition a la production en masse, qui peut étre entreprise n’impor- te oll), Nous devons empécher a tout prix que d’autres n’em- ploient nos ressources com- me base de leur propre ex- pansion industrielle. De plus, alors que l’exploitation des ressources ne nécessite que peu de travailleurs, les indus- tries de transformation en- gendrées par nos richesses créeraient des emplois en nombre illimité. L’avenir nous appartient — si nous décidons d’en assu- mer le contréle. ““Pensez aux petits” est un message adressé sous forme.d'éditorial parla Fédération canadienne de lentreprise indépendante domaines. EDITORIAL Vers un annuaire franco-colombien Il était depuis longtemps question de la nécessité de faire un grand inventaire franco-colombien qui permette de dénicher ces cent-cing mille francophones, et d’établir la liste de nos personnes-ressources dans les domaines les plus divers. Plusieurs organismes ont entrepris des recherches. Le Centre Info se spécialise dans les services offerts en francais, tandis que deux étudiants, engagés par le Comité Culturel des Francophones Hors Québec, dressent linventaire de nos ressources culturelles. La Société Historique Franco- Colombienne est a la recherche des pionniers et le conseil de la coopération de la Colombie-Britannique étudie la possibilité de développement de quartiers francais. La Société Radio-Canada, de son cété, a fait un sondage dans toutes les ‘localités desservies par CBUF-FM. Il ne s’agissait 14 que d’un travail de base. Par la suite, Radio-Canada pourra utiliser ses listes pour faire des sondages d’opinion portant sur des questions bien précises. Toutes ces recherches devraient logiquement conduire a la publication d’un annuaire franco-colombien qui comprendrait les noms et adresses de francophones et de francophiles [méme de ceux qui n’ont pas le téléphone!], une section services en frangais et une section “page jaunes’ qui permettrait de couvrir une partie des frais. A moins que ce ne soit, une fois de plus, un réve, une utopie? _ Cet inventaire franco-colombien permettra aux francophones d’étre mieux informés, mieux servis et favorisera les relations dans tous les ‘Jean-Claude ARLUISON Un peu de logique [Courtoisie dé La Presse, Montréal, éditorial du same- di 22 juillet 1978] Le premier ministre Tru- deau a accepté la proposi- tion de M. Lévesque de tenir la conférence constitution- nelle en octobre plutét qu’a la mi-septembre. M. Marc Lalonde, minis- tre responsable des relations fédérales-provinciales, se’ montrait étonné que M. Lé- vesque ne soit pas prét, aprés dix ans de réflexion, a défendre sa thése de la souveraineté - association, pour l’inviter ensuite a profi- ter de cette tribune privilé- giée qu’est une conférence constitutionnelle pour la fai- re valoir. On sait que quelque temps aprés son élection, le gou- vernement péquiste avait dit qu'il n’accepterait d’assis- ter a de telles rencontres que pour y soumettre son projet. Or, la semaine der- niére, 4 Longueuil, M. Lé- vesque disait, selon le De- voir, qu'il n’écartait pas la possibilité que son gouver- nement dépose des proposi- tions constitutionnelles pré- cises devant la conférence de Vautomne prochain. Sauf, . dit-il, si M. Trudeau décide, entre-temps, de déclencher des élections générales. Car, pour M. Lévesque, il n’est pas question de fournir des munitions pour la campagne électorale des fédéraux, qui n’hésiteraient pas a se servir de cette information pour ° «eréer de la confusion». : M. Lalonde a vu dans ces propos un aveu de faiblesse, d’échec, une manifestation de couardise. © Dans ces échanges, au- dela du ton inutilement pro- vocant utilisé de part et d’autre, on remarque une sorte d’incohérence qui tra- hit de Villogisme. Quand, il y a quelques mois, on demanda, 4 la télévision, 4 M. Lévesque, pourquoi il tardait 4 révéler le contenu de son projet de souveraineté-association, il répondit: Que les fédéralis- tes commencent donc par dire eux-mémes ce qu’ils proposent comme fédéralis- me renouvelé! Or, voici que le gouverne- ment fédéral vient de sou- mettre un important projet de réforme non seulement de la constitution mais aussi de la pratique du fédéralis- me canadien, afin que les provinces aient leur mot a dire dans les institutions fédérales et que les conflits dus aux chevauchements soient réduits au minimum. Alors M. Lévesque trouve un autre prétexte pour ne pas dévoiler le contenu de son projet: il ne veut pas offrir un cheval de bataille aux libéraux fédéraux au cours d’une éventuelle élec- tion. Mais pourquoi y aurait-il plus de risques, pour M. -Lévesque, 4 définir son pro-,, “uant aux propositions ny ‘jet, qu'il y en a pour M. constitutionnelles qué ’M. Trudeau a montrer ses car- Lévesque pourrait déposer a tes a la veille des élections? Si M. Trudeau ne déclen- che pas d’élections avant la conférence constitutionnelle, M. Lévesque dit qu'il pour- rait déposer des proposi- tions précises lors de la conférence constitutionnelle. Mais si M. Trudeau déclen- chait des élections immédia- tement aprés cette rencon- tre, comment M. Lévesque pourrait-il l’empécher d’atta- quer ses positions durant la campagne? S'il y a dans cette attitude de la logique, elle ne saute pas aux yeux. Par ailleurs, le gouverne- ment fédéral, et notamment M. Lalonde, a souvent rap- pelé au gouvernement pé- quiste qu’il n’avait pas été élu pour promouvoir |’indé- pendance du Québec mais pour bien gouverner, en tant que gouvernement provin- cial, en attendant que la population se prononce par référendum. Alors comment peut-il in- _viter M, Lévesque 4 plaider, dans une conférence consti- tutionnelle, en faveur de son projet de souveraineté-asso- ciation, voire a entrepren- dre, 4 toutes fins utiles, la _négociation? S’y rendant comme premier ministre d'une province, M. Lévesque aura-t-il un autre mandat que celui d’y jouer le jeu de la réforme du systéme fédé- val? Et s'il faisait autrement, ne serait-il pas hors d’ordre? La non plus la logique n'est pas évidente. Quant aux propositions é€ clarté, s.v.p. ~ cette conférence, quelle en serait la nature? S'il propo- sait des réformes au régi- me fédéral, il ne craindrait pas qu’elles servent de muni- tion électorale pour le gou- vernement Trudeau. II s’agi- rait done de propositions souverainistes puisqu’il craint qu’elles soient utili- — sées de maniére a créer de la confusion autour de son pro- jet. Voila qui est mystérieux. D’autant plus que M. Léves- que disait encore, a Lon- gueuil, que l’association, c'est une entente qu'il sera difficile de définir de fagon précise avant le début des négociations. Autrement dit, c’est la fonction (la négociation) qui cerée l’organe (la souveraine- té-association). C’est dire que les Québécois n’ont pas fini d’attendre pour connai- tre le contenu de ce projet puisqu’il sera impossible de le négocier avant la tenue du référendum—et encore de- vra-t-il étre gagné. : Comment ne pas en dédui- re que le gouvernement péquiste n’a pas encore réus- si a mettre un contenu dans -ce qui n’est, depuis dix ans, qu'un slogan? Pourtant M. Lévesque fait mine de s’é- tonner quand un sondage révele que la moitié des souverainistes (49 p.c.) ne voient pas de différence fondamentale entre le fédé- ralisme et la souveraineté- association. A qui la faute? Ce débat a grandement - besoin de logique et de clarté. Rar ee ee eR, Aes Be eh ah ee / °°) Maree!’ ADAMS ~