Suite nouvelle transformation du transport maritime, ce qui: fait qu’automatiquement les, zones de~ manutention ont changé de place. M.Farcy - Elles se rappro-.: chent des usines. M.Tocque - Oui, et les mo- yens de transformation’ sont , beaucoup plus rapides et beaucoup plus importants. qu’il y a un an. Par exemple, | vous avez des usines qui vont’ s’implanter dans un endroit. assez prés, pour limiter leurs frais de transport en-' tre leurs matiéres premi¢-— res et leurs moyens de pro- duction, ainsi que leurs mo- yens d’exportation. Je vois fau Havre, par exemple, cela: fonctionne depuis un an ; il y a une usine, une grosse ci- menterie qui s’est implantée dans une région relativement : proche du port et detous ses, moyens de fabrication et: prend lapierre 4 fabriquer le: ciment avec des tapis rou-' lants, dans les falaises d’en’ face, jusqu’a l’usine. La,. cette pierre est transfor- ée en poudre de ciment ;' les sacs de ciment vont di-— rectement dans un bateau: qui est tout prés, parce que. 1’0n a creusé un canal pour : amener une voie navigable. jusque-1a et c’est un navire : de mer qui a un bassin: d’évitage ; il peut tourner et il reprend le large di-- rectement chargé 4 la ci-: menterie. Autrement dit, | tout cela s’est fait sur place, ce qui limite énormément les frais et ce qui permet: d’étre compétitif pour untas: de raisons. | A Renault, c’est pareil dans : leur usine, prés du Havre,’ ou l’on fabrique des voitures: ~.,.Jdans la zone-portuaire ;cesi- voitures sont expédiées di-° rectement sur le bateau,. puisque le canal passe de- vant, et puis dans les ports de destination qui ont main-' tenant presque tous ce que! l’on appelle un ‘‘container: terminal’’..D’abord, il faut: des emplacements de sto-, ckage, de manutention et de, transport de ‘‘containers’’.; M.Lemasson - Je crois qu’il ' y a une grosse question! aussi. Les grandes villes: arrivent 4 étre saturées, en fice qui concerne la circula-' tion automobile, et c’est| pour cela que les ports se déplacent. : i M.Tocque - Les anciennes| enceintes des ports étaient! un petit peu enclavées par, la ville. Il y avait le che- min de fer, c’est entendu, mais enfin cela est rela- tivement limité et ne per- met pas de faire ce que l’on appelle du porte A porte. Le ‘‘container’? est idéal s’il est transporté au port! de départ, par voie routiére, | © méme que du port d’ar- . rivée au destinataire. Ainsi, | il va directement duvendeur supprimer complétement les | ports dans la basse ville.’ M.Tocque - Alors 1a, on améliorerait | énormément | la condition du marin, la| manutention se faisant en 12! heures. Donc, vous passez' votre temps réguliérement — en mer et comme vous vous ; trouvez a 25 km d’un en- droit habité, en général, vous passez vos journées dans un | tas de ferraille, et puis c’est ' fini !!! M.B. - Alors, celadéshuma- nise encore plus? M.Tocque - C’est pour cela que 1’on doit allonger encore _M.Tocque - Non, le marin, 4 l’acheteur ou dépositaire.'- -|{M. Allain - Dans les Villes | yJcomme .New York, on veut; nos congés et nos possibili- | pris pendant vos congés pour | tés de vacances. M.Olivi - Nous devenons de vrais robots. ' M.Lemasson - Et tout plai- : sir sera exclus de la vie du marin. M.B. - C’est incroyable que le marin devienne un robot ! : ¢c’est une race qui est ap- pelée A disparaftre. [1 n’y . en aura plus. Il y aura des *frescuers’’ de haute mer qui iront chercher les es- péces de trucs qui seront tom- ; bés en panne, et c’est tout. Mais personne ne risquera | plus sa vie. Il n’y aura plus personne sur la mer. Il y | aura des tas de machines qui fonctionneront seules. M.B. - Alors, les gens qui | aiment la mer, qu’est-ce | qu’ils feront? M.Tocque - Les gens qui | aiment la mer, ils feront du ! bateau A voiles et ils iront |! A la péche au saumon |! | M.B. - Comment devient-on | officier dans lamarine mar- | chande frang aise? M.Tocque - Vous allez dans une école de la marine mar- . chande, vous passez l’undes différents brevets offerts : dans: diverses spécialités, c’est-A-dire le pont, labran- . che technique de lamachine, et la radio, et l’Etat vous donne un brevet qu’il garan- tit. Ensuite, vous allez dans une compagnie de naviga- tion ol vous @tes embauché en fonction de votre brevet, et ensuite, vous suivez l’avancement de la compa- gnie. M.-B. - Est-ce qu’il y a une marine marchande nationale © en France ? M.Tocque - Non. Mais, chez ' les Belges, les diplodmes d’officiers sont valables pour la marine militaire et la marine marchande. Ce sont..les. mémes écoles.. Il faut un certain temps dans la marine militaire, puis un certain temps sur un navire de commerce. Mais, en France, c’est trés, trés différent. La marine marchande n’est pas bien . séparée de la marine mili- - taire ; c’est différent au point de vue du genre de vie, du travail, etc... mais la ma- rine marchande frangaise a une administration mili- taire. Les professeurs des écoles de marine marchan- . de, titulaires, taires. M.B. Y a-t-il un ministre. les vrais professeurs de la marine marchande? . M.Bruneau - Il y en a eu un, mais maintenant il y a un sous-secrétariat d’Etat aux transports, avec sous- secrétaire général. M.B. - En cas de guerre, est-ce que la marine mar- chande serait mobilisée? M.Farcy - Elle seraitentié- . rement mobilisée ; mobili- ; sée sur place, en général. | - tion de tranquillité. Cela dé- M.B. - Est-ce que vous pou- | vez facilement vous réinté- grer dans la marine mili- taire, si vous décidez de » quitter la marine marchande: M.Tocque - C’est-a-dire que de par notre formation et | dans le systéme d’infra- structure de la marine na- tionale, nous en faisons par- : tie, parce que s’il y a une mobilisation, sous les ordres de la ma- rine nationale qui dirigera, | en fonction des directives | qu’elle aura du gouverne- ‘ ment, les transports mari- times. La plupart du temps, suivant votre Age, etc...vous | étes mobilisé sur votre na- vire, dans vos grades et fonctions. Mais vous pouvez étre, en temps de guerre, sont des mili- . nous tombons | , plus vivre la vie un peu aller sur un navire de guerre. Quand vous faites votre | ‘ service militaire, vous avez . ' toujours | rester dans la marine natio- , nale (militaire) si cela vous la possibilite de fait plaisir. Mais, en géné- , ral, cela n’intéresse pas tel- lement les gens. Il y en a que cela a intéressés, et qui |. : . sont restés dans la marine nationale, mais autrement ‘les gens de la marine mar- chande reviennent 4 la ma- rine marchande. |M.B. - Pourquoi étes-vous au port si longtemps? Et ‘comment la gréve vous af- fecte-t-elle ? M.Farcy - Toute la mar- chandise que l1’on devait dé- ‘ barquer aux Etats-Unis, A Los Angeles, San Francisco, Portland, Savannah, on la dée- barque ici. Il faut attendre ° son tour pour avoir une pla- : ce A quai. M.Contant trés cher pour la Compagnie. M. Allain - qu’une partie des gens qui ‘expedient leurs produits : l’Europe et qui sont | vers proches des ports de la cé- te Ouest, alimentent habi- | tuellement les ports et les © navires de la cdte ouest, parce que c’est plus pro- che ; s’ils veulent mainte- nant faire transporter leurs exportations, ils seront obli- gés d’envoyer leur marchan- dise dans les ports qui sont pas en gréve. M.B. - Quelles facilités - avez-vous A bord, pour les ~ passagers ? M. Lemasson - Il y a une piscine démontable, que 1’on | installe, lorsque Il’on est dans les pays chauds. M.B. - Et vous organisez des jeux 7 M. Lemasson - Nous avons : des jeux 4 bord : jeux de. jeux de cartes, etc... | M.B. - Est-ce que les pas- | tir, sagers peuvent sortir quand ils le veulent et revenir 4 | bord, de méme ? M.Lemasson - Oui, bien sQr. © M.B. - nes sont vos passagers * M.Lucas - D?’origines fort ' diverses. M.Bruneau - Il n’y. a pas de régle géné- | rale. M-B. - Des gens a la re- traite ¢ M.Allain - Beaucoup. En gé- néral, des gens d’un certain ' age. M.B. - Pourquoicesperson- ; nes 14 ne prennent-elles pas un paquebot ? M.Lemasson - vous voyez, il y a une ques- pend ; il y a des gens qui - C’est la seule , ‘ issue puisqu’il n’y a pas | d’autre port sur la cote. ‘ ouest. M.Lemasson - Cela revient . Certainement . ne’; De quelles: origi- : Beaucoup d’ | ' Américains, des Européens. Parce que : n’aiment pas s’habiller tous _ les soirs, qui viennent man- ger plus décontractés et je . pense que le cargo leur of- fre beaucoup plus de repos. M.Tocque - Je suppose que ‘ c’est pour une question de tranquillité, pour des gens qui ont déja atteint un cer- tain age et qui ne veulent fatigante du paquebot. Le c’est vraiment vite fait ; ils - n’ont pas le temps de s’adap- _ter et de prendre suffisam- ' ment de repos. Au point de ' vue prix et coat de trans- | port, c’est A peu prés équi- ; valent. ' M.Olivi - Seulement,ils pas- sent un mois 4 bord. voyage ne dure que six jours, © M.Tocque - Ils ont aussi une expérience un peu par- | ticuliére. Ils ont le temps de faire ce qu’ils veulent. 'M.Lemasson - des gens qui embarquent par exemple a Los Angeles pour , venir 4 Vancouver, puis re- ; venir a Los Angeles. Ils font uniquement le voyage ; de la cOte pacifique. Ils res- tent a bord une douzaine de jours et sont trés satisfaits de leur voyage. M.B. - Faut-il faire des ré- servations bien a l’avance 4 M.Lucas - A peu prés un mois. Mais il faut passer par les agences et se ren- seigner. : M.Cardon - D’ici,nous allons Vous avez | i partir avec douze passager | pour 1l’Europe. ; M-B. - Combien de tem | restez-vous A Vancouver? M.Cardon - Jusqu’au same- di 21 aoftt, puis nous pas- .serons deux jours 4 New ' Westminster. M.Tocque - C’est une situa- ‘tion inhabituelle. Générale- ment, On passe 48 heures 4 ‘Vancouver. | -M.B. - Est-ce qué vous ai- ,Mmeriez revenir A Vancouver? ‘M.Lemasson - Je reviendrai certainement avec grand plaisir ; je dis A l’heure ac- ;tuelle que vraiment Van- ,couver est une ville char- ;mante, ol les gens sont trés accueillants. LE SOLEIL, 20 AOUT 1971, XV