VOUS M’EN DIREZ TANT Vers 1830, les bousingots étaient les hippies de 1’é- poque. Au mot bousin, caba- ret oi s’ennivraient les ma- rins (de l’anglais ‘to bouse’, forme vieillie qui devint par la suite ‘to booze’: boire beaucoup) on avait ajouté le suffixe got, pour rimer avec le pape des contestataires républicains de cette époque royaliste, Victor Hugo. On parlait de bousingoterie avec enthousiasme. Puis le mot disparut, et avec lui les bousingots et la bousingo- terie. Car c’est le sort de certains mots qui dans le ciel linguistique font un petit tour, comme sur un manége, et puis s’en vont, oubliés 4 jamais. Espérons qu’il en sera de méme pour ces vi- lains mots dans le vent que la mode ou Ile snobisme nous impose. Ces drdles de vo- cables nous viennent surtout de l’anglais. Ils nous écor- chent l’oreille et obscurcis- sent les phrases les plus simples de leur lourde pré- sence. Ils sont bien souvent Une épicerie vend de la biére par autorisation de la Régie des alcools. Laissons la licence au vocabulaire de inutiles. Le brainstorming est un exemple. Au lieu de cet énerguméne, on a choisi et adopte A la quatriéme Biennale de la langue fran- gaise, le mot composé ‘remue-méninges’. J’ai eu moi-méme l’occasion de le proposer 4 un directeur pa- risien d’une grosse entre- prise qui l’adopta d’emblée pour ses petites réunions de travail hebdomadaires. Au Québec, le mot ‘drive-in’ a été heureusement remplacé par ‘ciné-parc’. En France, ot les ciné-parcs ne sont point encore entrés dans les moeurs, le mot anglais per- siste. Il n’est pas impossible que notre ciné-parc cana- dien soit bientOt adopté par les Frangais, comme le fut ‘oléoduc’ quiremplace avan- tageusement ‘pipe-line’. D’ autre part,- le design, s’il continue 4 faire des siennes par sa présence dans les magazines frangais, a dés- ormais un adversaire sé- rieux. Il existe maintenant en France un Centre de cré- eee EPICIER LICENCIE ation esthétique industrielle. La création esthétique in- dustrielle ou simplement la ‘création industrielle’ ouen- core la ‘technique industri- elle’ est un bon équivalent de l’anglais ‘industrial de- sign’; le ‘designer’ s’appelle alors, en francais, le ‘créa- teur industriel’. L’adoption irréfléchie de termes anglais crée des er- reurs cocasses. Examples: avec des billets de théatre une firme fran¢aise offre le service de babies sisters, voulant bien sQr dire baby sitters ( ‘gardiennes d’en- fants’ est pourtant facile ). Les soeurs qu’on désire don- ner aux bébés, serait-ce la version frangaise de la re- vanche des berceaux: Re- marquons au hasard de nos lecteurs la colonie de nou- veaux arrivés: patchwork (‘rapiégage’, o1 méme ‘ra- piécé’ pourrait faire l’af- faire), merchandising (‘techniques marchandes’), engineering (‘ingénierie’ est tellement mieux), et les fa- EPICERIE -meux fréres: Managemen (‘direction’, ‘gestion’) et marketing (‘commercialisa- tion’) ainsi que leur cousin le playoing (et ‘planification’ alors {). A part les mots anglais, d’autres néologismes plus heureux sont nés dans la langue frangaise qui ac- cueille beaucoup de nouveaux venus en ce moment. Noc- turne en est un, qui prendj son sens d’ouverture des magasins jusqu’& une heure avancée de la nuit; exemple: “Nocturne’ le mercredi et le vendredi, jusqu’A 22 heures. Les mots surgissent, sont créés, s’imposent, s’é- loignent parfois, réappa- raissent sur le carrousel géant du langage, ou encore brillent un instant puis s’ évanouissent a jamais, comme des étoiles filantes dans l’univers des langues humaines. Louis-Paul Béguin BILINGUES Par A.A. Hards 1. Prénom de l’auteur du Lys Rouge. - auteur fran- gais, chef de l’école natu- raliste. 2. Une des deux ouvertures du nez. - courte chanson. 3. Tableau ou vues peintes sur des toiles de grande di- mension. - action que font les poissons. . 4, Fit avancer un bateau au moyen d’avirons. - pantoufle laissant le talon découvert. - se répétent dans ululer. 5. Paradis terrestre. - ..., missa est. - copain. 6. Adj. dém. - ayons 4 la main. - doubles voyelles. 7. Reptile saurien d’Amé--* rique tropicale. 8. Mére de Cain. - eut la hardiesse de. 9. Tresses. - mouvements folatres. : 10. De bas en haut, tellement. - dieu de l’amour chez les Grecs. - cure, décapité. 11. Table sur laquelle on dé- bite de la viande de bouche- rie. - détruire. - conj. 12. Vrai. - qui répand ¢a et 1a.- ; Ga prc8is 29 seal 0s AA? — NO 2 Oo. Se Db Ov ee Gi ie) 00? 5 — o — —y _ LS) l’enseignement. O.L.F. oO . - a ee ie : = | MOTS CROISES VERTICALEMENT HORIZONTALEMENT ye ES rodents. - dénué d’esprit, 1. Poéte franc¢ais né 4 Cons- tantinople qui mourut sur l’échafaud en 1794 (2 mots). 2. Divinité qui présidait aux fontaines et aux riviéres. - immense. 3. Odeur. - propre. - deux voyelles. 4, Cordon pour ouvrir ou fer- mer une bourse. - héros légendaire de 1’histoire hel- vétique. 5. Quelqu’un posséde (2 mots). - oiseau voisin des canards. 6. Mammifére de l’ordre des SOLUTION DU 12 MAI 197 de jugement (pl.). 7. Alentour. - transpire. 8. --------- Horne, chan- teuse populaire américaine. - au milieu de demi. 9. Chacune des cing grandes} divisions du globe terrestre. - celui qui admire tout ce qui est en vogue. - note de mu- sique. 10. Enleva. - prép. - fils d’Isaac et de Rébecca. 11. Poireaux, par exemple. - foyer de la cheminée (pl.). 12. Studio. - port actif sur la Méditerranée, arr. de} Montpellier. Go 7248. 9 A051 42 QO Ol Im|e (Wim Z\|O|F | > rom , Ee aes | P. Sb ee UMIAIN| LIC AAILIOINIE sIRITIVIAIL a{L INIEIRIT a1 ee la 610 TIN 7ISIEIS|S{I 8 AIT TIO CIRITIB ‘OTTHEIICIE MAO IWITILIE(S AImM||A| 1% O|N BH 2 |p DRO Mm|c|> YEO IM|O|HlO|< fu |m|z (mx YIMIZIZIOlW Hin e ‘LE SOLEIL, 19 MAI 1972, XM wagers