CARNET d'un PROMENEUR par Roger Dufrane BELLE DE JOUR — Que penses—-tu de cette his- toire, Fernand? - Je la trouve assez blante. - Est-ce que tu crois que l'héroine réve d'un bout & 1'au- tre du film? ~ -= Non. Elle subit en réve le ch&itiment de ses trahisons;mais elle trahit en réalité. Les autos dévalaient prudem— ment la dixiéme avenue. Le ciel gris nous promettait de nouvel- les neiges. Je discutais sur le trottoir avec mon copain Fer - nand, un Mauricien d'origine. Les yeux et l'esprit encore papillotants d'images, nous ve- nions de voir un film francais, . Belle de Jour, mis en scéne par 1'Espagnol Luis Bunuel. Vertueuse dans la vie quoti- dieme, Séverine méne dans ses réves une vie de débauches. Ses songes la conduisent dans un monde pervers. A son réveil, Aa la fin du film, elle semble dé- livrée de son obsession. Faut= il dire que Fernand ne partageai pas mon sentiment? - Tu refacgonnes le film selon ta morale personnelle, me dit-il Dtailleurs, seul importe ici l'art de Bufuel. Il transmue en magiques séquences les scénes les plus viles. D'un roman ré- aliste de Joseph Kessel, Luis Buhuel a tiré un film surréalis- te. Il a remodelé des épisodes, il en a supprimé et inventé d'autres. Ceux-ci n'ajoutent rien 4 l'intrigue; mais ils la baignent dans une atmosphére symboliste qui manque 4 l'ori- ginal. Le film surpasse en puissance évocatrice le roman. - Je n'ai pas lu Kessel. ast-ce que le romancier explo- trou - re aussi profondément 1'univers des songes? - Non. Kessel n'entrafne pas Séverine au pays desréves. Il la jette & corps perdu dans une débauche bien céelle. - En ce cas, son livre doit manquer de poésie et je ne le lirai pas. Jtaurais peur de dé- ranger mon souvenir du filn. Bufiluel excelle dans le fantasti- que. J'aime, dans un film, que le réve ltemporte sur le réel. Souvent, la limite se pergoit d'un monde & l'autre. Ici, les frontiéres s'effacent. Le cdté nocturne du miroir se confénd avec son cdté diurne; et le film y gagne en richesse. Bu- Le Soleil de Vancouver, page 5,le 31 Janvier, 1969 fuel ne se conforme pas A la morale conventionnelle. Ses créatures se jouent des chaf- hes sociales. Pierre Sérizy demeure sans défense contre les réves de sa femme. Dans le sommeil, elle ne lui appar- tient plus. Mon ami se mit & ricaner: - Elle ne lui appartient plus en réalité. - Ne sois pas cynique,Fer- nand! Le film de Bufluel, je te l'assure, représente un réve presque continu. L'équi- page qui améne Pierre et Sé- verine au ch&teau magnifique suit la route des songes. Rap= pelle -toi le début: les che- vaux trottent dans. 1'avenue.On apergoit le couple dans la voiture. A la fin, Pierre et Séverine regardent d'une fené- tre la caléche qui revient en- tre les arbres. Et les grelots de ltattelage sonnent le réveil. _ .~ Quelle imagination ! me jeta Fernand. Tu déformes tout. - Je traduis simplement mon impression. Film ou roman, cha- cun peut le recréer A sa guise. Plus L'oeuvre préte 4 discus— sion, plus elle s'enrichit. Ntest-ce pas le privilége de l'art que d'évoquer des images indécises, qui sollicitent des interprétations diverses? J'i- rai méme plus loin. J'ajouterai qu'un bon film, ‘oeuvre imagi- naire, m'apparait toujours com me un réve intense: celui du cinéaste qui le crée. - Au-revoir, cinéaste du di- manche! me dit en riant mon ami. Voila ton autobus! awe «eepame o@wowe ee ewes owe ows [POUR LA PLUS FINE CUISINE EUROPEENE | DINEZ AU | | Sehuitzel Gouse | | _ DE VANCOUVER { LE RESTAURANT "DU VIEUX MONDE" PAR EXELLENCE i jLundi a Jeudis11.30 AM a 10.30 PM | Vendredi et Samedi:11.30 a 11.00 |Dimanche: 5.00 PM a 10.00 PM, 2060 rue ROBSON (ARCADE) MU-2-1210 | Constructeur du/fort de Chambly La ville de Bothoa, dens la province frangaise de Bretagne, a. rendu hommage aun de ses fils qui stest illustre au Ceneda ily a} trois siécles, , i est liarchitecte qui a des- sine la vicille enceinte de Quebec et le fort de Chambly, ‘Son nom est Jean=iurice—Josué du Bois Berthelet de EBeaucours, Nous comprenons main— tenant que nos manuels dthistoire nfaient pas retenu son nom, eS ee ee, oe | Prop.:J.Bauché THEEEDS, IL EEE) SLL EEE) ee UL a | Hotel de famille prix raisonnables | On parle frangais a as 320 ABBOTT STREET é | vancouver 4.5. _7e161681-6154| i a a aa i \ etCreo UN APERCU DE LA CONSOMMATION DES FRANCAIS Les Francais ont des habitudes 5 différentes de consommation selon le niveau de leurs revenus, le lieuou +; ils habitent et la classe sociale 2 laquelle ils appartiennent.Une enque / te de l'Institut national de la sta pay tistique et des études économique ( TeNeSelielie ) établie dtapres 1 } budgets des familles montre ces di 4 parites, Ctest ainsi, parexemple, que la viande de boeuf, les boissons non al= coolisées et les fruits frais sont des produits demandés davantage dans les villes, Ce sont les citadins qui consomment le plus de produits noue veaux ou de produits traditionnels présentés de facon nouvelle, Ds dé= pensent deux fois plus que les ruraux pour les services; ils consomment e— galement davantage pour toutes les dépenses d'énergie, les soins médi- caux, les vétements de-femme, la blanchtsserie-teinturerie, les jour= naux, etc, ; les ® cadres * depensent trois fois plus que les "™ inactifs ™ pour les biens durables: meubles, auboo mobiles,articles de sports, appareils de photos,caméras,articles de sports, Une part importante de leur budget: est consacree a la culture,aux loisirs,aux transports et aux specta= cles ( #auf radio et télévision ). Selom cette enquéte, l'agricul- teur consomme 130 kilos de pain par an, soit trois fois plus que 1'indus. triel ou le cadre supérieur: ( 47 Be los ). Em regle generale ce sont les ‘ménages dont’ le revenu annuel est inférieur & 3,000 francs par personne qui font les plus grosses depenses de pain. WVTVTVIVT | lie x De meme, les produits de base a caractere’ énergetique ( p&tes ali- mentaires, pommes de terre, légumes secs, lait, sucre, etc. ) sont cone sommes davantage par les menages @ petits revenus que par les autres. En revanche, des que leurs reve- nus deviennent plus importants, ils sont gros consommateurs de fruits et de légumes frais ( 75 kilos par an ), notamment de tomates, laitue et arote tes, la part la plus importante du budget ( 38,4% ) est consacrée dans tous les: cag aux achats de viande, de volaille, d'oeufs et de boissons (l,, Ce sont les inactifs qui consom ment: le plus de vim (pres de cent: li- tres par an, contre quatre-vingt—deux litres pour un ouvrier et cinquante- sept litres pour un cadre superieur). les “ inactifs * viennent également entiéte pour les achats de thé, café ou infusions, On constate enfin que les produits d'utilisation ‘courante, huile, beurre, oeufs, sucre, etc, sont: pratiquement insensibles aux varia= tions des revenus, [oe EAAHNIKON EZTIATOPION Greek 7 Village Restaurant ' Grec ie Reservations 253-2050 | ==