D'une anecdote 4 l'autre, Jean-Claude Boyer ne se lasse guére de raconter de douces sottises qui fort heureusement ne déplaisent jamais au lecteur qui aime Rabelais. Parmi ces perles, un commentaire délicieux sur les Jésuites qui rappelle la verve caustique de Voltaire : « Les Jésuites font commerce de diamants aux Indes, ils les renferment dans les talons de leurs souliers et écrivent qu'ils foulent au pied les richesses de |'Eu- rope » (92) Le séjour dans un kibboutz s'avére une expérience enrichissante ...en blagues lors des réunions et des soirées entre jeunes kibboutzim et visi- teurs cosmopolites. Le prétexte idéal pour I'auteur de venir 4 la défense de la langue francaise, torturée, croit-il, par les Francais de l'hexagone dont les visiteurs de ce pays présents au kibboutz lui en donnent la preuve. « Parions, dira-t-il en ironisant, que les Francings fini- ront par adopter walking et l'associer 4 shopping." (101). "Que devient la belle langue de Moliére, si brillante?" s'interrogera-t-il. (101) Auteur qui s'adresse directement 4 son lecteur, tel un comédien sur la scéne en face de son public, Jean-Claude Boyer est toujours conscient de son role d'animateur. Dans un style sans aucun détour, comme les paroles de I'acteur, la page est pour lui une scéne d'importance capitale afin de transmettre son message : « Ce mois vécu a me croire aisément dans la Palestine de Jésus et des Israélites ...a pleinement réjoui le cceur de votre serviteur qui, pendant plusieurs années, a taté de la moinerie, pour re- prendre le mot de Saint-Simon ».(109) Evoquant une rencontre avec un touriste de l'Ontario, « au nez écrasé de boxeur », la tentation est trop grande pour lui de laisser passer l'occasion et écrire: « tout bonnement dans une conversation aux propos disparates, sautant parfois du coq ontarien a l'ane franco-colombien » (111). En conclusion, ce dernier volume des récits de voyage de Jean-Claude Boyer est un ouvrage hilarant qui dépasse de loin ce que I'auteur a écrit en matiére d'humour et de quiproquo. Ce qu'il a a dire sur ses déplace- ments est moins important que ses réflexions, ses commentaires et ses digressions sur maints sujets d'intéréts social, artistique, littéraire... Simon Henchiri, Vancouver, (C.-B.) Jean-Claude Boyer, Partir dés l'aube, Nouvelles d'ici et d'‘ailleurs, Tome V, Montréal, Editions Francine Breton, 2005. 24