TED LINDBERG OU LA GALERIE AMBULANTE La ‘*Vancouver Art Galle- ry’’offre un programme édu- catif ‘des plus intéressants. Sous le joli nom ‘‘d’Exten- sion’’, elle proméne 4 tra- vers toute la province de la Colombie Britanniqug peintures, graphismes, dia- positives et films pour le grand plaisir des visiteurs de plus en plus nombreux. Lorsqu’en 1968, Ted Lindberg partit avec sapre- miére exposition, il était loin \de penser qu’en 1972, 42,000 amateurs d’art deéfileraient dans ce que j’aime appeler ila galerie ambulante. De Vancouver 4 Prince- George et de Chilliwack 4 Revelstoke, Ted Lindberg avec la méme patience, le méme enthousiasme établit le contact avec les jeunes et les plus Agés, ouvrant les portes merveilleuses du monde de l’art 4 un public neuf et souvent naif mais qui ne manque pas de frafcheur, il se met A la portée de chaque groupe. Ted, 4 l’ouvrage, a pour méthode simplicité, clarté, compréhension du groupe avec lequel il travaille; avec quelle adresse il améne son audience A se poser des .questions.et y répondre d’el- le-méme ! Ce qui frappe, c’est cette absence de bourrage de crane que l’on retrouye si souvent chez tes éducateurs. Pour Tel, les enfants res- tent ses préférés parce qu’ ils arrivent dépourvus de préjugés et doués d’une grande imagination sensibilité aux images en couleurs est particuliére - ment grande’’, dit-il. Bien sr, le succés de ce programme est dQ en partie & Ted Lindberg pour son approche si humaine du pu- blic-qu’il cdtoie, mais il se- rait injuste de ne pas men- tionner le comité culturel du centenaire de la Colombie Britannique quisubventionne cette initiative. Subvention sans laquelle ce programme ne pouvait survivre. N’ou- blions pas_ non plus la ‘*Vancouver Art Gallery’’ oa les idées germentet fleuris- sent trés souvent pour le bien de chacun. Et que dire de |’aide spon- ‘sleur <7 tanée et généreuse que tous ces spectateurs d’un jour apportent 4 Ted lors de son passage dans leur ville ou leur village! Méme si notre missionnaire de l’art (c’est ainsi que j’aime le nommer)} admet avec regret que tout cela ne représente que deux heures d’exposition par anj et par personne, il est vrai- ment encourageant de penser que les enfants de Kitimat ou. Salmon Arm auront eu lal chance de voir les oeuvres} d’Emily Carr ou que les vieilles dames auront pues- sayer de faire connaissance avec l’art moderne. Aprés} tout, combien parmi nou- prennent le temps de passer deux heures par an dans un musée ou une galerie? i DERRIERE LES PORTS Les marins, c’est naturel, ga voyage, ¢anavigue de port en port, toujours les mémes, 4 Conakry, Bombay ou Sidney, A la différence prés de la couleur des marchands de souvenirs qui viennent achaler les passagers ; et il arrive comme ga qu’ils aient envie de voir ce qu’il y a finalement derriére 1’ uniformité de toutes ces es- cales. En tout cas, c’est ce Yvon, tous deux officiers de la marine marchande. Pour cela, ils ont équipé une 504 Peugeot et pris le bateau pour New York avec V’intention de _ sillonner l’Amérique, de 1’Alaska au {Cap Horn et, si la voiture tient le coup, de prendre un bateau de Récife 4 Dakar pour traverser |’Afrique et rejoindre leur port d’atta- che, Saint-Brieuc, en Bre- tagne, aprés un ‘‘crochet’’ par l’Asie. Il y a une semaine, quand nous les avons rencontrés, ils étaient déjA en voyage: remontés en. Gaspésie pour rencontrer le froid et la neige et, séduits par la cha- tants, ils y ont passé un mois (le temps qu’ils avaient prévu pour visiter toute |’ Amérique du Nord !) logés dans des presbytéres,. des salles paroissiales,’ chez le maire, dans des villages si petits que le curé y faisait ‘office de conducteur de bus, d’embaumeur, donnait éven- ittuellement des premiers soins. ' De 1a, ils ont rejoint Qué- bec et Montréal, sans s’y attarder du fait qu’ils con- naissaient déja ces villes et que l’hospitalité n’y avait plus la géneérosité de celle ‘de la Gaspésie. Puis la longue traversée du Canada jalonnée d’étapes dans de vieilles communau- ités frangaises au nom des prétres qui les avaient créées lors de la lutte en- tre catholiques. et protes- tants, comme Morinville et Falherville. Dans ces ré- gions agricoles, ils ont été encore frappés par la sim- plicité et la gentillesse d’une population pour laquelle bi- linguisme. et intégration ne sont pas des problémes. Huit jours ici, huit jours qu’ont voulu faire Jean et. depuis. quatre mois et de-. mi. De New York, ils étaient . leur de’ l’accueil des habi-. 1a, et il faut repartir pour affronter les 1,300 milles de route. non goudronnée qui ménent 4 1’Alaska. La, ils ont connu leurs premiéres mésaventures : un beau matin, un ours brun découvrit leur tente, se mit 4 la renifler (le temps de prendre quelques photos) et brusquement, d’un grand coup de patte, la-balaya (le temps de faire un grand bond en arriére). Un peu plus tard, une voiture pleine d’indiens ivres devait les envoyer dans le fossé et un camion faisait éclater_leur pare-brise ( la pose d’un nouveau leur a coftté vingt dollars !| ). Ce jour-14, nos voyageurs l’appellent avec un clin d’oeil.le ‘‘calamity- day’’. Pas découragés, ils ont continué leur chemin jus- qu’A Point Barrow (par avion depuis Circle) of un Améri- cain de la ligue anti-alcooli- que leur offrit l’asile pendant huit jours. A leur grande déception, Jean et Yvon n’ont pu ap- prendre grand chose des Esquimaux de la région, du moins. directement, car seuls les jeunes, en parti- culier. les étudiants, emplo- yés A une base de recherches américaine,se montrent plus confiants. Contrairement 4 ce que l’on croit, méme dans des agglomérations moder- nes, l’adaptation au progrés ~ des Esquimaux est prudente : si leurs harpons sont main- tenant A air comprimé, ils ont gardé les kayacks en peau de phoque. Un mois en Alaska, od il leur fut impossible de tra- vailler, étant célibataires et sans papiers et dont ils ra- menérent un merveilleux de- mi Samoyéde de trois mois et de pére inconnu, plein de vie, Walik, tout noir avec de longs poils éternellement embroussaillés. Puis cap sur Vancouver, avec une étape dans la val- lée de 1’Okanagan, od ils ramassérent des fruits. Le travail pénible favorisait peu les. contacts; aprés douze heures, mal payées, on a davantage envie de dormir que de discuter. Le temps de gagner assez d’argent pour repartir et en route ! - A Vancouver, un probléme urgent 4 régler : faire ré- parer la voiture et pour ce trouver un agent Peugeot. L’agent fut trouvé facile- ment, mais plus de cent dollars pour changer une piéce, c’était vraiment trop. Quelques jours de camping sous la pluie et c’était assez, Jean et Yvon repartaient cet- te fois pour l|’fle de Van- couver ou ils ne comptaient passer que quelques jours avant de descendre vers |’ Amérique latine. : Ce qu’ils retiendront du Canada? L/’indifférence qu’ ils ont rencontrée dans les régions urbanisées, et par- ticuliérement A Québec et Montréal, le manque de per- sonnalité des grandes cités nouvelles, l’importance ex- cessive accordée 4 l’argent et au'‘business’’, mais aussi la générosité de l’accueil des régions agricoles et les grands espaces encore sau- vages ( pour, combien de temps encore? ), la soli- tude que l’Europe ne peut plus offrir. Nous leur souhaitons de grand coeur bonne route et nombreuses découvertes ‘pour la suite de leur voyage. 4 EANNEE eeu VET LEMISSION DE DU LUNDI AU VENDREDI de 10h01 a midi Deux heures de chansons, de musique, de jeux, de concours © avec les plus grandes vedettes de i’heure DIRECTION: MUSICALE VIC VOGEL AVEC PIERRE - PAQUETTE ee JACQUES FAUTEUX he LE SOLEIL, 29 SEPTEMBRE 1972, vil sities