Le Moustique § Volume3 - 7° édition Juillet 2000 itterature Le sens des mots. Fi. par Paul Genuist Dés l’enfance, a la mention du mot ‘'pain’’, le Frangais per¢oit une forme particuliére, une texture, une odeur auxquelles il associe les rites quotidiens des repas, et cette vision reste ancrée en lui pour toute sa vie. Les sensations que le mot ‘'bread’’ font éprouver au Canadien sont d'un autre ordre puisque la forme de son pain, sa substance, son gotit, méme la fagon de le manger sont différents : ‘'pain’’ et ‘’bread’’ n’appréhendent pas la méme réalité. “Vin’’ et ‘'wine’’ sont encore plus éloigné |’un de l'autre quand on examine ce qu’ils représentent dans la vie de tous les jours. Une longue tradition de puritanisme a marqué les coutumes et l'histoire du Canada. Le buveur était décrit comme un étre de mauvaises maurs, un malade, un alcoolique en puissance qu’il faut convaincre d'assister aux réunions des Alcooliques Anonymes. Dans ce contexte, boire voulait dire se saouler et faisait référence a ces individus peu raffinés qui ingurgitent leurs six biéres ou plus en une soirée. Toute boisson alcoolique représentait quelques chose de pernicieux pour la santé, la vie de famille et la société. En France, le vin est boisson nationale. Il a véhiculé d'autres valeurs, et elles sont plutét d’un genre positif. Sans doute son abus est-il condamné. Comme au Canada on le tient responsable d’accidents de la route et de bien des méfaits. Mais, traditionnellement, il est associé a des événements heureux. Il apporte joie et gaieté. Il réchauffe les corps et les ceurs....