Loisirs

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Voyages

Pelerinage au Cap Comorin

Au réveil, en début de soi-

rée, je vais me méler a la foule de
«pélerins» dispersés en plein vent,
sur les rochers lisses du cap, pour
vénérer dans ce décor unique la
magnificence du soleil couchant.
Nombre d’entre eux, principale-
ment des Indiennes enveloppées
de saris multicolores, se tiennent
immobiles, les mains jointes, l’oeil
fixé vers l’horizon dans I’attente,
dirait-on, d’une apparition céleste.
Certaines, autour de moi, remuent
rapidement les lévres, comme des
religieuses récitant en silence leur
chapelet. La-bas, sur une ile-ro-
‘cher, non loin du rivage,
s’éléve un monument aux
coupoles rouges en la
mémoire du philosophe Vi-
vekananda. J’apprendrai
que ce sage est venu médi-
ter sur ce rocher en 1892
avant de devenir un des
plus grands leaders reli-
gieux de l’Inde, et que le
monument commémoratif
(1970) utilise des styles
‘architecturaux provenant de
toutes les régions du pays.
Tl me faudra y aller de-
main,

J’ aime observer les
lentes métamorphoses de
ces énormes nuages grisa-
tres. Des «vendeurs du
temple» circulent libre-
ment, chargés de babioles,
petits sacs de sable des trois
mers (!) et divers coquilla-
ges, sans toutefois vraiment
troubler l’atmosphére re-
cueillie de ce sanctuaire a
ciel ouvert. Ici et 14 sur le
rivage, des jeunes gens
saisissent des poignées de sable
mouillé, 4 la recherche sans doute
de beaux coquillages, et se retirent
promptement, suivant ainsi le
rythme des vagues.

Au loin, «dans l’immensité
du ciel et de la mer» (Baudelaire),
apparaissent peu a peu toutes les
teintes imaginables de rouge, d’or,

de gris bleuté... La splendeur de
cette «épiphanie» toyjours nouvelle
me fait songer aux images pieuses
de mon enfance; iln’y manque que
Dieu le Pére, son Fils et la blanche
colombe, ou le Christ ressuscité
dans toute sa gloire, ou encore le
couronnement de la Reine des Cieux.
Je reste 14 au vent, droit comme
une statue sur son rocher. Ma vive

émotion devient poéme et fervente -

priére. Alléluia!
Tout s’enveloppe bientét des

sombres voiles de lanuit.Enm’ap- .

prochant davantage de la mer, je
fais la connaissance.d’un Sri Lan-

Swami Vivekananda sur le Shripada Shila 5-PPC

kais aux traits tirés. Ancien princi-
pal d’école, il a di fuir son ile pour
raisons politiques et s’est réfugié
en Autriche pendant un certain
temps. Terribles, ces faits qu’il me
raconte. On aurait infligé a son fils
des extractions de dents a froid, des
brillures aux testicules, ainsi de suite,
pour lui faire avouer, en vain, le

lieu de son exil. «Sri Lanka pos-
séde, affirme-t-il, le régime mili-
taire le plus indiscipliné du monde...
On viole les fillettes, pille 4 qui
mieux mieux...» J’en oublie vite le
magnifique déclin du jour.

Plus tard, en rentrant dans
un autre de ces restaurants pres-
que... trop bon marché, j’apercois
les deux amis allemands en train de
bavarder a voix forte dans la lan-
gue de Goethe. Je m’attable avec
eux, bien sir. Leur compagnie
s’avére beaucoup plus «délectable»
que les plats «épicissimi» qu’on

nous sert. Jen’accorderais ace pré-_.

_ tendu restaurant pas méme
V’ombre d’uneétoile. «N’ou-
‘blie pas d’assister au lever
idu soleil A 6h15», me pré-

Le lendemain, 12 mars.
«Cocorico! Cocorico!» En en-
tendant ce coq, je trouve
curieux que son chant de-
vienne «cock-a-doodle-doo»
en anglais, que chaque lan-
gue fasse chanter ce volatile
matinal 4 sa maniére (en es-
pagnol: «quiquiriqui», tiens,
et en fait, en hindi: «kou-
kroukou»). Et hop! Je me
| retrouve bient6t sur le toit de
Vhétel en train d’observer
une foule de léve-t6t disper-
sés un peu partout, le regard
'tourné vers la lumiére de
| l’aurore. Un autre spectacle
| grandiose pointeal’horizon:
le soleil perce résolument a
travers les nuages. Je me sens
une fois de plus poéte et con-
templatif devantces mystéres dela
naissance du jour.

De nombreuses embarca-
tions voguent déja sur les ondes
troublées de la baie du Bengale et
de l’océan Indien. Je baisse les
yeux sur la ruelle devant moi: une
poule picore la queue d’un gros rat
mort, entourée de corbeaux aux

aguets. Elle s’en va tout 4 coup
pour revenir aussit6t, renouvelant
ce petit manége 4 plusieurs repri-
ses, comme pour exaspérer ses
voraces rivaux. La poule disparait
finalement, satisfaite, semble-t-il,
d’ avoir tenu a sa merci, comme le
renard de la fable, ces rapaces noirs.
La précieuse denrée disparait 4 son
tour..., en un rien de temps. Cou-
leur locale indienne. Mais le ciel
s’assombrit. De retour 4 ma cham-
bre, j’achéve de faire toilette au
moment oi 1’eau du robinet cesse

journée aux petits événements
imprévisibles.

Vers 9h00, en attendant mon
tour de monter dans le bac qui
méne a |’ile-récher, on nous ap-
prend que les traversées sont remi-
ses indéfiniment a cause de la tur-
bulence. Soudain, pluie battante,
la premiére depuis mon arrivée en
Inde il y a six semaines. J’enfile
mon imperméable pour me rendre
en courant ma chambre, soucieux
de «ménager ma monture».

de couler. Commence une autre Jean-Claude Boyer
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Les mots croisés de Tima Sekkat

Grille 21

[yo N VI

Vil

la fleuve

les fleurs

CeEANDAKH A WY

Irrite

=
ca

des fouilles

Vendredi 7 décembre 1990

Horizontalement

1- Homme de métier

2- Son coeur n'y est pas!

3- C'est la fin de réglement
- Ile frangaise - Elle borde

4- Insectes des eaux stag-
nantes - Entrer en action
5- Partirai - En Belgique
6- Mamelle - Fin de partie
7- Coléoptére vivant sur

8- Condiment -Songe
9- Premier navigateur -

- 10- Dans un postére - Ville

I- Un sportif

étable
IV- Tranquille

A promiscuité

~ Considéré

étendue

Le Soleil de Colombie

Verticalement

II- Jaunisse - Particule
IiI- Direction - Dans une

V- Elles sont dans la poche! -

VI- Consonne double - Qui
n'est pas apparent

VII- Ventilai - Dans I'oeil
VIll- A lorigine du glacier -
Un rapide parisien

IX- Observateur sur un navire

X- Administrée - Grande

Solution de la semaine derniére
Grille 20

LOUW IV V VIVUVM Xx
ICIOINIEIEISISIEIR
AOE (TILE | EIT aU
3/U[S [Ele BR Alvioln
41 PIOIRITIL IAIN D
SIA|P BRIT IAD BM LIE
6} AIH Ml IV MAIN TIS
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