VOUS M’EN DIREZ TANT icher a nos Un journaliste du diman- che assez méchant écrivait, il y a quelques fins de se- maine de cela, que 1’Office se couvrait de ridicule en recommandant 1’ expres- sion cétes levées pour l’anglais spare ribs, mets amateurs de cuisine chinoisa. D’un trait de sa rageuse plume, le journaliste rayajt nos efforts de francisation et donnait listes de l’Office prenaient au hasard les équivalents qu’ils proposent. Rien n’est plus loin de la vérité. La critique est facile, mais l’art de la boucherie est difficile. L’Office d’ailleurs, en l’oc- curence, n’oeuvra point seul 4 pondre cette expression cdtes levées. Il ne fit qu’en- 4 son public l'impression. que les linguistes et spécia-_ NE TIREZ PAS SUR LE LINGUISTE ‘gais ne connaissent pas les tive prise par un comité fédéral et provincial de bou- ‘cherie formé despécialistes canadiens. Vous connaissez tous les.‘‘spare ribs’’. Dans une sauce aigre-douce, ces petites cdtes nagent, dédai- gneuses de notre appétit dans leur maigreur osseuse, attendant qu’on les saisis- sent entre le pouce et l’index pour en mordiller délicate- ment le peu de viande. Les cétes levées ne sont pas mon mets favori, la satis- faction gustative qu’elles procurent n’en valant point, selon moi, la chandelle. Pourtant, cette préparation culinaire est prisée par les gastronomes d’Amérique du Nord, et A ce titre il était nécessaire de trouver un équivalent. francais. [1 n’en existe pas encore, pour la~- bonne raison que les Fran- cdOtes levées. Nous avons donc de l’avance sur eux et pour une fois nous pour- rons faire accepter notre expression frangaise par les cuisiniers de la-bas dés qu’ ils tenteront de mettre au menu les ‘‘spare ribs’’ en question. L’expression ‘*cO- tes levées’’ est juste parce qu’il s’agit effectivement de cdtes et que le verbe lever signifie en cuisin Ae- tacher, couper, prélever une partie sur un tout. Le die- tionnaire Bescherelle (1870) donnait déj& cette acception du verbe lever. On le trouve encore dans l’Art culinaire de Flammarion, et autres dictionnaires du cuisine. Il est courant de lire dans une recette frangaise : lever les filets, lever 1l’aloyau, lever les suprémes (de vo- Par Louis-Paul Béguin laille). Ontrouve également: lever un gigot, c’est-4-dire le détacher de l’animal. Dans un ouvrage intitulé ‘*‘ Recher- ches sur la langue de la vénerie, (Paris - 1963), je trouve le ve~be lever, am- plement dérini : on Jléve une piéce de venaison, au moment de la curée. Ilsem- ble bien que ce fut d’abord un terme de chasse, puis un} terme de cuisine. En fin de compte, ‘‘lever’’ des cOtes se justifie et l’expression “€cOtes levées’’, au lieu du barbare spare ribs, est une expression A propager dans les restaurants québécois et plus tard frangais, si nos amis d’outre-Atlantique se mettent comme certains d’ entre nous 4 machonner les cdtes levées ‘‘Al’orientale’’. En attendant ne tirez pas sur le linguiste. IMOTS A ICORRIGER tériner une décision collec- FORMES FAUTIVES Il y a du trouble dans le moteur. {Voici un dollar pour votre trouble. Sauver du trouble. Vos troubles ne sont pas finis. Ne vous donnez pas de itroubles. iCela ‘ne vaut pas. le trouble. - LE MOT ‘*TROUBLE”’ MAL EMPLOYE FORMES CORRECTES Le moteur est en panne. Voici un dollar pour votre dérangement. Epargner(éviter) des ennuis- Vous n’étes pas au bout de vos peines. Ne vous dérangez pas. Cela ne vaut pas la peine. -REELISEZ BASFORD - LIBERAL. 830 Burrard - Tél. 682-8601: SIEGE DE LA CAMPAGNE L’HONORABLE RON BASFORD, : MINISTRE D’ETAT URBAINES ENSEMBLE P.C. M.P.: AUX AFFAIRES |VANCOUVER CENTRE — CANADA L’ART DE SE NOURRIR FORMES FAUTIVES Un aliment soutenant. Une nourriture chargeante. Une sandwich épaisse. Avoir une grosse appétit. La créme 4 la glace. pour Ron Basford L’HONORABLE PIERRE ELLIOTT TRUDEAU PREMIER MINISTRE DU CANADA) ~ Annonce payée par la Comité de la campagne | FORMES CORRECTES Un aliment nourrissant. Une nourriture indigeste. Un sandwich épais. Avoir un gros appétit. La créme glacée. oe a “LE SOLEIL, 27 OCTOBRE 1972, XV