LE FLECHE A peu prés tout le monde au pays a entendu parler de la "ceinture fléchée", mais peu de gens savent de quoi il s’agit. Il faut dire que la majorité des ceintures "fléchées" que Von voit de nos jours ne sont pas fléchées mais plutét tissées au métier. Les tisserands eux-mémes ignorent que les ceintures qu’ils produisent, par ailleurs fort belles, n’ont rien de traditionnel et qu’il est effectivement impossible de produire du fléché au métier. C’est un travail trés méticuleux qui exige beaucoup de temps et d’attention. Les origines du fléché sont obscures. On a voulu jadis les attribuer aux autochtones, mais ceci serait peu probable puisque les techniques du tissage étaient inconnues a Vest des Rocheuses avant Varrivée des Européens. Il serait vraisemblable que les colons francais aient créé ou préservé une technique qui, faute de métier, permet la fabrication des étoffes étroites mais solides nécessaires pour les ceintures et les jarretiéres. La densité du fléché en fait une ceinture ou un foulard infiniment plus solide et plus chaud que le tricot; son réle principal était de fermer ’'ample manteau d’hiver du pays, la canadienne. Par ailleurs, on a découvert que le fléché existait en France dans la région de Batz, en Haute-Bretagne. La ceinture fléchée était un article de traite important dans le commerce des fourrures; les autochtones en estimaient la chaleur et les couleurs vives autant que les "Canayens". Dans la deuxiéme moitié du 19e siécle, une filature anglaise trouva moyen d’imiter le fléché. Ce faux fléché ressemble plus ou moins a Vauthentique mais les couleurs sont presque aussi belles et la production industrielle était plus rapide et moins coiiteuse que lV’artisanat. Vers le premier quart du 20¢ siécle, seule une poignée de personnes, des femmes pour la pluplart, connaissaient les techniques anciennes. Aujourd’hui, le fléché est pratiqué par un nombre restreint de gens. Recherche par Laurette Agnew