propos en [air du. gondolier du ciel per Facques Baillaut COLOMB 68 les voyages dfaujourdthui ont perdu le charme de ceux du jpasses Tis deviennent un deplacement. rapide, d'un point a un autre, une course contre la montre, durant la- quelle on ne prend plus le temps de savourer les horizons que; le pre- mier but des voyages etait de faire découvrir. L'homme moderne depense plus dtargent en moins de temps, pour niarriver a découvrir que son comp~ te de banque, D1 ne voit plus le pe- tit sentier tranquille, la colline douce, les mille et une merveil- “les qu'il passe a toute allure dans des bolides aux noms barbares, TD. a copie des oiseaux le don de voler, mais iil n'a pas su conser- ver leur’ grace et leur legereté,Chez ithomme, le gazouillis a fait place. ‘a des chants de guerre, et non con- tent de n'accorder qu'in regard dis- trait 2 son domaine, voila que main- tenant il va jusque dans la lune, comme si le fait dtembrasser la ter~ re d'un seul regard lui donnait le droit de dire qu'il la connait. Du méme coup, sans pitie pour Pierrot et sa Colombine, il prend un malin plaisir a déshabiller la pau- wre lune, @ l'analyser au point de tourner au ridicule cet astre. majes= tueux chante par les poétes, pour nten faire qu'un vulgaire et inhos- _ pitalier tas de cailloux, Pour couronner je tout, 1*hom- me avec une naivete qui nla. dtéga- le que son ignorance,compare ce noue vel exploit a ceux de Christophe Colomb, Ctest aussi ridicule que de comparer une. soupe en boite a un coq au vin, Monsieur Colomb!$ Voila un hom me qui savait voyager,en prenant son temps et rapporter quelque chose de ses voyages. Pourtant, au retour de sa dernitre expedition, il y a quatre cent soixante-qiatre ans, le roi d "Espagne lui coupa les vivres COn= siderant trop lourdes les dépenses ‘occasionnées par des voyages durant . lesquels | les navires de la couronne d'Espagne n'étaient mame pas assures Manoeuvre subtile des compagnies: d'assurance anglaises qui ébranle- rent ainsi la confiance des Espa- gnols, a seule fin ( on s'en doute ) de s*temparer eux-mélne 8 - du Nouveau Monde, Pour Christophe, pas de. decora- tion, pas de pension, arrive’ A un age ou il est difficile de trouver un. autre emploi, Il termina ses jours dans la misére,ntayant pour consola~ -tion que les souvenirs passe$ en “haute mer en compagnie de ses cama— -rades, solides gaillards et joyeux ‘lurons,le claquement des voiles dans le vent, sur des océans qui dans ce temps-la étaient immenses, Le Thum y coulait 4 flots, et si la cuisine n'était pas toujours raffinée,la ta- ble était copieusement garnie. C'était la grande aventure et, quand au terme du voyage,le guetteur’ criait 4 pleins poumons, " terre sus 1'équi page en esse se rasait a | TA aa Le Soleil de Vancouver, page 3,le 3 Janvier 21969 coups de sabre avant dtaller compter: fleurette aux mignonnettes a la peau cuivrée,dans des pays ne connaissant pas encore les reglements sur les lois alcooliques, Christophe Colomb nta sans doute jamais; regretté des découvertes qui ne lui rapporterent que peu d*hcnneurs,mais des flots de satisfactions numaines et gauloises, Nos aventuriers modernes n'ont rien a lui envier, Is voyagent dans le vide, victimes de la monotonie ue niverselle, ils doivent se contenter de mini-menus avales sans joie,Quand on pense aux millions depensea pour leurs voyages, ‘on doit admettre que leur confort laisse adésirer, Ds ntont guere plus de place que les prisonniers de Louis XI dans leurs CaZeS..e¢ eb encore,si ces gaillards la ntavaient pas le confort ,chacun d'eux avait une cage bien a lui. Te voyage, dtapres ce qu'on a pu voir 'a la télévision, ne peut étre qualifié que de monotone et, quant, a faire un tel trajet pour * reparder defiler des étendues desertes, une expedition au Sahara, a dos de cha- meau, of frirait plus de pittoresque, Cela ne valait pas la peine de priver trois familles de leur papa a l'occasion des fétes de Noél.De toue te fagon, on aurait pu envoyer des célibataires en appliquant. les mé~ mes reglements que ceux des hotesses - sur les lignes aeriennes, En vérité, les astronautes mé- ritent une grande admiration pour aq: voir acceptée cette tache ingrate, Cela prouve que dés qu'un homme ate teint la quarantaine,il doit se con- tenter de ce qui se présente stil veut faire bouillir la marmite fami- liale, Et maintenant,que va-t-on faire, de la lune? — Peut-étre y expédier les isto ques milliers de réfugiés dont la société ne sait plus que faire? Ds sont initiés ~a un genre de vie qui en ferait des colons tout indiqués.. Désolation pour désolation, ils au- - raient au moins la paix, L'idéal serait d'envoyer lan haut les tyrans de toutes sortes,les . profiteurs,les racistes, les bigots, les méchants de tout poil, afin de faire de la place pour les gens de bonne volonté, ce qui ferait de la terre ce qutelle devrait étre depuis toujours, un paradis,. Malheureusement il y aura sans cesse des‘coups de pied a la lune qui se perdent, et la lune ne sera pas utilisee plus sagement que 1'A-. merique de monsieur Colomb, La seule consolation est de penser que dans 470 ans,s'il est toujours question des affaires indiennea, faute de lu- niens, il nty aura pas de ministere des luniens, ce qui représentera une économie sirEansbrey PARLONS-EN,.MAIS PARLONS he par Pierre Perreault Que sera 1*annee 1969? Sera- teelle differente de 1968? IL est un proverbe espagnol qui dit qu'on batit l'avenir avec le bois: de ses souvenirs, Avons-nous accumule suf- fisamment de bons souvenirs 1l'an dernier pour espérer dans un avenir prometteur ? ' Je suis tente de répondre oui En m!appuyant sur quelques évene= ments qui,au cours des douze der- niers mois ont semble indiquer un certain réveil des Canadiens fran- ais vivant en Colombie-Britannique, Sisiees ce ne soit pas encore un re- veil populaire, un mouvement de mas- se,certains signes sont prometteurs, 1968 nous a habitue a la pré- sence dans nos foyers de la radio francaise: présence qui se traduit, me semble-t-il, par une amelioration sensible du frangais que parlent les gens d'ici, Soit dit en passant, je vous admire beaucoup de l'avoir con=- serve pendant si tongvellne par vos propres moyens, qui n'etaient bien souvent que des moyens de fortune, Reste a souhaiter la télévision, Car si bénefique que soit 1'influence de CBUF-fm, elle ne touche que tres peu les Jeunes, qui dans leur divertis- sement préféré, la télévision, rede- viennent de langue anglaise tous les soirs et tou-es les fins de semaine, 1968 a ws naitre le Soleil de Vancouver, Un instrument de plus mis a votre disposition: la valeur d'un instrument est directement propor= tionnelle a ltusage qu'on veut bien en faire, La présence de notre jour- nal dans vos foyers est une occasion de plus de vivre en francais, 1968 a vu le gouvernement pro-= -vincial accepter le principe de 1'en- seignement, non plus du francais, mais en francais, Apres un depart difficile, dans un climat volontai- rement troublé par des ames trop bien pensantes, le jardin dtenfants est ouvert et 1969 verra la premiére année mise sur pied et | 1'ouverture d'une autre maternelle a Vancouver meme, si les statistiques en prou-~ vent le besoin, Il sera d'ailleurs intéressant de voir A ce moment—la, la réaction des autorités paroissia~ les, Voila la veritable semence de l'avenir, Si valables que soient les cours aux adultes, ca ne restera jamais que du rattrappage, Fort heu- reusement,. les esprits s'ouvrent graduellement, et c'est des la ma- ternelle que les. jeunes - prennent; conscience de la dimension bilingue et bi-culturelle du Canada, On peut dont esperer, que, 1969 sera une Bonne et Heureuse annee} AEE PA Se ee eee”