Page 8 ) a sant d’amortir les dettes paroissiales encourues, la Fédération faisait figure de trouble-féte en rappelant que tout ceci, présumément, avait été entrepris dans une optique d’émancipation pour les Canadiens frangais. Pour ceux qui voulaient maintenir une raison d’étre a la Fédération, les paroisses, caisses populaires et autres institutions ne de- vaient pas étre des buts en soi mais des moyens. Toutefois, ce raisonnement était trop abstrait pour la masse des gens, et, inopportun pour ceux qui avaient charge des institutions. Si bien qu’il fallait un effort de volonté 4 ceux qui ont continué d’appuyer le mouvement, et, beaucoup d’optimisme et d’espoir pour ceux qui avaient tache de lui redonner une signifi- cation valable aux yeux de tous. En cet automne de 1968, on peut légitime- ment déclarer que la preuve est maintenant faite. La Fédération, loin d’avoir atteint son but, devrait étre inventée si elle n’existait pas déja. Le mot clef: exteriorisation C’est en 1963 que ce mot:: extériorisation, fut laché. C’est ainsi que le bureau exécutif alors résolut de remettre la Fédération sur le chantier. C’est alors que l’idée d’un secré- tariat permanent, d’un agent de liaison, prit naissance pour se réaliser en février 1964. En effet, pour qu’une image vraiment fonc- tionnelle de ce genre d’association fut réalisa- ble il fallait que la Fédération s’engage hors du contexte des cercles et des paroisses, ot elle ne faisait qu’oeuvre de duplication, pour présen- ter au public la cause des Canadiens de langue francaise en Colombie Britannique. Les circonstances se prétaient d’ailleurs fort bien 4 cette nouvelle orientation. Pour la premiére fois, peut-étre, en Colombie Britan- nique du moins, le probléme de la dualité cul- turelle du Canada dans son ensemble, était posé. Alors que, — jusqu’a l’avénement d’une commission royale spécialement mandatée pour établir les critéres d’égalité entre les deux “races fondatrices”, -— la population anglo- phone n’avait jamais eu conscience, aupara- vant, d’un présumé probléme de bilinguisme au Canada, voila que les moindres gestes des Canadiens frangais attiraient maintenant 1’at- tention. On voulait savoir ce qui se passait. On posait de plus en plus la question classique: “What does Quebec want?’ ou “What do French Canadians want?’’ Il s’agissait d’un choix de priorités. D’une part, les Canadiens de langue francaise de Colombie Britannique avaient besoin de porte- parole auprés de la Commission Laurendeau- Dunton; ils avaient besoin d’interlocuteurs dans le dialogue qui s’amoreait; il était impé- rieux de formuler, au moins en théorie, les aspirations légitimes des Canadiens frangais en Colombie. D’autre part, la Fédération avait besoin d’étre repensée; restructurée en rap- port avec la réalité; reconnue en tant qu’orga- L’APPEL “etobre - décembre 1968 ne représentatif des intéréts collectifs des francophones de Colombie. Ce fut en somme Vhistoire de l’oeuf ou du poulet: lequel devait précéder ]’autre? Ce sont encore les circonstances et les événements qui ont présidé au choix. La Fédération Canadienne francaise de la Colombie Britannique était seu- le & pouvoir se prétendre d’envergure provin- ciale et constituée dans le but de réunir orga- niquement tous les intéréts nationaux des Ca- nadiens de langue francaise. S’il avait fallu présumer, devant la responsabilité de l’heure, que la Fédération n’était pas suffisamment re- présentative de la masse des francophones, il eit été dans l’ordre, soit de procéder A un re- crutement intensif, soit de mettre sur pied au- tre chose qui fut plus en mesure d’exprimer la conscience des Franco-colombiens. Or, pour faire du recrutement intensif il faut deux conditions: la premiére, qu’il y ait beaucoup de recruteurs convaincus; la deux- iéme, que le public ait été, au préalable, sensi- bilisé 4 la cause 4 endosser. L’on sait déja que ni l’une ni l’autre de ces conditions n’existaient. Mettre sur pied quelque chose de mieux en mesure d’exprimer la conscience des Franco- colombiens ¢’était passer au ridicule puisqu’il n’aurait pas pu s’agir de plus que d’un change- ment de nom. Done, Vaccent fut mis sur les relations pu- bliques et sur l’information. C’est ainsi que furent pondus les mémoires. Au nombre de ceux-ci, 4 la Commission Laurendeau-Dunton, pour ce qui est du bilinguisme et du bicultu- ralisme, & la Commission archidiocésaine Beaupré, sur les problémes de scolarité des Ca- nadiens francais dans les écoles paroissiales; au gouvernement de la province de Colombie Britannique et, plus tard, 4 la Commission Sco- laire du District de Coquitlam, en vue de l’in- troduction du frangais, comme langue d’ins- truction, dans les écoles publiques. De plus, toutes les occasions d’utiliser les média d’information furent exploitées. Pour rejoindre le plus grand nombre possible de francophones, il fut décidé de publier un or- gane périodique qui contiendrait les informa- tions sur les politiques et les activités de la Fédération en plus de renseigner sur la marche des événements a ]’échelle nationale. C’est ain- si que L’APPEL fit son apparition, en février 1965. Les résultats n’ont pas tardé a venir. Cette Fédération, aux yeux du public anglophone et des administrations civiques, devint rapide- ment le porte-parole officiel des franco-colom- biens. La représentativité de la Fédération ne fut d’ailleurs pas contestée, ni par les autorités ni par les Canadiens francais eux-mémes. Ce qui, — pour ceux qui ont foi dans la vertu de l’association, en régime démocratique, — de- vrait suffir & prouver que c’est celle-la qu’il faut batir et utiliser 4 fond. C’est par le truchement de cette Fédération x que les Canadiens frangais ont été entendus, a