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Wque soit la saison, de faire uni

VOICI LA SIXTE ME DES
CHRONIQUES ECONOMIQUES
DESTINEES AU SOLEIL ET SI-
GNEES PAR L'EMINENT ECO-

NOMISTE QUEBECOIS LAURENT

LAUZIN,

LES GRANDS

COURANTS

L’HOMME D’AFFAIRES DOIT

RECONQUERIR LA JEUNESSE

Il existe présentement dans la
province deux pdles d’influence
et de pouvoir qui tiennent un réle
de tout premier plan dans 1%@vo-
lution de notre société. Ces deux
poles sont constitués, d*une part,
par la jeunesse qui s*%est réfugiée
dans la contestation et, d’autre
part, par le monde des affaires
sur lequel repose en définitive
la défense comme la protection
de nos institutions économiques
actuelles.

Certains refuseront de partager
ce point de vue en soulignant
que notre societe est beaucoup
plus complexe et diversifiée, se
divisant en multiples classes et
organismes qui se livrent une
lutte qui s’accentue de jour en
jour, Nous admettons cette obser—
vation, mais il reste néanmoins
vrai de dire que les éléments do-
minants de notre évolution de-
meurent toujours la jeunesse et le
monde des affaires, les premiers
étant surtout préoccupés 4a batir
une société tout 4 fait nouvelle
et, les seconds, a4 conserver celle
ot nous vivons encore, Au fait,
si on étudie les causes qui ne
cessent d’alimenter les débats
publics non seulement au Québec
mais dans toutes les provinces
canadiennes comme ailleurs dans
le monde, on constate que la plu-
part des discussions en cours
gravitent autour de la lutte que
méne la jeunesse contre le pou-
voir établi, plus précisément ce-
lui que donne le contréle, comme
la possession des capitaux.

‘POSITION LOGIQUE

Pourquoi la jeunesse s*’en
prend-elle si fortement au monde
des aftaires au point de vouloir
éliminer complétement son in-
fluence de notre société ? Telle
est la grande question qu’il im-
porte de se poser aujourd*hui,
La réponse a ce troublant pro-
bleme n’est cependant pas si

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difficile 4 formuler que certains

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le laissent entendre, Au con-
traire, l’engagement dans une
telle lutte signifie que la jeu-
nesse demeure logique avec elle-
méme. Ayant décidé de rejeter

toutes formes d’autorité sur les—
quelles repose le fonctionnement
de notre société actuelle, y com-
pris celle des parents et celles
a caractére religieux et méme
celle détenue par les élus du
peuple, il apparaft tout a fait
logique que la jeunesse s’attaque
ainsi avec plus de vigueur au
groupe qui représente toujours
pour elle cette cruelle autorité
que donnent les capitaux. et toute
cette vie de luxe et de pouvoir
dont jouissent les dirigeants de
notre économie. A la vérité, la

jeunesse a deja brise les liens
si forts qui lfunissaient a la
famille comme 4a une foule d’au-
tres organismes que lui impo-
sait notre société. Mais au ni-
veau de l’economie et surtout
de la haute finance, elle constate
qu’elle se bute toujours a un
veritable mur contre lequel elle
ne possede pas de moyens d’ac-
tion véritablement efficaces.

Il ne faut pas s%illusionner ;
ce n'est pas la pauvreté que
veut corriger la jeunesse, du
moins celle qui s’agite sur les
campus de nos colléges et de
nos- universités ; ce n’est pas
non plus la guerre qu’elle veut
combattre quand elle proteste
si énergiquement contre les fo-
yers mondiaux de conflits. Ce
n’est m@me pas contre les pou-
voirs politiques qu’elle s’eléve
quand elle fait campagne contre
ceux qui détiennent l’autorité de
Etat. L’opposition sous toutes
formes qui earactérise actuel-
lement la vie des jeunes, surtout
celle du monde étudiant, se cons-
titue en fait, une crise d’auto-
rité, celle que traverse un étre
nouveau et jeune qui ne veut
plus accepter aucune barriére
4 l*exercice de sa liberté.

UNE NOUVELLE APPROCHE

Ce nest pas notre intention
de faire l’examen des causes

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qui ont provoque cette crise.
Une telle analyse ne changerait
rien a la situation actuelle et
ne permettrait méme pas de dé-
partager les responsabilités dans
une telle évolution, Nous croyons
qu’il est beaucoup plus utile de
rechercher par quels moyens il
peut étre possible d’atténuer cette
lutte que nous avons mentionnée
précedemment, méme den ar-
river a un degré efficace de com-
préhension entre le monde des
affaires et la jeunesse.

Il est possible, en effet, de
reconcilier les deux groupes et
il n’existe pas de tache plus ur-
gente, non seulement au Québec
mais dans tout le pays, Les
premiers pas 4 faire relevent
cependant de 1]*initiative que doit
prendre le monde des affaires
dans l’éducation de la jeunesse,
Ce dernier doit étre présent et
actif, non seulement dans son
r6le de pourvoyeur d’emplois,
mais surtout dans 1]*’élaboration
des programmes d’études de la
jeunesse, Ce sont nos chefs d’en-
treprise qui doivent pénétrer dans
nos colléges et nos universités
pour engager le dialogue avec la
jeunesse et l*’informer des exi-
gences de notre vie économique
et industrielle, Ce sont nos hom-
mes d’affaires qui doivent le plus
attentivement
la formation que ]’on donne a la

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751 Yale Road East,

veiller a ce que’.

18 DECEMBRE 1970, Ill,
jeunesse lui permette non seule—
ment de trouver du travail mais
encore de s’@panouir dans notre
société de demain,

L*idéal que naus proposons est
loin d%’étre inaccessible comme
1%indiquent certaines expériences
vécues récemment au Québec,
Nous avons été témoins, en oc-
tobre dernier, de la tenue d*un
colloque qui groupait plusieurs
représentants du monde indus-
triel et financier, le personnel
enseignant d’un CEGEP et de
nombreux étudiants, Cette réu-
nion d’étude a été une révélation
pour les participants, tant le
dialogue a atteint a un haut ni-
veau d’efficacité,

Cette formule de collaboration
qui tend a se répandre dans la
province n’est sans doute pas
la seule valable, Mais quelle
que soit celle que l’on choisisse
de suivre elle doit d’abord per-—
mettre a l"homme d’affaires de
penétrer dans le milieu étudiant
et a ce dernier de faire valoir
ses aspirations comme son po-
tentiel devant ceux qui dirigent
notre économie, Nous ne connais—
sons pas d’autres méthodes que
cet engagement direct du dialogue
pour réconcilier ces deux pdles
de force et de pouvoir qui agitent
présentement notre société,

Chilliwack, B.C. Tel.: 792-1741