6 - Le Soleil de Colombie, vendredi 16 septembre 1988 INFORMATION Par Claude Dorval C’est il y a quinze ans, a Angouléme (département de la Charente) que fut organisé le premier Festival International ~ de-la Bande Dessinée. La B.D., cet art réservée © BD comme Bande Dessinée Angouléme, capitale internationale de la BD autrefois aux enfants et quelque peu méprisé a acquis ses lettres de noblesse et fait maintenant ———t—C~CS partie de la Culture. Le 15é€me Festival Internatio- — nal de la Bande Dessinée se déroulait en 1988 du 20 au 25 février. Malgré le vent qui soufflait sur Angouléme et la - pluie glacée qui battait le flanc des visiteurs transis, rien n’aurait pu amortir l’enthousias- me des amateurs ou curieux, ni le flot des entrées. Deux cent mille visiteurs, six cents journalistes et quatre cents dessinateurs, sans comp- ter éditeurs, libraires et biblio- thécaires, temoignent de |’im- portance delamanifestation, de impact sur la société et sur la jeunesse en particulier, de ce nouveau moyen d’expression, et de son évolution depuis Vorigine. Pierre Pascal, son organisa- teur, est fier d’annoncer que cette année, quatre prix seraient décernés : au meilleur album de l'année, a la meilleure traduc- tion, au meilleur premier album et au meilleur album pour la jeunesse. Cenesera plus le jury traditionnel qui en décidera, mais l’ensemble de la profes- sion, selon la formule choisie pour les Césars du Cinéma. La Science-Fiction et le Fantastique restent a l’honneur. En attribuant son Grand Prix a Philippe Druillet, la ville d’Angoulémen’a pas seulement couronné l’auteur de Lone Sloane et l’adaptateur de Salamb6, mais le créateur multimedias. L’ensemble de l’‘oeuvre de I'italien Hugo Pratt fut en méme temps récompensé i d'un prix spécial. «Maus» d’Art Spiegelmann fut jugée la meilleure oeuvre étrangére. «Le Se d’Arthur Sm Qwak obtint le prix du meilleur 67m Soleil des Loups» premier album. Celui du meilleur album de la jeunesse % fut attribué 4 Bob de Moor pour «L'Expédition maudite». Le théme retenu cette année «Bande et Ciné» était accompa- gné de conférence et débats sur la relation entre B.D. et cinéma. C’est un fait qu’au fil des années et au fur et 4 mesure que la Bande Dessinée entre dans les habitudes de lecture du public, on a tendance a la rapprocher du Septiéme Art. On sait par exemple qu’Enki Bilal, Grand Prix de la Ville d’Angouléme 1987, se consacre Centre d'accueil Service d’infirmiéres 24 heures. Tél.: 937-5578 et soins prolongés Personnel bilingue. Avantages sociaux Bed & Breakfast offert tous les jours. FOYER MAILLARD 10610 avenue Alderson, Maillardville, ‘C.B. V3K 1W1 J i & “ A} rs, i 2 Salammbé, bande dessinée de Philippe Druillet (Dargaud éditeur) 1° prix au festival d’Angouléme 1988 (Région Poitou-Charentes). actuellement a la préparation d'un film dont il sera scénariste et réalisateur. ll est vrai que les deux langages de la B.D. et du cinéma appartiennent a I’uni- vers de l'image et que certains «trucs» Ou «astuces» sont inspirés indifféremment de l'un ou del’autre. On he compte plus les films inspirés de Bandes Dessinées. Il en sort cing ou six par an, de «Supermann» a «Paulette» en passant par «Le Déclic» ou «Howard the Duck». De son cété le cinéaste Alain Resnais, par exemple, fait appel a E. Bilal pour les décors du - monde imaginaire dela «Vie est un roman». économique, avec la constitu- tion de grandes puissances éditoriales, la diversification des genres, des styles et des publics, la transformation d’un phénoméne de presse en phénomeéne d’édition. Cette mutation a parfois des effets négatifs: disparition d’«Atomium 58» et «B.D. US», deux excellentes collections. _. Ence qui concerne la Presse et - la vente en kiosque: arrét de «Metal Hurlant» et déclin de «Pilote» et «Charlie». Seuls - quelques gros éditeurs, tel Hachette, parviennent a occu- per le terrain sur l’ensemble du marché national. C’est |’irruption massive de la B.D. en livre de poche qui apporte l’oxygéne _ salutaire. Une situation complexe et périlleuse pour les éditeurs, les incite, en effet, a rééditer massivement et rapidement les grands classiques, «valeurs refuges». Certaines stars de la B.D., quant a elles, n’hésitent plus a se soumettre a des normes de production indus- trielle pour favoriser les ventes. Dans ce cas y a-t-i] un risque pour la création originale? S'il est indéniable que les années 1970 furent pour la France |’age d’or de la B.D., avec |’affirmation de grands auteurs devenus des figures consacrées, une nouvelle géné- _ ration s'impose depuis 1980, - mais avec une _ orientation _ de illustration, est me définitivement différente marquée par une _ tendance, venue d’Amérique, a _ la standardisation des thémes («Héroic Fantasy») et des styles (la ligne claire). C’est ainsi que Bilal, Tardu, Bourgeon... com- mencent a 6tre connus a travers le monde. Si l’impact de la B.D. connait des hauts et des bas on constate cependant que le langage de |’image, par le biais entrée dans les moeurs: la B.D. est donc mee devenu un vaste phénomeéne HD. Nhs, L’association de la B.D. avec le cinéma cacherait-elle une perte de vitalité chez celle-ci? En tous cas elle connait en ce moment, en France, un grand chambardement, sur le plan sociologique, qui agit avec force sur |’évolution § des mentalités, des points de vue et des moeurs. Mc Luhan n’a-t-il pas qualifié la B.D. de «phénomeéne culturel le plus troublant du siécle»? C’est en tous cas ce dont on se convainc quand on assisteaAngoulémea un Festival de la B.D. dont le succés ne se dément pas depuis quinze ans. Oo RobinaB © Meubles antiques @ Oriental, Ivory 2412 Main St. Vancouver, B.C. Tet.: 877-1500. allery @ Royal Doulton @ De collection Master Card Visa