Le Soleil, avril 1993 Le Soleil, avril 1993 i GUTENBERG et?IMPRIMERIE © L’évolution de Vimprimerie auXVe siécle joue un réle primordial dans le développement de la plupart des cultures a travers le monde et particuliérement en Occident. Jusqu’a cette époque, tous les livres sont transcrits a la main, ce qui exige beaucoup de temps. Certains de ces manuscrits sont d’ ailleurs richement ornés de peintures, de tissus précieux et parfois de joyaux. Dans les bibliothéques del’ époqueon peutméme trouver des livres persans, dont!’ écriture d’un noir brillant contraste joliment, sur des papiers de soie dorés ouargentés. En général les deux premiéres pages de ces manuscrits sont décorées d’ enluminures et il arrive parfois qu’ elles soient parfumées al’ eau de rose. Ces volumes anciens constituent de merveilleuses oeuvres d’art qui évidemment ne sont pas 4 la portée de tous. Posséder de tels livres et apprendre a lire restent donc au XVe siecle le privilege des plus nantis. Aussi lorsque Gutenberg invente vers 1436 un moyen efficace d’imprimer des textes, c’est une véritable révolution. Dorénavant grace a des lettres ou caractéres amovibles on va pouvoir reproduire rapidement et a moins de frais toutes sortes d’ouvrages. Cela ne veut pas dire que tout le monde va apprendre a lire du jour au lendemain, ou que la scolarité deviendra accessible a tous. Mais avec!’invention de la typographie la voix dusavoir s’élargit. Désormais des milliers de livres vont envahir le monde. Cela ne se fera pas pour autant sans difficultés. Les propriétaires de bibliothéques de manuscrits réalisant qu’ ils risquent de perdre leur supériorité sur le commun, gardent leur trésors. Ils refusent de les voir répandus sous formes de reproductions. Malgré ces résistances premieres la maniére d’imprimer de Gutenberg finit par connaitre un immense succés et demeure 4 ce jour l’une des plus grandes inventions. a © 8 ei a ‘eo L’imprimerie avant Gutenberg Contrairementa ce que l’ondit, Johannes Gutenberg n’a pas inventé |’imprimerie, qui existait bien avantlui. I] estplutétl’inventeur de la typographie, un moyen d’écrire des mots avec des lettres gravées sur de petits blocs en métal, séparés les uns des autres, appelés caraciéres ou «types». Gutenberg s’est ensuite servi de la technique d’imprimerie pour reproduire des pages composées de lettres amovibles en plomb. ; - Le transfert, par pression, de figures ou de lettres sur un morceau de papier, de peau ou de tissu a partir d’un bloc de matériau dur, préalablement gravé et encré, est un procédé trés ancien. Il était déja connu des asiatiques au VIIle siécle. A titre d’exemple on peut citer l°empereur japonais SHOKOTU qui régna de 748 a 769 et qui fit reproduire 4 un million d’exemplaires un «charme» bouddhiste. Quant aux livres, le plus ancien, le DIAMANT DESUTRA, il remonte 41’an 868 et fut imprimé par un artisan chinois dunom de WANG CHIECH. Avant l’invention de la typographie (c’est-a-dire des caractéres amovibles) par Gutenberg, il est possible que les pages d’almanach, de livres religieux et d'autres imprimés aientété entiérement taillées sur des plaques de bois avant d’étre transférées sur papier. _ Cependant, les artisans durent finir par constater qu’il était parfois compliqué de graver des textes comportant un grand nombre de signes. Pour y remédier, un Hollandais du nom de Laurent Coster, imagina en 1423, Harlem (Hollande), d’utiliser des lettres mobiles en bois. Par ce procédé, il imprima un petit livre de huitpages. C’est d’ailleurs ‘ une méthode que 1’on retrouve en imprimerie bien aprés Gutenberg, Une nouvelle fago n de faire dans la fabrication des almanachs, des cartes de tarotetdes images __ pieuses. Passer de l’imprimerie ancienne a la typographie n’est pas — — chose aussisimple que |’on pense. Dorénavantle travail d’imprimerie SS =7/ (pot Se divise en trois parties. a) La fabrication des caractéres. b) La i . composition des mots avec les caractéres. c) L’impression propre- ment dite. Mais pour en arriver a ce systéme-la, il a fallu que quelqu’un ait eu la bonne idée d’inventer ces petits blocs de métal muni chacun d’une lettre. C’est 14 qu’intervint Peter Schoffer le principal collaborateur de Gutenberg auquel on doit, semble-t-il, les caractéres métalliques mobiles. SS] AZ Ws ARS BIS ollaistts Mais qui était Gutenberg ? Leshistoriens nes’accordentguére sur la date de naissance de cet imprimeuf allemand. Certains avancent Ian 1394 alors que d’autres affirment qu'il vit le jour en 1397 dans la ville allemande de Mainz ou Mayence enfrangais. De sa famille, on sait peu de choses sinon qu’elle appartenait 4 la classe plut6t aisée. Il est permis _ de penser que Johannes Gensfleisch Gutenberg fut éduqué avec les enfants de son quartier a |’école ov alors peut-étre chez lui avec un précepteur comme c’était si souventl€Cas au XVe siécle. Desa jeunesse, on retient qu’elle fut l’époque ou il dutapprendre le métier de joaillier. Vers la trentaine, faisant face 4 des difficultés financiéres impor- tantes dans sa ville natale, Gutenberg fut forcé de s’exiler a Strasbourg en France ou il vécut jusqu’en 1444. Pourmenera bienson invention, Gutenberg dut, au cours de sa vie, s’associer 4 un banquier du nom de Johann Fust. Mais quelques années aprés leur association, il perdit tout Ce qu’il possédait au cours d’un procés que lui intenta ce méme Johan" Fust. A Ia fin desa vie, Gutenberg trouva un protecteur en la personne de |’archevéque de Mayence qui l’ennoblit et lui donna les moyens d¢teprendre son activité de typogra- phe. Johannes Gensfleisch mourut ef 1468. Une belle collaboration Imaginons Gutenberg, vers 1450, alors 4gé d’une quarantaine d’années, au travail dans son atelie. “2 compagnie de Schoffer. D’abord Peter Shoffer a l’idée de taill€rdans des blocs de métal la forme - des lettres telles qu’elles lui apparaissent dans un miroir. Ce travail long et minutieux exige beaucoup d’adress€ et de connaissance des métaux. Mais Johannes Gutenberg a déja: tavaillé ces matériaux durant sa jeunesse quand il fabriquait des piéces de monnaie et des petits bijoux, ce qui va rendre leur travail plus facile. Une fois la lettre en relief (le poingon) obtenue sur le bloc, Peter Shoffer meta ex cution une idée, qui depuis quelque temps, lui trotte dans !a téte. A I’aide d’un outil, il presse fortement le petit bloc sculpté sur UNe plaque de métal mou afin d’y obtenirl’impression (la matrice) ducatactére choisi. Maintenant, il ne lui reste plus qu’a couler dans la dépressiOn formée par la lettre un mélange de plomb, d’étain et d’antimoine chauffé 300 c.pour obtenir un petit b, un petit c, ou un petit w, tout neuf. Nos deux collaborateurs n’ont plus qu'a attendre que le métal refroidisse Pour extirper la lettre de la matrice. - Bien siir, il vont devoir affiner leufS techniques. Par exemple, ils leur faudra trouver un moyen plus pratique de retirer chaque petit caractére deson moule. Johannes Gutenberg devia inventer une presse imprimer, puisque jusqu’a ce jour l’impression Se fait par frottement a l’aide d’un tampon. Il leur faudra aussi fabriquer une encre qui leur permette d’imprimer des deux cétés de la page. C’est Schoffer qui mettra cette encre d’imprimerie au point. Les Plus gros problémes surmontés, Gutenberg réve alors d’imprimer sof premier ouvrage. Le premier ouvrage d’imprimerie Avant de pouvoir imprimer quoi que ce soit Gutenberg doit fabriquer des centaines de caractéres. Mais enfin, vient le jour ou les deux imprimeurs ont suffisamment perfectionné leurs inventions (types, encre et presse) pour permettre a Johannes Gutenberg d’imprimer son premier livre qui n’est nul autre que la Bible, dite de «42 lignes», parce qu’elle contient 42 lignes de texte a la page. Ce que |’on doit a Gutenberg et a Peter Schoffer Onleur doit bien sirl’invention de la typographie. Mais ce qu’on doit surtout 4 Gutenberg c’est d’avoir permis la diffusion de milliers de textes jusqu’alors enfermés dans les couvents. En faisant perdre aux institutions religieuses le monopole du savoir, il a ouvert a un plus grand nombre de personnes |’apprentissage de la lecture et la possibilité d’acquérir ainsi des connaissances. Rien qu’en France, ce nombre passa, de 1453 a 1520, de quelques centaines 4 plusieurs milliers. Wt, MALL TIM caractére —> CTT hh 1: j we L. ABCDEFGHIJKLMN OPQRSTUVIVX¥Z abcde ghijkinmo pqrstucccxV eG Gamo ae Bini pees AdaA EE II Fis ; wr 1 ad MS eT ah ee aen a rer. mr aN PRARREARAT ne eee eeee’ lili 177 OOOO000O Oo 00 Ss uuuuinaig I29FI0 OOO. Fe B45 678 90 PICO ETP ERAE ba be Vo Wa We Wilo Ji 7 To Yo gipqy Sipay SaaS ign! \ Deemer TO Pee 10 meer ange ae f < sl ai a ales ab Pie Beata ok ——