4 Le Soleil de Colombie, vendredi 8 juin 1979 Le soleil se léve a l'ouest par Keith SPICER. | VANCOUVER — Suave et fin renard, le ministre des Affaires intergouvernemen- tales Claude Morin essaie, en bon stratége et avec le premier ministre-capitaine René Lévesque, de gagner Vindépendance du Québec pied par pied. Cette derniére fin de semaine, l’équipe péquiste leur a 4 tous deux donné le feu vert pour leur “feinte-en-avant”: une passe latérale sur la souveraineté- association. Avant de foncer, le tandem Morin-Lévesque ferait bien de regarder a deux fois du cdté ouest du terrain de jeu canadien. Car qu’avons-nous vu le 22 mai? Pas simplement un pas- sage des Libéraux aux conservateurs ou des “Fran- ¢ais” aux “Anglais”, mais bel et bien l’éclipse — partielle mais spectaculaire — du Canada central par l'Ouest - Nouveau. r les “ii Parti i Québécois? MM. Lévesque et Morin devraient tout d’abord révi- ser leur idée du Canada. Les théoriciens péquistes persis- tent a diviser le pays en deux blocs rigides (francais ! contre anglais), alors qu’en réalité le Canada est formé | de quatre régions (cinq, | selon la Colombie britanni- ’ que), et qu’Ottawa n’est ’ point gouverné par ' “Canada anglais” monolithi- } que. Méme avec un nombre | de siéges a peu pres égal en un Ontario, ce sont tout de méme les conservateurs de TOuest qui sont les grands vainqueurs, Ensuite, l’équipe multieth- nique des conservateurs de l'Ouest va entonner pour les Québécois un canon a plu- sieurs voix qui, sur certaines questions culturelles (radio- diffusion, édition, films) dé- passera de loin le solo limité des intéréts anglais. Cer- tains tories — des hommes intelligents et civilisés com- me le nouveau ministre des Transports Don Manankow- ski par exemple — s’avére- ront étonnamment fair-play envers les francophones. Troisiémement, la montée du pouvoir de l'Ouest coin- cide avec un déplacement révolutionnaire du poids éco- nomique vers Vancouver, Calgary et Régina. Amorcé il y a une dizaine d’années, le flot d’investisseurs, d’entre- preneurs et de financiers en provenance de Montréal et Toronto s’est transformé en véritable raz-de-marée. Doté de 28% de la popu- lation canadienne, fournis- caleuls sant plus de 31% du produit intérieur brut du pays (et ayant maintenant plus de siéges 4 Ottawa que le Québec), l'Ouest fait couler assez d’encre pour alimenter tout un rayon de nouveaux magazines économiques et pour attirer correspondants et pigistes de la presse natio- nale et internationale. Cet impact vital donne a l'Ouest une quatriéme carac- téristique aux yeux des stra- téges péquistes: l'optimis- me. Depuis qu’il est au pouvoir, René Lévesque est aux prises a Ottawa avec un gouvernement coriace mais fatigué et souvent fataliste. Le PQ considére M. Clark comme un esprit médiocre qui ne saisit guére les subti- lités spirituelles des Qué- bécois. C'est peut-étre vrai. Mais M. Clark (et avec lui notre nouveau gouverneur- ‘général manitobain, Ed Schreyer) symbolise un potentiel et une simplicité pioniéres qui. pourraient, temporairement du moins, changer sinon les défis, du moins le climat des transac- tions fédérales-provinciales. Méme mal informé, 1’es- prit de conciliation pourrait chambouler plus (jusqu’a un certain point) les plans pé- quistes que l’antagoniste lu- cide des libéraux -- qui avait souvent pour effet de fabri- quer des martyrs en série. Pour le PQ, le changement le plus rude viendra peut- étre de |humeur des “Wes- terners” hors - gouverne- ment. Aprés une décennie de “pouvoir francais”, com- me on dit ici, l'Ouest a le sentiment d’étre la cinquié- _ me roue de la charrette au_ Parlement, ce qui a énormé- ment renforcé le camp nor- malement marginal des anti- Francais. Les coups de gueule des i habitants de l'Ouest contre, le bilinguisme et un anti- Trudeauisme virulent ont fait les délices des séces- sionnistes québécois. Evi- demment, il n’était pas du ressort des péquistes de souligner que le francopho- ‘bie était surtout le résul- tat d’explications lamenta- bles du bilinguisme par ]’Etat fédéral, et que la Trudeau- phobie reposait sur une poli- tique en matiére de riches- ses naturelles et de tarifs ferroviaires et douaniers fa- vorables al’Est, et sur le _ tempérament pas toujours -angélique de l’ancien pre- mier ministre. Depuis que le PQ a pris le pouvoir en novembre 1976, la grogne anti-frangaise s'est déja calmée. L’Ouest Nou- ~veau avec lequel MM. Lé- vesque et Morin doivent dorénavant traiter s’inspi- re davantage d’élites ouver- tes comme la Canada West Foundation, organisme situé a Calgary qui envisage un arrangement plus juste pour le Québec comme pour l'Ouest, et l'association Ca- nadian Parents for French (autre création calgarienne), qui compte 10,000 membres dans 28 villes d’une cote a autre. Fort de son pouvoir trop longtemps dénié, un Ouest plus “décrispé”, plus géné- reux et plus canadien va sans doute naitre. Désor- mais, le PQ pourra dificile- ment accuser tous les Cana- diens anglais d’étre des “Rhodésiens de Westmount” ou des régionalistes a oeuil- léres accrochés aux éperons du premier ministre de |’Al- par Le Mesquin : prochaine”. trois jeunes personnes. pas! Chronique haineuse Dans notre numéro du vendredi 25 mai, Le Mesquin promettait: “d’autres anecdotes la semaine Vous avez di, comme nous, fouiller de fond en combles le journal du ler juin: en vain; une mesquinerie de plus. Pardonnons-lui, pour une fois, car voici les anecdotes en question: Au cours du 34e congrés de la F.F.C., une scéne cocasse s'est déroulée dans un restaurant de Richmond, lorsque plusieurs délégués de Kelowna, Vernon et Vancouver ont eu la savoureuse idée de tenter de passer leurs commandes en francais. Si vous aviez vu la téte de la serveusel... Le Mesquin a fait une visite surprise au Centre Culturel Colombien et est arrivé juste 4 temps pour se mettre a table: trois employées de la Compagnie des Jeunes Travailleurs pique-niquaient dans la grande salle (grande comme un mouchoir de poche, aux dires de méchantes langues). Il s’est vu offrir du fromage 4 la confiture de fraises, ce qui lui a 6té tout désir d’aller vivre au Québec, cette terre lointaine d’oi viennent les P.S. Le Mesquin attend vos lettres. Ne le décevez berta Peter Lougheed. D’un autre cété, le gouver- nement péquiste est visible- ment de plus en plus paniqué a V'idée de poser clairement la question de l’indépendan- ce et parle de s’agripper au pouvoir jusqu’a la derniére seconde légale de son man- dat: l’Ouest Nouveau pour- rait lui offrir une occasion inespérée de restructurer le Canada de fond en comble. La semaine derniére, M. Morin a confessé qu'il son- geait a ouvrir un bureau pour le Québec a |’Ouest, une bonne idée pour les de Québécois et gens lOuest, surtout si elle con- tribue a ressusciter les visi- tes fécondes que les minis- tres péquistes ont faites dans la région au cours de leur premiére année au pou- voir. M. Morin aime ironiser. sur le “réalisme” des Cana- diens anglais, lesquels, dit- il, seront bien forcés d’ava- ler l'association avec un Qué- _ bec indépendant. Certes, il reste suave et fin renard. Mais _ n’aimerait-il pas que l'Ouest, lui retousnant le tour de son réalisme? _ Fédération Jeunesse Colombienne (Extraits du numéro de mai du bulletin mensuel Le Reflet) Le café croissant Depuis plus de deux se- maines, nous (les jeunes de la FJC Vancouver) nous sommes lancés dans le mon- de aussi merveilleux que dé- courageant de la restaura- tion, en prenant en main le “Café-Croissant” du Centre Culturel Colombien, 795, 16éme avenue ouest. Ca ne nous a pas pris longtemps pour nous aper- cevoir que contrairement a ceux qui déjeunent, prépa- rer le déjeuner n’était pas de tout repos. Avant méme de s’en ren- dre compte, la place était pleine. La semaine derniére nous avons servi plus de 140 croissants, et je préfére ne pas penser combien de tas- ses de café. Je suis sir que ce sera une bonne expé- rience pour nous cet été, malgré tout. L’atmosphére est si dé- contractée et ouverte, et la nourriture est si bonne (le service aussi j’espére), que nous avons remarqué que beaucoup de gens prennent Vhabitude de déjeuner au Café-Croissant chaque dimanche matin. : Dimanche dernier, quel- ques personnes sont venues de White Rock spreement pour y déjeuner. L’argent que nous y ga- gnerons va nous aider a aller a Batoche. Le dimanche matin est un _ matin de nouvelles rencon- tres, d’amitiés renouvelées... tout en francais. Nous espé- rons vous y voir souvent. Nous accueillons tout le monde. Anne-Catherine Bajard Les enfants du tiers-monde A notre derniére réunion, notre animatrice Danyéle Julien nous a parlé d’une émission de télévision, concernant les enfants du tiers-monde. L’émission est une parmi bien d’autres, au Canada, pour féter l'année de l’enfant. La raison que ¢a nous concerne, c’est que !’associa- tion de la croix rouge qui travaille en coopération avec C.B.C., avait besoin d'envi- ron dix jeunes francophones pour leur émission. Les arrangements ont été faits pour que nous puis- sions participer au tourna- ge (aprés qu'on ait donné notre accord) les 15 et 16 mai. Le matin du 15 mai, on nous a amenés dans un endroit des plus agréables: le dépotoir municipal du grand Vancouver. Immédiatement aprés no- tre arrivée, nous avons dis- cuté des problémes de la consommation et du gaspil- lage. Je suis certain que tout le monde qui était la était trés intéressé et a appris beaucoup. Le 16 au matin, nous avons eu un petit tour du port de Vancouver sur le bateau S.S. Beaver. Durant le voyage, on nous a filmés en train de parler de, linterdépendance des pays du tiers-monde. Encore une fois, tous et chacun avons retiré beau- coup de cette expérience. En plus, nous étions dans un milieu beaucoup plus chouette que le dépotoir. Si vous étes intéressés a’ _nous regarder a la télévision nationale, cette émission sera présentée a Radio- Canada le 22 octobre 1979. N’oubliez pas “C’est en fran- cais”’. Je suis certain que vous apprécierez énormé- ment ce programme et que: vous reconnaitrez probable- _ment de nos amis. Jean-Jacques BAILLAUT L’enseignement du francais _dans une école secondaire En général, les étudiants étudient le frangais parce que c’est un cours obliga- toire. Selon eux, ce n’est pas un sujet important. Le texte qu’on suit, c’est le “Passeport francais”, un nouveau livre canadien qui intéresse les éléves 4 cause de ses dessins dréles. Il faut bien prononcer le francais et la compréhension orale est fort développée. L’écriture et la lecture sont moins importantes. On commence a étudier le francais en 8iéme année, mais on tache d’éliminer ce niveau préliminaire puisque les enfants de 7 ou 8 ans font beaucoup mieux en appre- nant une langue seconde. Il est évident que les élé- ves ne savent pas parler couramment aprés avoir quitté les classes de frangais, ‘mais on leur a introduit cette langue officielle du Canada. et malgré les grognements, les notes sont bonnes. Jim BELL, professeur de frangais a Vancouver College Stéphane Savary C.L.U., F.L.M.L 681-5411 — ASSURANCE-VIE — ASSURANCE- HYPOTHEQUES — ASSURANCE-GROUPE _ RENTES A VERSEMENTS -INVARIABLES - — FONDS DE PENSION — OBLIGATIONS SUCCESSORALES *COTATIONS GRATUITES« Manudvie : La Compagnie d’Assurance-Vie Manufacturers Pensons-y ensemble. UqUip, wy ee Mey, LIBRAIRIE~ GALERIE FRANCAISE Leivres Disques “Mag azines oi de VOCUXD Lundi au samedi: 10h00 & 18h00 Jeudi et vendredi: 21h00 Dimanche: 12h00 18h00 ~ Le dimanche, venez déguster un bon café, une gracieuseté du Bouquineur! 1222 ROBSON STREET VANCOUVER, B.C. V6E 1C1 687-5936 _ peut-étre a Calgary. Voila . compliment, le félicite & son _ 4 ee gL Rcd ae eT ag Pe SNR EES ib des , " SES ie Gace tea Nee .