- 6° EDITION- ISSN 1704 - 9970 VOLUME 8 — Méme d'un certain relachement des muscles du visage que seule la joyeuse insouciance pouvait expliquer. Je me sentais un peu fatiguée également. Certainement, le manque d’exercice et cette distance prise par rapport a mes proches, en compagnie desquelles jadorais sortir, m’amuser, danser, étaient responsable de ces légéres marques de sé- nescence. Je décidai alors de revenir a une vie plus normale, mieux conforme a une personne de mon jeune age. Ace méme moment, j’ai commencé a me sentir assez mal. Une sensa- tion pauvrement définie de lourdeurs, d’inconfort, de raideur dans tout le corps, en plus d’une fatigue anormale semblant assez bien définir une grippe banale. Le plus éprouvant était cette difficulté de trouver le sommeil m’amenant a me retourner sans cesse dans mon lit et a ne dormir que de courts instants. Suffisamment longs cependant pour ani- mer le méme cauchemar, ne cessant de me harceler a la maniére d'une mouche importune. Parmi ces songes, aucune des images se succédant presque sans ordre, ne semblait réellement alarmante. Au contraire, je révais le plus souvent d'une Villa des lilas dont je retrou- vais des images reconnues parmi les plus charmantes et les plus jo- lies. Cependant, l'atmosphére créée au long de cette cascade de réves fragmentés, était tellement chargée d’angoisse, si lourde de menaces, a ce point pesante de terreur contenue, que je m’en trouvai vidée de toute ma force. J’ai méme craint, a plus d’'un moment, en perdre la rai- son. ll m’était apparu également parmi quelques-unes de ces images, se heurtant péle-méle dans ma téte, une chose étrange, un objet in- connu. C’était une porte basse, apparemment lourde et épaisse, som- bre et grossiérement sculptée, s’enchassant prés d’une encoignure du cellier, juste a l’arriére de la cuisine. La chose était a ce point surpre- nante qu’encore endormie, je me suis entendue m’exclamer. Je crois méme m’étre réveillée un instant tant le songe avait des relents cau- chemardeux et, surtout, parce que choquée de découvrir cette porte en un endroit ou il n'y en avait jamais eu. Un petit sursaut de rationalité au sein de cette turbulence d’incohérences que la fiévre seule pouvait ex- pliquer. Le lendemain, normalement trop faible pour me sortir du lit, je me suis efforcée cependant d’aller revoir ce chai présent dans trop de réves et, bien sar, je n’y ai pas reconnu la porte. Un peu rassurée, — de quoi, bon sang ? — la téte lourde, les reins brisés, le corps frémissant de fievre, péniblement je suis retournée me coucher. Je suis restée alitée une semaine entiére. Chaque fois que je me laissais aller a sommeiller, ces mémes réves resurgissaient. Quelques fois, j’ai cru revoir l’impos- sible porte. Enfin, je me suis senti un peu mieux. Plus calme, j'ai quitté 25