Samedi 16 aoft 11h00. Les silhouettes qui ont envahi Highway 86 semblent étre la depuis une éternité. Par Charles-Henri Buffet Comment ne les ai-je pas vus avant? A découvrir ces étres assexués, vétus de sombre, prendre possession de Highway 86 ce samedi matin, j’ai nettement eu impression qu’ils étaient 1a depuis une éternité. Quils avaient toujours été un complé- ment naturel de cette autoroute. Vétus d’imperméables et de costumes stricts, ala fois banals et lointains, ils venaient récupérer un bien qui leur avait toujours appartenu: ce bout d’autoroute grise perdue dans une Expo ot Les verres polarisant ou lunettes que vous portez pour le film du CN, (vous savez celui ot l'on vous écrase l’oeuf sur les genoux) passent par toute un chemine- ment de nettoyage aprés que vous les ayiez portés 21 minutes. Ils servent dix fois, et trois équipes de quatre laveurs les nettoient. Les lunettes sont d’abord plongées. dans une solution détergente dans laquelle on fait passer des ondes_ ultrasoniques qui les nettoient a fond. Elles sont ensuite rincées dans le fréon, fluide frigorifique utilisé dans les réfrigérateurs, (pour éviter la formation de taches), puis séchées au réfrigérateur pour empécher la condensation. L’eau de mer sert a rafraichir les 139,850 métres carrés du complexe de la Place du Canada. L’eau pompée dans des conduites en acier inoxydable du cété ouest de la _ jetée traverse des tout est couleurs agressives. Ils sont apparus entre un satellite et un sous-marin, une Jaguar,une moto et une paire de chaussures de tennis. Ils sont apparus, pleins de détermination, piétons ignorant superbement cette multitude de véhicules qui leur tendaient les bras. Pas un contact entre l’homme et les ‘machines. Juste parfois un écart trés mécanique, pour éviter ces obstacles indésirables. La musi- que - le chorégraphe Jean-Pierre Perreault me pardonnera cette référence un peu tropentendue - échangeurs thermiques au titane avant d’étre déversée de l'autre cété. La corrosion est toujours une considération importante dans un systéme de ce genre, mais le probléme vient autant des produits chimiques toujours présents dans les ports que de. Yeau salée. La société d’études MCW, qui a concu le systéme, estime que l'économie annuelle d’énergie réalisée est de l’ordre de 40,000. dollars. Les locataires semblent étre trés satisfaits du systéme. Les gars les plus photographiés au pavillon du Canada? Vous donnez votre langue au chat?: les gars de la Gendarmerie royale, voyons! Ceux qui se proménent en habit rouge, bottes de cuir et grand chapeau se font arréter plus de 200 fois par jour et jusqu’a 100 fois par heure. L’un d’eux a précisé qu’il vallait mieux qu’on “tire” sur lui de cette facon que dune autre. Ils sont six gendarmes, ils viennent de tous les coins du pays et ils ne se plaignent pas du tout: leur me faisait penser a celle d’Urban Sax, une touche d’Orient en plus. Quelques percussions, ce contras- te entre les fragiles aigus et les basses vibrantes si caractéristique du saxophone. Et de grands moments de silence. Non, on ne soulignera jamais assez combien cette chorégraphie dépouillée convenait 4 cette sculpture fleuron d’Expo 86. Le seul probléme, c’est que le public y trouvait difficilement sa place. Pour apprécier tous les tableaux de cette chorégraphie, il aurait fallu étre partout a la fois. Suivre ce danseur étendu sous les travail leur plait car ils sont heureux disent-ils car ils ne voient que le bon cété des gens. De nombreuses jeunes Americaines avaient avoué qu’elles_ vien- draient au Canada seulement pour voir ces beaux gars, un film vantant le Canada et la foire Expo 86 leur avait montré quelques beaux spécimens. La chasse aux épingles ou petits badges qui sont distribués sur les terrains par les pavillons ou les corporations qui participent a lExpo, a pris des proportions énormes: certaines personnes les affichent sur leur chapeau, veste, blouson et méme _ pantalon! Certains n’ont pas moins d’une centaine de petits morceaux épinglés sur eux. La barbe a papa a la cote sur TExpo puisque avec toute la mousse rose vendue on pourrait remplir la moitié du stade de la Colombie-Britannique. roues d'une bicyclette ou cet autre affalé sur une barriére latérale. Puis revenir 4 une vue d’ensemble pour ne rien perdre de cet élan tumultueux qui se dégage d’un groupe de cinquante danseurs marchant dans la méme direction. I] aurait fallu pouvoir se fondre parmi les danseurs, se cacher dans un des véhicules, puis prendre l’altitude... rien de ce qui est généralement accessi- ble a un spectateur lambda! A la télévision, le spectacle était sirement extraordinaire. Mais sur place, le public n’était pas aussi nombreux que prévu (entre Cela ne vous est certainement jamais arrivé:° que l’on vous demande d’acheter les vétements de travail que vous portez. C’est pourtant ce qui se passe sur les terrains de l’Expo, avec les hétes LE SOLEIL DE COLOMBIE mille et deux-mille personnes) . Pour un spectateur non-averti, le spectacle se di luait un peu dans la féte ambiante: des phrases musicales entiéres étaient hap- pées par des cris, des accents venus des kiosques a musique . Et un monorail survolant la scéne pouvait casser tout l’effet d’un moment de silence. “Nous avons fait le choix dene pas amplifier la musique, m’a_ expliqué le compositeur vancouvérois David MacIntyre. On entend tellement de choses sortir des amplts, de nos jours, quej at essayé de retrouver unsonun peu plus authentique.” et hétesses. Pour que le souvenir de cette Expo 86 devienne inoubliable, les employés ont le droit de retirer leur chemise ou leur jupe, les donner, mais pas les vendre. Carbone 14 au théatre Amiga — Carbone 14, c'est une troupe de danse de Montréal; qui fait appel a plusieurs techniques artisti- ques: danse, vidéo, théatre... un peu comme Michel Lemieux. Du ler au 7 septembre, ils seront au Théatre Amiga du pavillon du Canada avec Le Rail, une piéce multilingue sur “le pouvotr, Vautorité et Uinconscient”.