; : : i : } ~VOYAGES Récit d'un tour du monde Santiago: Par Jean-Claude Boyer [Suite de la semaine derniére] Le lendemain, jour de la Toussaint, je retourne a la cathédrale pour assister au fameux balancement annuel de lencensoir géant, appelé «botafumeiro» (1602). Celui-ci est solidement attaché a un gros cable suspendu a une poulie au centre de la nef transversale. Six laics vétus de bures rouge vineux ‘se mettent a tirer sur des cables plus petits, sorte de ramifications du gros cable, de maniére a ce que l’encensoir d’argent noyé de fumée aromatique commence un " ue large mouvement de balancier. La cadence s’accélére peu a peu, accompagnée d'une | musique dorgue pompeuse. La _ foule décrit avec sa téte la trajectoire du «botafumeiro» qui forme maintenant un demi-cercle pres- que complet. J’observe un instant ces gens saisis par ]’étrange rituel comme des spectateurs de cirque devant un numéro de trapéze périlleux ininterrompu. Des étincelles s’échappent aux extré- mités du mouvement. Un groupe. de Japonais mitraille nerveuse- ment ce colossal encensement. Chaque fois que l’encensoir vient fréler le sol, j’ai l’impression qu'il va assommer au passage l’un des «tireurs». Encore quelques gigan- tesques mouvements d’oscillation et tout s’arréte brusquement. Une procession se met alors en branle: enfants de choeur et chorale en aubes_blanches, membres du clergé coiffés de barrettes & pompons_ verts, dignitaires, archevéque aux amples vétements écarlates, buste de saint Jacques serti de ffre d’Argent avec la Relique de l’Apétre. Olé! pierres précieuses transporté en grand apparat, psaumes en latin chantés recto tono, odeur pénétrante de l’encens... Suit une messe pontificale avec chants polyphoniques et a l'unisson, orgue et participation des fidéles. Des confesseurs portant 1’étole violette absolvent les pénitents au vu et ausu de tous. Le sermon, en espagnol, résonne comme une fougueuse plaidoierie «pour enlever le péché du monde». II se termine par le mot «Santiago» et l’«Au nom du Pére» en frangais, suivi de l’ancienne formule optative «ainsi-soit-il». Je remar- que un vieillard agenouillé devant la station du chemin de la croix qui évoque la mort du Christ ; il tourne sur lui-méme a trois reprises, chapelet en main, bras étendus, regardant les gens l’observer. Une vie de souffrances se lit sur son visage ridé. Sur le vaste parvis, aprés l’office, une petite foule de mendiants se rue sur les nombreux touristes. Jenvoie promener le jeune qui ose me demander de l’argent, lair insolent, sans méme enlever sa cigarette de ses lévres. Un marché attire ensuite ma curiosité. On y trouve de tout: poussins piailleurs, encensoirs- bibelots, perdrix et liévres pendus, madones doucereuses... Puis je me perds dans un dédale de petites rues. Tiens, un prétre agé en soutane. Son visage de caréme est loin d’inspirer la joie du «sauvé». J’entre dans un bistrot savourer une «cerveza» (0,25$) . La plupart des clients ont les yeux rivés sur un téléviseur: un taureau rageur, tout ensan- glanté, est sur le point de NOM: INVESTISSEZ DANS UNE COMPAGNIE DYNAMIQUE Devenez membre de LA SEIZIEME -25% de rabais sur le prix des billets -invitation spéciale aux soirées de premiére -participation 4 la réunion annuelle, le ler novembre & 10H30 au 1150 rue Homer, 2e étage (coin Davie) ADRESSE: CODE POSTAL: TELEPHONE: MEMBRE 5$ DON* TOTAL *Un recu d'impét sera émis Inclure chéque ou mandat et retourner a: LA SEIZIEME C.P. 4669 Vancouver, C.B. V6B 3R6 Portique de la gloire. s’effondrer. Olé! Mort de la béte, foule en délire, toréador porté en triomphe, scénes reprises au ralenti. Ces combats de taureaux sont sans doute aux Espagnols ce que les matchs de hockey sont aux Canadiens. ~ Plus tard, aprés une derniére visite de l’imposante cathédrale, je me méle a un groupe de retraités parisiens. Ils n’en reviennent pas que je sois en train de faire un tour du monde d’un an. L’un d’eux me demande si je pourrais leur dire mon 4ge. «Quarante ans.» «Mais, Mon- sieur, s’exclame-t-il, vous faites 20 ans!» Jel’en remercie, ajoutant qu’en voyage j’ai méme souvent limpression d’avoir moins de 20 ans. Une Parisienne fort élégante déclare: «Nous faisons un pélerinage a Saint-Jacques mais c'est vous qui étes le vrai pélerin». Une autre, au langage recherché de précieuse, se dit ravie de rencontrer pour la premiére fois de sa vie un Canadien. (On a comme cela, ma chére, l’agré- ment, quelquefois, de se sentir exotique. ) Une derniére promenade dans les rues-corridors, au hasard. C'est comme un dimanche. Je rencontre quelques ecclésiasti- ques en soutane, des femmes en noir au visage ravagé de rides, des enfants extraordinairement beaux, des clochards hauts en couleur, des hommes et des femmes aux grands yeux noirs ensorceleurs. On joue aux cartes ou on regarde la télévision dans le moindre bistrot. Les Espagnols a qui je m’adresse sont tous fort avenants. J’al maintenant plus que jamais le désir d’apprendre leur langue. Gauche, droite, gauche. Eglise rococo, tétes de chevaux au milieu d’une fontaine, chapelet de saucissons accroché dans |l’entrée -d’une Le Soleil de Colombie, vendredt 30 octobre 1987 - 13 petite épicerie... J’entre dans un restaurant pour prendre un café au lait (0,30$). A la télévision, on présente un reportage sur lassassinat d’Indira Gandhi (survenu hier), puis un mini- concert de guitares accompa- gnées d’une trompette: une réelle harmonie. Je commande le plat Portique de la Gloire. Détail. appétissant que savourent mes voisins de table. Mmmm, délicieux! Je m’en léche les doigts. Et c’est la sieste sous un pin, prés du palais archiépiscopal. Un zéphyr donne a mon repos une touche de paradis. Ce soir-la, je me retrouve dans un train de nuit pour Madrid, le dernier numéro de «jours de France» en mains (Franck me l’a donné en faisant ses adieux). Le seul autre occupant du compar- timent de premiére classe: un prétre basque de 77 ans sans signe distinctif. Nous parvenons a nous comprendre. J'ai tét fait de lui mettre une paire d’écouteurs sur la téte pour lui faire entendre un APPEL D'OFFRES Canada acceptée. | te Travaux putlics Public Works Canada Travaux publics Canada, mandaté par la Société canadienne des postes, recevra les SOUMISSIONS CACHETEES portant sur les projets et-ou services décrits ci-dessous, Gestionnaire, Politique et administration des contrats, région du Pacifique, département des Travaux publics Canada, 1166 rue Alberni, Vancouver, C.B. V6E 3W5, avant I’heure et la date indiquées ci-dessous. Les documents de soumission peuvent étre retirés auprés du département des Travaux publics, bureau de Vancouver, a l’adresse ci-dessus. SERVICES PR 660030 - Entretien des terrains, Centre de tri mécanisé de Victoria, 4181 Avenue Glandford, Saanich, C.B. adressées au Les documents de soumission peuvent étre retirés auprés de M. Morino, 4181 Avenue Glandford, Saanich, C.B. Date limite: Le 13 novembre 1987 4 11h00 (11 a.m. PST) L’offre la plus basse ou toute autre ne sera pas nécessairement SOCIETE CANADIENNE DES POSTES extrait des «Quatre saisons» de Vivaldi. I] reconnait les premié- res notes, sourit davantage et se met aussitét a battre la mesure avec un mouvement allegro de sa canne. En me voyant sortir mon appareil-photo, il se coiffe fiérement de son béret tradition- nel. Il quitte le train vers 23 heures. Un «senor» et une «senora» qui ne semblent pas se connaitre s'installent a leur tour. Nous nous‘ entendons pour joindre les siéges et nous étendre de notre long, moi entre les deux. Je ne me réveillerai que le lendemain matin dans la région aride d’Avila. Aprés avoir traversé cette ville fortifiée a l’aspect mystique et sévére, je passe en revue ma petite collection de cartes postales sur Santiago-de-Compostela et relis ce qu’en dit mon LET’S GO TO EUROPE. Je me rappelle avoir déja lu qu'un moine du XIle siécle a écrit une sorte de guide de voyage qui détaillait les longs parcours, jalonnés de monasté- res, pour se rendre a ce haut-lieu de pélerinage médiéval: routes les moins dangereuses, meilleures auberges, points d’eau potable... Saint-Jacques-de-Compostelle demeure la métropole religieuse de l'Espagne. Son _ prestige d’antan, égal a celui de Rome et de Jérusalem, n’est pas sans favoriser grandement, encore de nos jours, tous les aspects de sa vie économique et religieuse. Bien calé dans mon fauteuil en velours vert, je revois cette belle ville ancienne que je m’étais promis de visiter depuis longtemps. OO0 >, 7 BPE Si Harry Belafonte Ambassadeur de Bonne Entente de UUNICEF “Les cartes de | UNICEF sauvent des vies. Envover les cartes et les cadeaux de l’UNICEE” Se Contactez: (cs) UNICEF Canada 443 Mt Pieasant Ra Toronto, Ont. M4S 2L8 Telephone (416) 482-4444 OU appelez sans frais au 1-800-268-6364 (Télephoniste 509)