[SUITE] En remontant le creek qui, avant de se joindre a la riviére, serpentait dans la coulée du vallon, je décou- vris, 4 environ un quart de mile de notre campement, un petit lac entouré d’une belle futaie de bouleaux et de sapins, sous le soleil, véritable diamant serti d’émeraude. Quelle magnifique place pour un camp; malheureu- sement, rien ne pouvait rem- placer pour nous la proxi- mité de la riviére et des saules protecteurs qui, para- phrasant ce bon Monsieur de La Fontaine, pouvaient dire aussi «Nous plions mais ne rompons pas»... Le creek lui-méme ne présentait aucu- ne trace de « boue payante », car il ne devait drainer que des eaux de contreforts rela- tivement proches ou de cou- lées forestiéres. Par contre, le gibier pa- raissait trés abondant, et j'eus le plaisir — ou plu- tét ’'avantage, car il est tou- jours dommage de tuer de jolies bétes — de tirer a la 22 quelques perdrix dans les sous-bois et deux sarcelles dans les herbes du lac. Et c’était 14 un bon additif 4 nos 12. Le Soleil de Colombie, vendredi 2 novembre 1979 menus et une économie pour nos provisions. Dans la soirée, alors que nous étions en train de bavarder prés du feu, avant la mise au piquet des che- vaux, nous vimes tout a coup ces derniers qui pacageaient au fond de la coulée, hen- nir en soufflant et faire montre de la plus grande fra- yeur. Nous étant approchés, nous aper¢fiimes une masse noire disparaitre dans les taillis, dans un bruit de bran- ches brisées. Ce devait étre certaine- ment, d’aprés la silhouette vaguement entrevue, un ours noir, ce qui n’était guére étonnant, car les sous- bois étaient pleins de mares sauvages et d’airelles dont ces bétes sont trés frian- des. Le lendemain, l’aprés-midi étant déja assez avancé, nous finissions notre lavage quotidien de sables, quand nous entendimes des bruits de voix qui paraissaient venir de l’'amont de la rivie- re. Dans l’air calme nous en parvenaient les échos et c’était la, dans ces lieux Avoir l'age de son coeur J’assistais, l'autre jour, & une féte, en l’honneur de l’'anniversaire de naissance d’une amie, et l’heureuse élue se défendait bien d’avouer ses... 48 ans, com- me si elle en avait eu 88. Tout au long de ce diner, elle a trinqué, blagué... pour oublier qu'elle venait d’éco- per d'une autre année. Et ce fut un tour de table ov |’on tentait de trouver “la plus vieille”... histoire d’oublier sans doute qu’on n’est pas la plus jeune. Dés qu’on l’eut dénichée, chacune y allait de son mot gentil ou de sa petite re- marque désobligeante qu'il fallait prendre avec humour. L’heureuse élue n’était dé- ja plus celle que l'on fétait, mais celle qui, sans ]’avoir cherché, devenait la cible a dards de ces joyeux fétards. “Ca ne fait rien, elle n’a méme pas un cheveu gris”... lancait une invitée pendant qu’une autre, franche et polie, ajoutait... “elle fait a peine 35 ans”... Sans bou- clier 4 la main, celle qu’on avait adossée au peloton d’exécution s’écria: “Bien oui, je suis la plus vieille et puis aprés?”... “Vous allez toutes me rejoindre tét ou tard!” D’une blague a l’autre, sans méchanceté, l’age de tous et chacun fut étalé et tous ces chiffres réunis ont formé le plus joli numéro d'un billet de Loto Express. Le temps nous fait-il peur a ce point? D’ot vient donc cette fantaisie pour ne pas dire mode, de cacher son age derriére un odieux menson-. ge? Aurait-on oublié que la valeur des étres ne se mesu- re plus aux heures de I’hor- loge, aux pages du calen- drier? Depuis longtemps, il est établi que demander l’age d'une dame est impoli et je me suis toujours demandé pourquoi? Voila que cette coquetterie s’est propagée jusqu’a l'homme qui se défend bien d’étre franc ou qui le fait de peur d’enfreindre sa virilité. Aussi curieux que cela puisse paraitre, on ne se géne pas pour demander lage d'une personne a I’hi- ver de sa vie et cette méme personne est fiére d’afficher ses 70 ans ou plus comme si elle voulait dire “je suis encore en pleine forme”. C’est quand on est entre deux Ages qu’on se tait, quand on est adulte qu’on joue ce jeu d’enfant. C’est sans doute le regret de ne plus avoir 20 ans ou la crainte d’en avoir 50 qui nous clét le bec pour une quinzaine d’années. Quoiqu’il en soit, je n’y peux rien et je ne peux m’expliquer ce fait puisque je suis la premiére a dire que je n’ai plus d’age. Cruelle étape que celle du midi de la vie. On se défend, on lutte contre le temps... et l’on vieillit mal. En somme, c’est lage de son coeur qu'on a... rien d’autre. J'ai beau me dire que je ne parais pas mon Age, ¢a ne changera rien... l’hiver yak. tend au bout du chemin. Je suis 14 a déplorer ce fait et si vous me demandiez a briile pourpoint mon ge... comme tous les autres, je suis cer- taine que je vous menti- rais! inhabités, si éloignés de toute présence humaine, au milieu de cette nature sau- vage, un événement impor- tant et imprévu sinon inso- lite. Jo nous avait bien dit qu’il avait entendu dire par des Indiens venant du Nord-Est que des prospecteurs étaient partis vers les Rocheuses, au début de |’été, pour un séjour de trois a quatre mois, mais en empruntant une piste située plus auu nord de la région ot nous nous trouvions et qui les avait conduits beaucoup plus avant dans les grands contreforts des montagnes. Au bout de quelques mi- nutes, nous vimes effective- ment déboucher du sous-bois qui longeait la riviére, qua- tre hommes portant chacun sur le dos, sur un cadre de portage, un sac qui semblait assez lourd. A notre vue, ils marquérent un arrét de sur- prise, puis, aprés un sonore « hello » s’avancérent vers nous. Les présentations furent vite faites: il y avait la quatre beaux.et forts gail- lards, deux Irlandais et un métis jeunes et le quatrié- me, un Canadien frangais plus agé, mais qui ne le cédait en rien pour le gabarit et la vigueur. Ils étaient par- tis depuis déja trois mois pour prospecter la région située vers le haut de la riviére et les torrents qui descendaient des Rocheuses. Sur le chemin du retour, et depuis quelques jours, ils se trouvaient a court de ravitaillement et sem- blaient, malgré leur force, assez fatigués, ne vivant que du produit de la chasse au. collet pour les lapins et a la 22 pour la gent emplumée, tous gibiers simplement gril- lés devant le feu de camp... Ayant rangé notre outil- lage, nous les invitames a venir 4 notre camp pour se restaurer, et camper s'ils le jugeaient a propos, ce qu'ils acceptérent de grand coeur. Aprés le coup de whisky traditionnel qui leur parut un vrai nectar (il y avait longtemps qu’ils en étaient sevrés), le repas fut dégusté par eux comme un véritable banquet. Il n’y avait cepen- dant que des tranches de bacon avec des beans, des sardines et de la confiture, mais aussi du café dont ils avaient perdu le goit, bu- vant l’eau claire des creeks ou _de la riviére. Mais ce qui leur fut le plus ‘Ginette Pelletier 682-3741 aucentre-ville | (coin Robson) sensible et agréable, ce fu- rent .les pan-cakes que Marius avait faits pour eux, car notre provision de farine était encore raisonnable. Nous racontant briéve- ment ce qu’ils avaient vu dans leur expédition, ils nous confirmérent entre au- tres choses que le passage du dernier gué comportait certains risques, surtout avec des pack poney. Ils avaient été contraints de le passer encordés, car le courant était vraiment trés rapide et capable de rouler un homme. Leur prospection s’était ‘passée sans trop de mésa- ventures; seul le manque de provisions dans la derniére semaine de leur séjour les avait fortement handicapés. Ils regrettaient de n’avoir point amené avec eux un ou deux chevaux de paquetage, © car les herbages n’auraient pas manqué autour des en- droits ot ils avaient campé et lavé, n’ayant trouvé que la poudre, quelques grains d’or mais non de grosses pépites. Le Canadien frangais, plus Appel de candidatures mixtes Traitement: $31 400 4 $38 800 ‘No de référence: 79-SM-OC-SEC-YL-80 DIRECTEUR, DIRECTION DES. _ ‘ CITOYENS AUTOCHTONES (339-269-009) en confiance avec nous, nous montra dans une petite fiole de médicaments, une certai- ne quantité de grenaille d'or, allant de la taille de grains de mil a celle de grains de riz. Ils semblaient, dans ]’en- semble, satisfaits, leur pou- dre valant, au prix de l’once, environ 750 a 800 dollars pour chacun. Ils avaient donc assez d’ar- gent pour hiverner sur leurs terres qui étaient voisines, et du coté de Calgary. Le Canadien, lui, voulait faire une virée vers les pays «d’en bas» qu'il n’avait pas revus depuis une vingtaine d’an- nées. Malgré tout ce qu’ils nous avaient dit de leurs tra- vaux, on avait l’impression qu'ils ne voulaient pas tout dire, et comme c’est la coutume de l’hospitalité, nous ne les questionnimes pas plus avant. Ils repartirent le lende- main, au début de l’aprés- midi, reposés et lestés de perdrix et. lapins bien risso- lés dans la poéle, d’une dou- zaine de gros pan-cakes, de café, et d’un peu de tabac, Secretariat d’Etat vous invite & venir la voir et elle vous offre ses services en francais pour tous vos arrangements de voyages 817 Burrard Vancouver V6Z 1X8 LA TOUR EIFFEL FRENCH BISTRO 99, ALEXANDER VANCOUVER, C.B. Tel: 681 O73! Lucien Bellin 683-4622. tones, les femmes et les jeunes autochtones, les communica- 12 I Ba rue Denman,Vancouver : Direction des citoyens autochtones Hull (Québec) Ee TEE Fonctions Le Secrétariat d’Etat cherche un directeur qui devra appli- quer les lignes de conduite et exécuter les programmes d’aide aux autochtones de la Direction des citoyens autochtones. Ces programmes sont: les migrants autoch- tions sociales des autochtones et le financement de base. Le directeur devra planifier et coordonner les activités de la Direction se rattachant aux subventions et aux contrats, superviser le personnel responsable de |’exécution des pro- grammes et s’occuper des questions administratives et financiéres. Conditions de candidature Les candidats doivent posséder une vaste expérience de la planification, de la direction et de la coordination de pro- grammes socio-culturels, et avoir travaillé avec les autochtones et leurs organisations. Exigences linguistiques La connaissance de |’anglais et du francais est essentielle. Les personnes unilingues peuvent poser leur candidature mais doivent indiquer leur volonté de devenir bilingue. La Commission de la Fonction publique évaluera les aptitudes des candidats a devenir bilingues. La formation linguistique sera offerte aux frais de |’Etat. “De plus amples informations sont disponibles en écrivant a l’adresse suivante; Job information is available in English and may be obtained by writing to the address below”. Comment se porter candidat Envoyez votre demande d’emploi ou votre curriculum vitae a: Yvan Lapointe, agent de dotation Programme de dotation des cadres supérieurs Commission dé la Fonction publique du Canada L’Esplanade Laurier, Tour ouest, Piéce 1768 Ottawa (Ontario) K1A OM7 (613) 995-6454 Date limite: te 23 novembre 1979 Priére de toujours rappelerle numéro de référence approprié.