Les Grands Courants par Laurent Lauzin A L’IMPOSSIBLE NUL N’EST TENU, MEME PAS L’AUTORITE PROVINCIALE la province, M. Robert Bou- rassa, éprouve parfois l’en- mes peu ordinaires. Un double contexte » double contexte qui explique fort bien la confusion qui : semble régner au niveau du A lVimpossible, nul n’est |. cabinet et dans les différen- tenu, dit un vieil adage po- | tes mesures et lois adoptées pulaire. Nous sommes d’avis | par le Parlement. D’uncdté, que le premier ministre de jl y a la population du Qué- bec qui est de plus en plus de plus en plus vie de recourir Acettephra- | mécontente du chdmage, qui, se célébre pour expliquer | en un mot, réclame, avec dans quelle situation il se | beaucoup plus de fermeté trouve présentement pour | des changements en profon- | ciété. donner A la province le lea- | deur dans notre société. A dership dont ilvoudraitfaire | la ligne de front de ce mou- preuve dans le contexte ac- | yement de contestation po- tuel oi le choix des priori- | pulaire s’agite la jeunesse tés A servir pose desdilem- | qui pousse sans cesse vers tous les mouvements possi- Naturellement, un premier | bles de réforme et qui, par ministre, surtout un homme | Ja force méme et surtout le politique, ne peutse permet- | tapage de son action, attire tre des aveux de cette na- | une partie de plus en plus ture et surtout admettre que grande de la population. Tou- la situation québécoise, dans | tes les troupes qui se grou- ses dimensions. actuelles, | pent maintenant de ce cdté est pour le moins temporai- | de la barricade, sous 1’ins- rement difficile. Il restené- | piration d’intellectuels bien anmoins possible de discer- | connus, ner dans les récentes décla- | problémes sociaux de notre rations du chef de 1’Etat, | époque l’emportent sur les une inquiétude grandissante | grandes questions €conomi- quant A l’avenir méme de la | ques, et qu’en consequence, province méme si ce der-| 1’Etat doit appuyer cette évo- nier multiplie les efforts | lution et réduire de plus en pour affirmer le dynamis-| plus 1l’influence du monde me du gouvernement dans| des affaires, notamment de tous les secteurs de ses ac- | la grande entreprise sur no- tivités. tre société. inquiéte, affirment que les Ce premier contexte, c’est Comme 1’a indiqué encore | le creuset méme de la con- -récemment M. Bourassa /| testation ot s’élabore la so- dans ses multiples messages | ciété de demain qui, selon aux hommes d’ affaires, l’ad- | les options choisies, prend ministration provinciale é- | les formes les plus diverses. volue présentement dans un| Le chef du gouvernement, gouvernement gue de travail. Le second contexte, de na- ture bien différente, est d’ me n’est pas facile 4 tran- ordre économique. Il résul- | cher et surtout que l’inter- te de l’appartenance de la province A l’économie cana- | multiples déclarations éma- dienne, au bloc commercial | nant des autorités gouver- et industriel nor d-améri- cain. C’est 4 ce niveau, ou nous sommes pour ainsi di- | lation sur la situation fort re absents, que se prennent difficile of évolue présen- les principales décisions tement legouvernement. concernant les nouveaux in- | Bien plus, plus la relance vestissements dans la pro- | économique s’impose pour vince comme c’est aussi 4 | freiner le chdmage et sti- ce niveau qu’oeuvrent ceux | muler les nouveaux inves- qui peuvent assurer le suc- | tissements, plus l’Etat sem- cés de la relance économi- | ble rencontrer de difficul- ‘que qui semble commander | tés sur son chemin, certai- la priorité chez les autofi- | nes étant provoquées par tés provinciales. Mais Acau- | ceux qui ne cessent de par- se de l’existence méme du | ler de révolution. premier contexte que nous avons mentionné, ceux qui | COmpte beaucoup sur le partagent les exigences du | temps et surtout la négocia- deuxiéme se posent de plus | tion pour aplanir les diffi- en plus de~ questions sur | cultés qui paralysent notre l’avenir de la province, sa | progrés. Nous sommes d’ stabilité politique, le sort | avis qu’il devrait passer plus du bilinguisme et surtout | rapidement aux grandes dé- sur le franc¢ais comme lan- | cisions, c’est-a-dire, de di- Le poids | re carrément aux Québécois que peut exercer un tel con- | que dans le contexte actuel texte sur les décisions du | le pain passe avant les gran- demeure | des idées de réforme. M. Bourassa, comme laplu- | énorme si on considére jus- part des membres du cabi- | qu’& quel point les capitau net, sont fort conscients de | etrangers contrdlent no: la force de l’importance que | principales industries e représente ce mouvement o- | quel poids aussi la minorité rienté vers un avenir nou- veau ot les Québécois attein- draient A une plus grande li- | province. berté politique. Ce creuset, | c’est aussi celui d’un es- _prit nationaliste qui péné- | tre de plus en plus notre so- anglo-saxonne exerce tou jours sur l’économie de 1 | L’époque des décisions Lequel des deux contextes énumérés précédemment 1 gouvernement doit-il servir Reconnaissons que le dilem- prétation que 1’on donne aux nementales ne sont pas de nature a4 éclairer la popu- Le présent gouvernement L affaire du New-York — Times Lé New York Times Le NEW YORK TIMES, dans un long éditorial, explique pourquoi il a pris la décision de publier les dossiers secrets du Pentagone et il s’éléve con- tre la decision de Attorney General, John. Mitchell, de tenter d’empécher la poursuite de la publication, dans un “Dans un exemple sans précédent de censure, l’Attorney General des Etats-Unis a temporairement réussi a empecher le NEW YORK TIMES de poursuivre: Ja publication de docu- ments et d'autres papiers extraits d'une etude secréte du Pentagone por- tant sur les decisions affectant la par- ticipation americaine a la guerre du Vietnam’, déclare le journal.. “Mais, ajoute-t-il, Je TIMES conti- que Jui permet la loi contre ce que nous croyons étre une entrave incon- stitutionnelle sans précédent de la part de l’Attorney General . . . Une des responsabilites fondamentales de la presse dans cette démocratie est de publier Jes informations qui aident le peuple des Etats-Unis a comprendre les procedes de leur propre gouverne- ment, particulierement lorsque ces procedes ont elé obscurcis par un voile de dissimulation publique et méme de duperie”’. Le TIMES souligne quil avait la responsabilite ct Vobligation de pu- blier ces documents et qu’y renoncer aurait ete une faute. “Leur publica- tion ne pouvait, en aucune maniere, porter prejudice aux interéts de la sé- curité americaine et encore moins aux vies des Américains ou des Indochi- nois’’. “Nous publions les documents et des analyses relatives a ces documents, non pas pour prouver le point de vue de quiconque sur les origines et le dé- veloppement de la participation amé- ricaine a Ja guerre, non pas pour jeter lopprobre sur quelque individu que ce soil, civil ou militaire, mais pour presenter au public ameéricain une histoire — reconnue incomplete — de la prise de décisions aux plus hauts niveaux du gouvernement sur l'un des problémes les plus fondamen- taux qui a jamais affecté nos vies, nos destins et notre honneur sacré — un probléme sur la vérité duquel le peuple américain et ses représentants dament élus au Congrés ont été tenus largement a l’écart”. “C’est dans cet effort d’exposer et d’élucider cette vérité que réside 1’es- sence méme de la liberté de la presse’. ; plaidoyer pour la liberté de la presse. nuera a lutter avec tous les moyens- Le Wall Street Journal Le WALL STREET JOURNAL, pre- nant la défense du NEW YORK TIMES, estime qu’un gouvernement déemocratique ne devrait pas chercher a dissimuler des faits qui ne mettent aucunement en danger la sécurité des Etats-Unis, comme les dossiers se- crets du Pentagone, sur le Vietnam. Sil Ie fait et si “le public doit compter sur la sincérite de la presse pour obtenir de telles informations, le gouvernement a alors trés peu de rai- sons de se plaindre’’, ajoute Je grand quotidien financier. “Le rapport du Pentagone confirme, ajoute-t-il, si quelqu’un avait encore quelques doutes, qu'il y avait de bon- nes raisons que le gouvernement sus- cite un manque de confiance dans les années soixante. Ce manque de credi- bilité s‘est avéré couteux pour le pre- sident Johnson et Jes démocrates en 1968, ainsi que pour le pays”. “Les doutes a Végard de l’adminis- tration subsistent — méme siils ne sont plus fondés — et sont utilises par Vextréme gauche pour justifier ses ac- tions, ajoute le WALL STREET JOURNAL. Si l’on ne peut faire con- fiance a la parole du président, com- ment peut-on espérer maintenir un oy sens national de moralite ? Le Figaro Dans un long commentaire sur la publication par le NEW YORK TIMES du “rapport. secret” sur I'Indochine, Venvoyé special permanent aux Etats-Unis du FIGARO, M. Jacques Jacquet-Francillon ecrit notamment: “Washington a son ‘affaire des fui- tes’. La publication par le NEW YORK TIMES d'un document ultra-se- cret, retracgant lorigine et la genese de Vengagement militaire americain au Vietnam, a fait leffet d’une bombe a la Maison Blanche. Le scandale ris- que d’entrainer des conséquences poli- tiques importantes a quelques jours “du vote, par Je Seénat, sur l’amende- ment Hatfield-McGovern, dont le but ‘est de limiter les pouvoirs des chefs de lexécutif en matiére de conduite de guerre. “D’ores et deja, a la requéte du Pentagone, le département de la Jus- tice vient d’ouvrir une enquéte offi- cielle pour tenter- de déterminer les circonstances de l’indiscrétion et d’en identifier les responSables. Le secré- taire a la Défense, M. Melvin Laird, a déclaré a la presse que tout serait mis en oeuvre pour que la lumiére soit faite sur cette affaire. ~faits qui viennent d’étre rendus pu- * taire.” en justifier le déclenchement. Or, a ce “Certes rien de tout cela ne con- cerne directement M. Nixon. C’est de Vhistoire ancienne. Le responsable des blics s’appelle Lyndon Johnson. Mais. M. Nixon risque fort de payer pour son predécesseur dans la mesure ou les fuites en question montrent jus- qu’ou un president peul aller de sa propre autorite lorsqu ‘il agit sans étre soumis a aucun contrdle parlemen- “Les documents dores et deja pu- blies par le NEW YORK. TIMES sont en effet édifiants..A leur lecture. on apprend en particulier : “1)> que les origines de Venguge ment americain au Sud-Vielnuam re montent avant meme le depart du corps expéditionnaire frangais: “21 que Jes bombardements aeriens du Nord-Vietnan avaient été, non seu- lement envisages par le president Johnson, mais minuticusement prepa- res en fonction d instructions précises qu'il avait données au Pentagone des Je debut de 1964, c’est-a-dire, plusieurs mois avant l’incident dit de la baie de Tonkin, qui allait étre invoqué pou! moment-la, la bataille électorale fai- sail rage. L’adversaire de M. Jolm- son, Je sénateur Barry Goldwater, re- clamait, sur la place publique, le bombardement immediat du territoire nord-vietnamien. M. Juhnson, ui, se déclarait ouvertement oppose a une telle exifémite. I] trompait donc deli- berement a la fois le Congres et ses propres clecteurs . . “3) que des operations militaires americaines avaient ele declenchees en secret au Laos des 1964, bien avant egulement lVaffuire de la baie du Tonkin, point de depart avoue de ce que Ton appela Pescalade. LE SOLEIL, 25 JUIN 1971, VII LENKA VLU Ue d + a4 i ‘ p Somme Qu dsatis wud gh & a Ge