6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 30 Juin 1978" ae La Courtoisie du Vancouver Sun par Keith SPICER VANCOUVER — Ainsi les fénctionnaires en gréve ont tenu la dragée haute a ‘Assemblée Nationale du Québec? Et dans !’affaire des taxes de vente le ministre ‘des Finances Jacques ‘Parizeau nous a exécuté une volte-face digne de Nadia Comaneci? N’allez pas raconter par- tout que le gouvernement péquiste est en train de :gater la sauce. Méditez plu- tdt sur son plus sublime exploit: mettre un peu de piment dans la Journée du ‘Canada (alias Journée du ‘Dominion, Journée de la ‘Confédération ou tout bon- ; / YS AN) yf IY, , KY \\ espoirs décus. voici leur avis: sept-tique. dé-sept-tion. empereur: Télévision : T’es oes ai. _ Onparle de plus en plus de la télévision et de moins en moins en bien, c’est-a-dire de plus en plus en mal. Notre lune de miel-avec le cable 7 est en éclipse et l’on commence a déchanter. Mortes les promesses et les Donc pour en avoir le coeur net j’ai interrogé quelques personnes de la rue parlant notre langue. et Mr FRANK OF HON: francophone trés moyen nous déclare: Le canal 7 est une colonie montréalaise, en ' tant que franco-colombien ma province m’intéresse par priorité, et mon sport favori est la balle au pied ou “soccer” et puis je n’aime pas tous ces changements de programme et déplacement méme des informations. Alors mon cable le 3 et aussi le 9. Le cable'7 me laisse . Mr FRANCO FONNE: Francophone trés ordinaire nous dit: Toute la culture francaise que je désire, je la trouve au canal 9, concerts, piéces de théatre, films, car je n’appelle pas culture une série ininterrompue de films américains traduits de l'anglais comme ‘si nous, franco-colombiens n’étions pas bilingues. Le 7 va-t-il devenir un canal de traduction? Alors le 7 quelle Mr FRAN COFAUNE: Un francophone tout simple nous déclare: Le cable 7 est la ‘base de la culture franco-colombienne. I] nous apporte tout ce que les romains d’il y a vingt siécles demandaient a leur PANEM ET CIRCENSES: DU PAIN ET DES JEUX C’est surement la plus belle réussite de CBUFT de nous apporter presque en méme temps et chaque jour: Les Recettes de Juliette et le Baseball. N’est-ce pas divin une nourriture pour l’esprit et le corps. Grand merci aux grands organisateurs qui dans les grands bureaux pensent ces grandes choses. Il est dommage que de tels programmes aient il y a vingt siécles entrainé la décadence et la chute de l’empire romain. Pour moi le sept c'est le sept-iéme ciel. vitamine PQ nement ler juillet). Pour voir l’ampleur de la prouesse, il nous suffit de retourner seulement deux ans en arriére, au ler juillet 1976. Ce jour-la, féte nationale, ce n’était pas de la rigolade sur la Colline du Parlement — sauf bien entendu dans la Chambre des Communes, Le gouvernement, découvrant tout a coup la bure, les cendres et l’ascétisme, déci- da que pas un seul denier fédéral n’irait se fourvoyer la ot il y avait le moindre microbe de gaieté. ’ Le Canada, comme dans le livre a succés d’Eric Nicols, était “annulé pour manque d’intérét” bien que les ré- jouissances aient été torpil- lées par — prétendait-on — manque d’argent. Pour rendre la journée parfaitement morne notre lugubre ministre des Trans- ports, Otto Lang, avait trois jours plus tot cédé au chan- tage, au sus-aux-Olympiques des pilotes de ligne et des contréleurs aériens dont la croisade de huit jours (cofit: $35 millions) contre le fran- cais dans le ciel québécois (et contre = Sie ae ene Soe on oR RR un métier “anglais”? avait déchiré le pays jusqu’au tréfonds... et contribué a propulser le P.Q. vers la victoire cing mois plus tard. En cette torride et déso- lante journée pour le Cana- da, iln’y avait 4 Ottawa ni feux d’artifices ni chanson- niers; on n’entendait que le ronronnement des caméras de télévision pendant qu’on interrogeait les hommes po- litiques sur le schisme an- glais-frangais le plus profond depuis la bataille de la conscription en 1942. Aujourd’hui tous, des bu- reaucrates au bon peuple, nous fourbissent une féte nationale canadienne pres- que a la mode de Tahiti, ou les Polynésiens se déchaf- nent pendant quinze jours et quinze nuits pour célébrer le 14 juillet francais. Nous n’en sommes pas encore a dévoiler nos 4mes et nos corps comme les gens de Papeete. En fait, nos tentatives forcenées ont sou- vent un fort relent de qué- tainerie. Les publicistes d’Ottawa nous vantent bien haut d’illustres inconnus, des refrains-litanies a la radio, des slogans franche- ment dénués de sens (“Le Canada c’est toi et moi”) et méme une authentique re- cette “canadienne” pour les petits fours a l’ananas. Toute cette quincaillerie nous fait -parfois regretter l’amnésie patriotique du temps jadis. Tout de méme, pour des Canadiens conformistes et constipés, nous sommes dré- lement en train de nous dévergonder. Ottawa cla- quera cette année la somme folichonne de $4.5 millions en petits drapeaux et autres Retour Des centaines de délégués. des principaux organismes franco-canadiens et franco- américains ont été invités 4 la Rencontre des francopho- “nes d’Amérique, qui aura lieu 4 Québec du 2 au 4 juillet dans le cadre de la Féte du retour aux sources. Le théme de la Rencontre est “L’Amérique francopho- ne parle aux Québécois”. C’est le 3 juillet que Québec, la plus ancienne ville de l Amérique du Nord, célébrera son 370e anniver- saire. Les fétes s’ouvriront, le dimanche 2 juillet, par une cérémonie en hommage au premier agriculteur de la ‘Nouvelle-France, Louis ‘Hébert. Il y aura ensuite une réception officielle présidée par le. premier ministre du Québec, M. René Lévesque, -et le soir, au Bois de Coulon- ge, un grand spectacle sous les étoiles ot l’on attend 100,000 personnes. | Le lendemain, lundi 3 ' juillet, diverses manifesta- tions mettant en vedette des” troupes de folklore se dérou- leront sur la Place Royale, Il y aura une cérémonie dans l'église Notre-Dame-des-Vic- toires et dévoilement de canons historiques offerts au Québec par la France... babioles (un million de plus que l’année derniére) et orchestre en ce moment méme une cuite généralisée d’amour patriotique d’une semaine; bref on ne recon- naft quasiment plus le Canada. Il y a deux ans si vous parliez de “party” a un Canadien, il traduisait auto- matiquement “parti politi- que’’, seule forme d’orgie autorisée par notre constitu- tion. Cette année, qu’il habi- te Montretout-sur-Mer a Terre-Neuve ou Patelin-la- Joie en Colombie britanni- que, ce méme Canadien aura du moins la chance d’évo- quer d'autres choses: lever le coude, ou la voix, ou la jambe, et, qui sait, peut- étre conter fleurette et trou- ver une amourette, tout ca pour le Canada. Comment, exactement, nos amis du PQ nous ont- ils corrompus 4 ce point? Comment nous ont-ils appris que le Canada ce n’était pas des pourcentages d’impéts ou des constitutions, mais le rire et l'amour? Voici: en mettant en question notre droit d’aimer le Canada, puis en nous montrant a quel point ils ont l’audace d’aimer le Québec. ; De bout en bout la liturgie du cynisme péquiste voue au mépris l’idée du Canada. M. Lévesque qualifie depuis douze ans le Canada de non- pays rafistolé. Son ministre , ‘€ : - tion nous géne’encore un du Développement Culturel, le Dr. Camille Laurin, n’ayant jamais ni vécu ni étudié en Canada anglopho- ne, décréte que la culture canadienne est “hypothéti- ” que”. La conclusion constitu- tionnelle que le PQ tire de telles convictions — |’indé- pendance — force partout les Canadiens a repenser et a re-sentir la notion méme de Canada. Effrayant pour certains, difficile pour tous, Vexercice peut étre salutai- re. Voici des années que, dans ce pays aux extases patrio- tiques retenues par Macken- zie King et ses ennuyeux disciples, le couvercle mis sur l'amour de la patrie est prét 4 sauter. Les moque- ties du PQ nous ont incités a mettre en question puis, pour la premiére fois véri- tablement, 4 apprécier notre nation dans toute la gran- deur de ses faiblesses et de ses libertés. Le Canada a également profité du cété coeur-en- bandouliére de l'amour pé- quiste pour le Québec. Le © patriotisme de tout instant que manifestent nombre de Québécois semble parfois ob- sessif aux étrangers (et pas seulement aux Canadiens anglophones). Il y a beau- coup de vrai dans ce juge- ment, et il faut y voir le résultat de trois siécles d’é- pres luttes ou, a l’épreuve de Visolement, succéda le dan- ger d’assimilation. _ L’intensité méme de cet attachement a un terroir et a des co-“survivants” n’a pas déclenché l’envie des autres Canadiens mais, par contre et sans aucun doute, le désir de se réchauffer a une flamme patriotique aussi chaleureuse. Donc, malgré toute sa maladresse (l’émo- peu), malgré son cdté opé- ration-sourire et sa camelote patriotarde, le festival du Canada de cette année doit une fiére - et longue chandelle au PQ. Si les dieux sont avec nous, nous continuerons no- tre libération émotive jus- qu’au jour - l'année prochai- aux sources Ce méme jour sera inau- guré ‘un “comptoir généalo- gique”’ qui captivera stre- ment l’intérét de nombreux visiteurs. Toute personne, en effet, dont les ancétres La Francoféte (Suite de la p.1) équipes de Vancouver, Mail- lardville et Powell River. Voici les résultats des fina- les.“ Equipe d’hommes: I’équi- pe de Maillardville (Les té- tes de pioche) a battu l’équi- pe de Vancouver. Equipe femmes: les chats roses de Maillardville ont battu une autre Pauipe de Maillardville. ' Equipe mixte: I’équipe de Radio-Canada (sous la direc- tion de M. Jacques Landry) a défait l’équipe de la Caisse Populaire de Maillardville.. ’ Le Coin du Gourmet a -remporté un succés allé- chant. Quarante-cing plats étaient en lice, dans trois catégories: viandes, des- serts et “divers”. Les heureuses gagnantes : ont été: e dans la catégorie vian- _sont nés au Québec pourra se procurer 4 ce comptoir sa généalogie remontant au premier arrivé en Nouvelle- _ France. des: 1) Mme Connie San- derson, 2) Mme Claudette Lambert, 3) Mme Bernadet- te Chabot. — e dans la catégorie des- serts: 1) Mme Betty Bru- neau, 2) Mme Cécile Bou- vier, 3) Mme Claudette Lam- bert. ¢ dans la catégorie divers: 1) Mme Claudette Heino, 2) Mme Gail Bourget, 3) Soeur ~ Alice Desfossés. Une mention spéciale a - été attribuée 4 Mme Louise: Philippon pour son pain-mai- son. — Mme Connie Sanderson a recu le prix d’excellence, pour son boeuf aux oignons et a la biére. Le jury était composé de Mme Gertrude Beauchesne et de MM. Jean Riou, Jac- ques Danis, Philippe Bour- beau et Gerry Skitch (cuisi- ‘nier de I’école Ceritennial de Coquitlam). ne? - ot, comme les Fran- cais, les Tahitiens et les Québécois, nous rendrons a notre pays le plus doux des hommages: danser dans les rues en son honneur. Cette année nous nous contenterons de jogging... Le labeur qu’en deux ans le PQ a investi dans‘la rejuvénation du Canada a done déja porté de bons fruits fédéralistes: Les Ca- nadiens jansénistes ont do- rénavant le droit de pleurer, de rire et de faire des tas de petites sottises pour féter leur pays. Et, ne ffit-ce que pour croquer en coeur des feuilles d’érable au gingem- bre (oui, encore une recette fédérale) ou pour retrouver les mémes vignettes sur leurs pare-chocs, la semaine du Canada inspirée par le PQ a incité les Québécois et les autres Canadiens 4a faire quelque chose d’inoffensif ensemble. D’ailleurs (pour prévoir toutes les hypothéses) quand bien méme le Québec déciderait un jour que le Canada ne valait plus la peine d’étre aimé du tout, les autres Canadiens auraient du moins appris - mieux vaut tard que jamais - a expri- mer sans honte leur amour pour la patrie. Ainsi pendant que nous supportons stoiquement et sourire aux lévres I’hystérie et la pacotille de cette semai- ne de kermesse patriotique, ayons une pensée émue pour le Parti Québécois. Ils nous ont peut-étre donné les bar- ricades autour des députés et-un remake de Laurel et Hardy sur la taxe de vente. Mais ils nous ont aussi | montré pourquoi et com- ment on peut, pour le Cana- da, faire une maudite bonne party. M. Keith Spicer est chroniqueur au Vancouver Sun Nomination au M. Luc Sicotte M. Luc Sicotte est nommé directeur général des affai- tes publiques au Canadien National. La nomination vient d’étre annoncée par M. Jean G. Cormier, vice- président, affaires publi- ques. © M. Sicotte, ancien journalis- te de la presse écrite et électronique, posséde une grande expérience dans le domaine des relations publi-: ques industrielles et gouver- nementales. I] détient une’ maitrise és sciences en jour- nalisme de l'université Co- lumbia, New York. M. Sicot- te aura ses bureaux au siége social du CN & Montréal. Sate SecA oh. Se dee dad