18 - Le Soleil de Colombie, vendredi 11 novembre 1988 VOYAGES Suite de la semaine derniére Par Jean-Claude Boyer Grand tour de ville en bus. Un métro s'imposerait... J’aper- cois, devant |’établissement d’un concessionnaire de voitu- res, deux immenses couronnes de fleurs, des gerbes, des banderoles rouges. «Ce nest /a gue du clinquant a promotion», commente Chen. II me montre du doigt, ici le célébre mémorial Chiang Kai-shek, magnifique batiment au toit de style traditionnel en tuiles bleues, 1a le temple Luyshan, le plus ancien et le plus admiré: toits décorés de verre multicolore incroyablement ouvragé...Nous roulons prés du grand bazar Chunghua avec ses... milliers de petits étalages; on y vend stores en bambou, coraux sculptés, lanternes chinoises, statuettes de jade, aquarelles, bouddhas en cuivre... Nous descendons d’un bus pour monter aussit6t dans un autre. La-bas, le fameux jardin botanique. Ici, le musée des papillons (!). La, le sanctuaire des Martyrs de la révolution nationale - aux colonnes rouge sang. Puis le National Palace Museum, |e musée chinois le plus riche du monde... Taipei: monstre urbain souffrant de fiévre commerciale et d’embou- teillages chroniques! C’est laloi delajungle. J’ai hate d’en sortir. En passant non loin de la rue des serpents, Chen me raconte qu'on y présente, le soir, un spectacle de serpents inquali- fiable: les reptiles sont écor- chés vifs, coupés en morceaux et mangés crus. Leur sang, mélé & une boisson alcoolique, est vendu (trés cher) aux males qui s’acheminent vers les bordels. avoisinants pour amé- liorer leur performance! Des tortues d’eau douce subissent le méme sort, l’eau dans laquelle on rince leurs corps décapités servant de potion pour guérir les troubles de la vision. Mon cicérone indique maintenant du doigt un parc ou, chaque dimanche matin, des centaines de jeunes et de moins jeunes viennent faire leurs exercices de tai chi. Ailleurs, de nombreux artistes peignent de véritables chefs-d’oeuvre sur des vases aux courbes gracieu- ses... Avant de retourner a l’auberge, je me fais conduire a lagare centrale ou je me procure un ticket pour demain: je partirai ala découverte du pays, en tenant compte des exhorta- tions del’Américain rencontré a Hong Kong. Je remercie mon jeune ami chaleureusement («sheh sheh»), soulignant que de tous ceux qui se sont offerts a me servir de guide depuis le début de mon tour du monde, il a été le plus courtois et le plus efficace. Cela parait lui faire énormément plaisir. 4juillet. J’arrive atemps (avant 6h00) a |’arrét du bus qui me conduira a la gare. La circulation se fait déja dense.’ n sejour « Made in Taiwan » ‘Parvenu a la_ station, je m’étonne que l'on poingonne - les tickets avant l’accés aux quais. Départ pour Hualien, la plus grande villedelacdteest, a sept heures tapantes. Train moderne, confortable, climati- sé, propre et méme décoré avec godt. Musique douce. Les passagers sont calmes, bien mis. J’apprends que tout le train est de premiére classe. Thé chinois gratuit; on se sert soi-méme, a volonté. Choix de revues et de quotidiens. Un enfant de 4ans se met a pleurer. Un vieux monsieur s’empresse de glisser deux billets de banque dans sa petite poche de chemise; le gamin s’arréte net! J'invite un gargonnet a écrire son nom dans mon journal, en caraciéres chinois, bien sar; il s’en montre ravi. Arrivée a Hualien vers dix heures. Bréve promenade au hasard. Les nombreuses affi- ches de la gorge Taroko, dans toute sa splendeur, me rappel- lent l’omniprésence des chutes a Niagara Falls. J’aimerais parcourir les 19 km de ce site unique a pied, en compagnie d'un ami, prendre le temps d’admirer et d’exprimer mes transports. Mais je suis seul, je n’ai pas de gourde, pas de chapeau, et un soleil de plomb me commande de prendre un bus pour Tienhsiang, a |’autre extrémité de |’étroite vallée. Dommage. Des chauffeurs de taxi m/offrent leurs services, poliment, sans trop insister. Je m’engouffre donc dans un bus bondé. (La préposée aux tickets ferme la porte a la main!). Nous atteignons bientét une porte chinoise traditionnel- le qui marque |l’entrée de la gorge. J’ai déja noté dans mon journal: cette gorge calcaire comprend quelque soixante pics de plus de 3,000 m (10,000 pi.). Ses pentes escarpées, recouvertes d’épaisses foréts, se jettent dans une riviére turbulente. La route longeant cette vallée encaissée a été littéralement «sculptée» par une équipede 10,000 hommes, dont 450 y ont perdu la vie. Le projet, terminé en 1960, a duré quatre ans. J’aimerais que le bus soit entiérement vitré. Court tunnel. Si seulement ce sacré bus allait moins vite! J’ai l’impression de traverser a la hate une fantastique exposition de. ta- bleaux paysagers chinois tradi- tionnels. Nous apercevons parfois des marcheurs au pas déterminé, ou arrétés au bord du précipice. Je me répéte en moi-méme le mot anglais «gorgeous» (magnifique, splen- dide) - friand quejesuis de jeux de mots. Un autre tunnel. Ici et la, un panneau _ saisissant prévient de la chute possible de pierres. Une pagode. Une cascade. Au sommet d’une autre chute d’eau, un sanctuaire rouge dit «de |’éternel prin- temps». La route n’en finit pas de percer les rochers... Je me penche la téte une fois de plus: les cimes altiéres se découpent dans un ciel parfaitement bleu. Coin de _ planéte privilégié pour géologues et amateurs de papillons, d’oiseaux, de plan- tes... La gorge Taroko: stre- ment l’une des plus impression- nantes merveilles naturelles d’Asie. Parvenu a Tienhsiang, je continue a admirer le paysage enchanteur: pagode nichée sur une colline parmi de hautes montagnes verdoyantes, long pont suspendu au-dessus de la riviére aux eaux claires... La curiosité m’entraine dans un temple bouddhiste, retiré 1a, en pleinenature, loin dumonde. La statue de Kuantai, un héros, me frappe l'oeil: visage rouge comme une écrevisse, air belliqueux, grande barbe noire retenue de ‘cété par une main (rouge), costume guerrier en or. Je note cette maxime (en anglais) fixée €@ un mur: «Lhomme est son _ propre maitre. Aucun étre ou pouvoir Supérieur ne préside a sa destinée. Bouddha a encouragé chacun a se grandir, a trouver ses propres moyens d’émanci- pation, ase libérer lui-méme de toute forme d’esclavage par l'intelligence et l'effort person- nels.» On annonce sur un tableau, dans le temple méme: «Lits a louer a _ l’auberge catholique pour 60$ NI». J’observe un scripteur, pinceau en main, en train d’écrire en chinois, a_l’encre noire, une courte intention de priére et le nom d’un dévét sur une tuile en terre cuite qui servira, me dit-on, a couvrir le toit d’un temple. Un grand nombre de tuiles sont empilées la, a l’entrée, quelques-unes portant une inscription en anglais. Moyen comme un autre de financer les oeuvres du Trés- Haut. A|l’extérieur du saint lieu, des ouvriers s’affairent a construire je ne sais quoi en ciment. On s’arréte pour manger. J’emprun- te un chapeau de paille en pointe pour les besoins d’une photo. Une jolie Taiwanaise accepte de me photographier. Je m’assieds sur une grosse roche, le dos contre une autre, entre un arbuste en fleurs et un arbre rabougri; devant moi, un. pavement en pierres blanches et grises finement agencées; en arriére-plan, une élégante pago- de se détache d’un harmonieux chevauchement de montagnes. L’équipe de constructeurs me dévisage, tout sourire, bols de riz en mains. Remettant le chapeau a son propriétaire, je prends une photo de celui-ci avec des camarades. C’est la rigolade! L’un d’eux déclare fiérement, dans un anglais «pénible», qu'il a un ami au ‘Canada. Nouvel éclat de rire. Je m’assieds maintenant pour mieux contempler cette nature sublime qui m’environne. Un jeune Taiwanais s’approche bient6t pour... pratiquer son anglais. Volontiers. Son nom: Wei Fu-Jan. Il répéte souvent «sorry» (désolé), le seul terme anglais que tous les Taiwanais que je rencontre semblent connaitre. (On me donne méme l'impression, parfois, d’étre «sorry» d’étre «sorry».) A la fin de ma lecon impromptue, je lui demande de bien vouloir écrire mon nom en caractéres chinois dans mon journal. Il s’exécute «avec un plaisir féroce et déboutonné», selon |’expres- sion de ma mere. Il miincite ensuite a aller me baigner dans des eaux sulfureuses «presque trop chaudes», a quelques kilométres. Je lui fais compren- dre que nous en~-avons a profusion dans l'Ouest du Canada, et que je préfére poursuivre mon bain de nature dans ce décor enchanteur. Suite la semaine prochaine “ LIVREURS DEMANDES LA SOCIETE CANADIENNE DES POSTES EST ALA RECHERCHE DE PROPRIETAIRES - OPERATEURS SUR UNE BASE CONTACTUELLE POUR LA LIVRAISON DE COLIS POUR LA PERIODE DES FETES Tous contractuels doivent posséder une camionnette, un camion pick-up couvert, une station-wagon ou une automobile, et une bonne connaissance des adresses locales et des rues. Le travail sera entre le 4 décembre et le 24 décembre 1988 et les contractuels doivent étre capable de travailler toutes les heures et les fins de semaine. _ Une assurance commerciale pour autrui de 1,000,000.00$ est obligatoire. Rénumeération basée par colis. ‘Si vous 6tes intéressé ou désirez de plus amples informations, téléphonéz-nous au 662-1597. SOCIETE CANADIENNE DES POSTES Notre engagement : vous donner un meilleur service!