VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 24 juin 1988 - 15 Par Jean-Claude Boyer Le 13 mars 1985. Aprés 15 heures de bus, j’arrive enfin a Pondichéry (ce nom veut dire «nouveau village»), ancienne capitale des établissements francais sur la céte sud-est de I'Inde. Il est midi. La chaleur est suffocante. Je monte dans. un rickshaw a pédales pour me rendre a un des_ hdtels recommandés par mon guide. En dépassant une paire de boeufs attelés a une longue charrette, j’apercois un jeune homme au T-shirt fleurdelisé qui s’achemine vers leterminus, sac au dos. J’ordonne au cycliste de s’arréter. Le jeune voyageur, originaire de |’Alber- ta, me recommande fortement I’hétel Félix. Je m’y rends. Calme, propreté et codt (20 roupies 2$) en font en effet un hétel idéal pour routards. Premiére démarche: me ren- dre a une banque changer un chéque de voyage. Or, on n’effectue aucune transaction bancaire aprés 14 heures. A mon grand étonnement, le commis me préte 20 roupies, me donnant impression qu’étre francophone passe pour un brevet d’honnéteté! Il me remet ensuite un billet neuf d’une roupie pour remplacer celui, tout en lambeaux, qu’on a oséme refiler hier, puis m’invite a causer avec deux de ses collegues qui comprennent mieux le francais qu’ils ne le parlent. En retournant a ma chambre pour fuir l’impitoyable soleil, je m’arréte devant de grandes affiches de cinéma aux scénes dramatiques colorées a outrance. || est temps que je visionneun de ces films indiens qui, parait-il, renferment tou- jours un peu de tout: comédie musicale, drame, romance attendrissante. < Aprés un long repos sous le ventilateur de ma chambre et un riz frit aux |egumes _ indigeste, je me retrouve donc dans une grande salle de cinéma ou une trentaine de ventilateurs se déchainent au-dessus. d’un millier de spectateurs. La projection du film est précédée d’une demi-heure de messages publicitaires en tamoul a la mode des années 30. Puis, pendant deux heures et demie ce ne sont que dialogues- déclencheurs de rire (je ne comprends rien, évidemment), chansons, danses, intrigues, chasses a l’homme, affronte- ments, corps a corps, accal- mies, romances... Les enfants y sont tous adorables, les chiens tous savants. A _ |’entracte, assoiffé de rafraichissement, je moffre une orangeade... quasi- ment chaude pour 0,25$, alors que le prix d’entrée équivaut a 0,23$! Le spectacle terminé, jobserve un_ invraisemblable enchevétrement de bicyclettes qui se dispersent rapidement dans toutes les directions. EN PLEIN AIR. FAITESLE DONC, e& POUR VOIR! & PARTIOPAaTION © Récit d’un tour du monde Pondichéry Le lendemain matin, en sortant de l’hétel, j’apergois un Pondichérien en train de Satisfaireases besoins naturels au bord de la rue non pavée. D’autres l’ont précédé. Je retiens ma respiration, accélére le pas. Quelques cochons grassouillets se chargeront du nettoiement routinier. Retour a la banque ou il suffira de... 30 minutes au guichet pour changer un chéque de 100$. Je me rends maintenant au bord de la mer. Promenade le long du rivage, puis dans la «ville blanche» construite en échiquier. Je demande un renseignement a un jeune Indien qui s’appréte a démarrer sa moto. Il m’invite a monter pourm’amener aux quatre coins de |’«arrondissement». Je note- rai dans mon journal une série de détails «francais»: Places de la République et de Jeanne d’Arc, rues Saint-Gilles et Dumas; «hdtel de ville», consulat francais; monument aux morts des deux Guerres, petit jardin décoré de sculptu- res; é@glise néo-gothique du Sacré-Coeur, hdpital Saint- Joseph-de-Cluny, cimetiére aux vieilles tombes du XVIille siécle; rue et bibliotheque Romain- Rolland et, bien sdr, l’Alliance Francaise (celle qui, en Inde, regoit le plus grand nombre d’éléves). Je note également le monument de Gandhi qui se dresse entre la Baie du Bengale et ce vaste quartier aux charmes méditerranéens. Repos sur un banc chaud au coeur d’un parce bien ombragé. Un jeune s'‘approche pour m'offrir - en frangais s’il-vous- plait! - une cigarette. Je lui réponds, tout étonné: «Non, merci». Tiens, un «gendarme» coiffé d'un képi rouge. Des clameurs se font entendre. «C'est une manifestation politi- que...» miinforme le jeune Indien francophile. Un peu plus tard, je remarque sur un coin de rue, non loin d'une sorte de petit arc de triomphe hindou, un panneau fort pittoresque: S’ARRETER (sans accent circonflexe) ET REPARTIR. A droite du panneau rectangulaire blanc encadré de rouge se lit la version anglaise: HALT AND PROCEED. Jai aussit6t mon appareil-photo en mains. Je prends bien mon temps de maniére acapter tout a la fois, derriére le stop bilingue en premier plan, un rickshaw a pédales s'apprétant a «repartir», un mur décrépi, deux palmiers et des idoles multicolores. Si une image vaut mille mots, ce seul coup d’oeil en vaut bien davantage. Retour au terminus de bus pour acheter un billet Pondi- chéry-Madras. J’y rencontre un jeune médecin «madrasien» qui s’empresse de miinviter chez lui. Repas épicé sur feuille de bananier. En rentrant a |’hdtel Félix, le préposé a la réception me recommande un film «5 étoiles». Je lui demande de résumer l’intrigue. Une belle fille de millionnaire tombe amoureuse d'un beau jeune homme qui appartient a une caste inférieure, bien entendu. Le pére déshérite sa fille. Les amants s’enfuient... L’amour de l’enfant qui naitra de leur union saura finalement réconcilier le pére et la fille et combler de richesses les jeunes 6poux ivres de bonheur. Je me retrouve bient6ét au milieu d’une autre foule devant un écran géant. Tout est prétexte a musique, balade, danse, romance, chas- tes étreintes... Mais pas un seul baiser, méme furtif. Sautes d'humeur, cris de désespoir, bain de larmes, joies sauvages : l’‘amateur de contes de fée douceatres et de coups de théatre en a pour vingt fois son argent. Le matin du 15 mars. Un vieil Indien me demande (en fran- cais) si je parle francais. Il insiste pour me vendre un billet de 5 roupies du temps des établissements francais. «Seu- lement 100 roupies», répéte-t-il. ll at6t fait de couper son prix de moitié. Ca ne m’intéresse tout simplement pas. Je continue mon chemin, observé ici par des gamines aux yeux de brdise, la par une mére-frotteuse de linge sale et des poules sur le! qui-vive. Nouvelle démarche: me pro- curer un billet pour un tour d’Auroville, € quelques kilomé- tres de Pondichéry. Le prochain tour n’ayant lieu que demain aprés-midi, je dois retourner au terminus changer mon. billet Pondichéry-Madras. On me fait remplir deux formulaires, dont l'un exige de spécifier la raison de |’échange, et payer une amende de 4 roupies (0,20$). Je passe le plus clair de mon apres-midi a me laisser rafrai- chir par des ventilateurs en folie dans un grand _ restaurant «touristique». Jy fais la connaissance d’un couple fran- gais qui vit a Auroville depuis deux ans. (Ils y ont connu Clément, un de mes anciens compagnons de collége et confréres en religion qui y a séjourné pendant plusieurs années.) Conclusion de leurs propos: il faut résider ici longtemps pour parvenir a se forger une vie _ intérieure extraordinairement épanouis- sante... En ce qui me concerne, une visite de quatre heures vau sans doute mieux que rien. En soirée, je me rends a un troisiéme cinéma, bien avant l'heure de projection. Petit fait impensable dans nos civilisa- tions occidentales: le préposé aux tickets m/offre d’aller prendre un café dans un restaurant voisin. J’accepte. |I se fait remplacer par un collégue, tout simplement. Que dire du film? Une scéne naive nattend pas |’autre, passant rapidement d’une grande bagar- re visiblement truquée a des scénes pseudo-romantiques d'un ridicule consommé. Trois longues heures pendant les- quelles je réussis tout de méme a discerner quelques mots anglais assimilés au tamoul. C’en est fait de mon festival personnel de films indiens, ou des étincelles de curiosité - face a ce cinéna- qui brillaient encore dans mon imagination. En retournant a I’hétel Félix, je m’arréte a un petit stand pour Savourer une mangue bien froide: un délice! [Suite la semaine prochaine] CONSULTATIONS PORTANT SUR LA PROPOSITION DE REGLEMENT SUR LES BREVETS Bureau Canadien des brevets Consommation et Corporations Canada Le gouvernement du Canada tient l'innovation et le transfert de technologie pour des éléments vitaux de son Programme de renouveau économique. Pour vous aider a mieux connaitre la Loi, le Commissaire des brevets vous invite a venir assister a un exposé. Notre exposé comprend : @ Une description de la nouvelle Loi sur les brevets par le Commissaire @ Une explication des dispositions de la nouvelle Loi par un spécialiste du Bureau des brevets e@ Une présentation du réglement proposé et une explication du processus de consultation par le Commissaire Vous étes inventeur, agent de brevets, chercheur, fabricant, membre d'un centre d’innovation ou d’un établissement d’enseignement ou entrepreneur? Vous faites de la R&D? Vous vous intéressez de quelque autre fagon que ce soit aux brevets? Voici l'occasion de découvrir la nouvelle Loi sur les brevets. Nous serons a Vancouver a 9h le jeudi 23 juin x a l’hdtel Georgia, Vancouver Nous serons heureux de vous rencontrer. Pour obtenir de plus amples renseignements, composez le (604) 666-5007 Consommation bad | et Corporations Canada Consumer and Corporate Affairs Canada Canada