20 Le Soleil de Colombie, Vendredi 17 novembre 1978 Conférence de S.E. Jean Baillou par Alexandre SPAGNOLO Le 6 novembre dernier, M. J.-P. Joannidés a magis- tralement inauguré le cycle automne-hiver des manifes- tations culturelles de |’ Al- liance Francaise. L’invité d’honneur était Son Excellence Jean Baillou, Ministre Plénipotentiaire, Grand Officier de la Légion d’Honneur, Grand Croix de lOrdre National du Mérite, Médaille de la Résistance, - Officier des Palmes Acadé- miques, etc., ainsi que de nombreuses distinctions ho- norifiques étrangéres. Le directeur de ]’Alliance Francaise, M. Joannidés, présenta le conférencier sous ses divers aspects d’homme: Membre du Conseil d’Administration de lAlliance Francaise, Consul- tant de l'U.N.E.S.C.O. pour les échanges culturels, écri- vain, dont la publication de “Ronsard et son 4e centenai- re” - “Les Affaires Etrange- res” en collaboration avec P. Pelletier, divers essais, etc. Maitre de conférences, dont les principaux sujets “Le Citoyen et l’Administration dans le Monde d’Aujour- d@hui” - “Techniques Mo- dernes et Diplomatie d’Au- jourd’hui” - largement déve- loppés tant par sa haute culture que par ses attaches aux Archives du Quai d’Or- say. “La Protection Interna- tionale des Oeuvres d’Art” qui a été justement le sujet de la conférence a |’Alliance Frangaise. Pour mieux préparer l’au- ditoire ot on a remarqué la présence de M. J.-J.Galabru, Consul Général de France et Mme Galabru, M. L’Hélias, Attaché Commercial, M. Pa- trice Schmiat, nouvel Atta- ché Culturel, Mlle Denise Lewis, Vice-Consul, des membres du Comité de |’Al- liance et d’autres notabili- tés, le conférencier brossa un tableau constituant un rappel des méthodes et des points d’application concrets de la protection des monu- ments et des villes partout dans le monde. S.E. Jean Baillou mit l’ac- cent sur les éléments des- tructifs touchant notre patri- moine international des ves- tiges des époques désor- mais bien révolues: il s’agit des guerres__d’anéantisse- ment aveugle, les révoltes, . les révolutions, le vandalis- me, le pillage vénal, etc. Les oeuvres dart, les monuments anciens, s’ils ap- partiennent aux pays ou ils se trouvent, sont, néan- moins, la propriété virtuelle du monde culturel entier, ce monde se doit de prendre collectivement des mesures de protection et de restau- ration, d’ot la constitution d’organismes’ chargés de ce mandat. L'UNESCO est l’organis- me tout < $signé pour pola- riser cette tache au niveau mondial, par des. méthodes et des points d’application concrets. A ce sujet, ! UNESCO a voté de nouveaux crédits pour la poursuite de travaux de protection de monuments ou de villes, notamment en Egypte, Liban, Venise, Indo- nésie. Le Ministre Baillou, limité par le temps, a centré sa conférence sur deux points du globe: l’Egypte et !’Indo- nésie. Le carrousel des diaposi- tives mis en action, |’écran nous révéla les travaux co- lossaux pour la protection des temples d’Abou-Simbel, site d’Egypte en aval de la deuxiéme cataracte du Nil. Sanctuaire consacré au Pharaon Ramsés II. Le sujet d’Abou-Simbel épuisé, le conférencier passa avec le méme bonheur, a un autre point de la Terre des Pharaons, qui alerta a son époque le monde entier: c’est celui des temples de l'Ile de Philae, en Haute- Egypte, a l’entrée de la pre- . miére cataracte, a onze kilo- métres d’Assouan, qui contient les temples consa- crés ala déesse Isis, dées- se de la Médecine, du Maria- ge, de la Culture du Blé, et d’Osiris, son époux, Protec- teur des Morts. § \ b: ix a 2 gets We by:: [ERY See i Be bere fies MITANNI fate de RHODES: gunn ba eat: ASI ps = CRE] ICYPR US ge ARAD ; ny : | 2 eeveos SIDON Pyne : i SSAls PELUSIUM —___|NAUCRaTI ‘ ion PYRAMIDS & OFGIZA 4)® MEMPHIS HERMOPOLIS EL VALLEY OF THE KINGS Me __ _ _. TROPIC OF CANCER ) Abou Philad xy AY Bs (ere 3 w vay Menacés par |’élévation des eaux de ce fleuve pour la construction du nouveau ‘haut barrage d’Assouan (le Sadd El Ali), il a fallu, afin de protéger l'intégrité de ces temples, choisir le projet le plus rationnel parmi tant d'autres présentés, souvent trop cofiteux; on adopta celui du découpage systéma- tique de toutes les parties des temples, les réperto- rier, les assembler sur une montagne-plate-forme, __ si- tuée 2 plus de 70 métres au-dessus du niveau du lac de retenue des eaux ou Lac Nasser. La réussite, on le sait, fut totale. Plusieurs nations, liées par un esprit de solida- rité, ont contribué large- ment aux cofits des travaux de Titan. Le conférencier, avec sa maitrise du sujet, a mis en relief la technique employée, Vauditif appuyé par le visuel des images projetées, qui frappérent limagination du public exalté, surtout qu’il agrémentait ses dires par des citations d’André Malraux sur les temples v gyptiens, qui reflétaient un - lyrisme poétique. — Ces temples portent enco- re d’inestimables _ inscrip- tions bilingues (hiéroglyphe -. grec), qui permirent a lorientaliste francais, Jean- Francois Champollion’ (1790- 1832), d’en réussir le déchif- frement, vers 1822. Depuis le premier barrage sur le Nil (1902), Vile et les temples furent submergés par I’élévation des eaux de retenue; la, le génie humain démontra sa mesure et réus- sit a sauver ces magnifi- ques vestiges du passé de lEgypte. Non seulement Pierre Loti s’est exalté dans son ouvrage ‘‘La Mort de Phi- lae” (1909), André Malraux, a son tour, a exalté son admi- ration pour Philae, en des termes sublimes, que le conférencier a livrés a son public attentif. De l’Egypte, un bond ou- tre-océan, |’Indonésie et son temple bouddhique de Bo- robodur (8e et Ye siécles) situé dans I’'Ile de Java. “ Le conférencier, au cours de la projection des diapo- sitives, a étalé ses connais- sances sur l’ordonnance tou- te spéciale de ce temple, en trés haute élévation, compo- sé de nombreux “stupas” ou diverses sphéres se super- posant, se joignant parfois ou s’enchevétrant, mais tou- jours surmontées de statues de Bouddha “Le Sage”, fon- dateur du bouddhisme, qui compte 500 millions d’adep- tes du Nirvana ou anéantis- sement supréme. La encore, des travaux énormes durent étre exécu- tés pour la protection de ces vestiges du passé indoné- sien. : Aprés les applaudisse- ments nourris, plusieurs personnes encore impré- gnées d’enthousiasme, se rendirent 4 la demeure des Joannidés, afin d’entourer le conférencier assis prés d’une cheminée au feu flambant, et lui poser des questions per- tinentes, auxquelles cet homme de vaste culture ré- * pondait avec un vif plaisir. Entretemps,Mme Joannidés offrait A ses hétes d’excel- lents mets et des boissons ‘capiteuses. Trés agréable soirée. Nous espérons que l’Alliance Frangaise conti- nuera a nous. présenter d’aussi éminents conféren- ciers, nous pouvons compter sur le dynamisme de son ' directeur. Les annonces bien faites J’admire une annonce bien faite, agréable a parcourir et bien rédigée, ce qui est pro- gres. Je me réjouis de l’appa- rence élégante du tout. Il s'agit de télécouleurs. Alors rien a redire, cette fois, me direz-vous. Détrompez - vous. Car, dans le bas, on annonce en grandes lettres: “Disponible chez votre dépositaire.” Le mot disponible, seule ombre au tableau n’a pas sa place ici. Tout simplement parce que si “disponible” est la traduction de l'anglais “avai- lable” dans bien des cas, il n’en a pas toutes les accep- tions. En francais, l’idée de pou- voir se procurer une chose est rendue de diverses ma- niéres, sauf en employant disponible. On peut dire qu’un article existe en plusieurs couleurs, qu’il y en a plusieurs cou- leurs, qu'il y en a plu- sieurs modeéles. Et naturellement que cet article est en vente. C’est le cas présent. L’an- nonce aurait df indiquer: En vente chez votre dépositai- e. Disponible veut dire: “dont on peut disposer”, et non “que !’on peut se procu- rer”. ‘ {Louis-Paul Béguin, Le Mot du Jour] © Lisez les écrivains francophones. Jules Verne Cette année est marquée par le 150iéme anniversaire de la naissance de cet écri- vain. Né 4a Nantes en 1828, mort 4 Amiens en 1905, fils d’un avoué, il étudia le droit puis se tourna vers le théa- tre dans le sillage d’Alexan- dre Dumas; mais il ne devait connaitre le succés qu’avec la publication de ses romans sous forme de feuilletons dans le Magazine “d’Educa- tion et de Récréation”’ de léditeur Hetzel. Aprés Cing semaines en ballon parurent environ 70 romans dont beaucoup por-- tent des titres maintenant prestigieux: Vingt Mille lieues sous les mers, Le Tour du monde en quatre-vingt jours, L’Ile mystérieuse, Mi- chel Strogoff, etc. Mettant la science a la portée de tous, ila eu une vision géniale du développe- ment de notre civilisation. Son oeuvre, traduite dans une quantité de langues, intéresse autant les adultes que les adolescents. Philo- sophes et psychanalystes y ont fait des découvertes étonnantes. —— CONNUES Aux titres déja cités, il faut ajouter: Mathias San- dorf, dramatique périple au- tour de la Méditerranée, ‘Hector Servadac, un frag- ment de notre globe projeté a travers l’espace, Deux ans de vacances, avec de tout jeunes Robinsons, De la Terre a la Lune, etc. aspirérent avidement. campagne! Touest. rures des nuées? SES OEUVRES LES PLUS La premiére impression physique qu’éprouva la jeune fille fut celle de l’air pur que ses poumons “Respire bien, Nell, dit James Starr, respire cet air chargé de toutes les vivifiantes senteurs de la —Quelles sont ces grandes fumées qui courent au- — dessus de notre téte? demanda Nell. —Ce sont des nuages, répondit Harry, ce sont des — _ vapeurs & demi condensées que le vent pousse dans —Ah! fit Nell, que j’aimerais a me sentir emportée dans leur silencieux tourbillon! —Et quels sont ces — points scintillants qui brillent 4 travers les déchi- —Ce sont les étoiles dont je t’ai parlé, Nell... SUJETS CANADIENS Au pays des fourrures: dans l’extréme Nord, la déri- ‘ve d’un fragment de banqui- se, Le Volcan d’or, la ruée vers l’or du Klondike. (Mal- heureusement, Famille sans nom, qui raconte l’insurrec- tion québécoise de 1837, est une des oeuvres les plus faibles de J. Verne.) LISEZ POUR COMMEN- CER l'un ou l’autre des . livres déja cités car le choix est embarrassant. I] faut toutefois signaler particulié- rement Les Indes Noires. Ce titre désigne le bassin houil- ler d’Ecosse. Des événe- ments mystérieux se sont produits au fond d’une mine abandonnée. Bien des aven- tures attendent ceux qui en rechercheront les causes. Ce roman est souvent cité com- — me l'un des plus soignés que nous ait laissés J. Verne; le style y atteint parfois une réelle poésie. : EDITIONS: Livre de Poche, Bibliothéque verte Hachette (Les Indes Noires.)