See SRR eer RRR Le Soleil de Colombie, vendredi 27 avril 1990 - 13 LE CARNET PROFESSIONNEL Les ailes de l’espoir conte poétique LOUISE BRISSETTE | La rose quitta son logis décidée a gagner I'abri, malgré » les soufflets du vent. Il plut bientét a torrents. Cela contrastait avec les douces bruines matinales. Heureuse- ment pour la petite fleur, sa vigueur la défendait de la violence. Enfin... L’eau aprés avoir palpéson corps, s infiltrait au sol comme en un échec. Outre I’averse, tout allait pour le mieux. La rose marchait, courageuse, sans méme regar- der derriére. Elle n’aimait pas scruter le passé. Scruter le passé alimentait le souvenir et Dieu sait combien elle avait soif du présent. Derriére, c’était hier; ici, c’est aujourd hui. Larose laissait apeine son nid que le temps s‘alliaases ébats. ll s’écoulait rapide pour précipiter l’avance de la fleur. Fort heureuse, la belle le remercia. Ellese sentit protégée et enveloppée d'une chaude tendresse. Prés d’un sentier, elle rencon- tra un blaireau. Le blaireau maugréant contre l’orage était --en~train de fouiller la terre. Comme il se préparait a y pénétrer, il vit la rose. - OU vas-tu de ce pas si pressé? demanda-t-i| a la voyageuse. - Je me dirige vers la serre pour m’y abriter. - Ah oui!... fit animal. Je me rappelle le jour ou la tempéte ravagea la plaine. Les racines étaient tranchées, les gazons inondés et des fleurs éraflées. - Cest vrai! - Puis, tout fut areconstruire: aprés la beauté des paysages, les personnalités. - Heureusement gue je rentre- rai aujourd ‘hui saine et sauve au refuge. Le propos du blaireau poussa la rose a clore le dialogue. Elle décida de partir. Pourtant, elle n’était pas craintive car, bien sr, elle réussira a atteindre sa _destination et cela malgré son hésitation premiere. - Je ne te retiens pas petite fleur, je connais ton empresse- ment, termina l’animal. Que la chance t’accompagne! Dans la boue qui éclaboussait sa robe, la rose reprit son chemin. La boue collait a son corps et alourdissait ses pas. Les chénes eux, aussi droits que la vérité, bravaient la tempéte. Solidement plantés dans la terre, ils maintenaient leur stabilité. La rose s‘appuya prés de I'un d’eux. Quelques instants de répit suffirent a la revigorer. Bien que le temps ne fat pas ala sentimentalité, elle écouta son désir et avant de repartir, baisa I’écorce du chéne. Celui-ci remua de plaisir. Quelquefois la rose Deuxiéme partie Chapitre 2 vivait ainsi saspontaneité. Vivre sa spontanéité /ui permetiait de se libérer; celaouvrait une porte al’6panouissement de son moi. Car /a toute belle aussi avait un «moi». Elle en prenait conscien- ce, elle existait! Le tonnerre maintenant gron- dait, les éclairs déchiraient le ciel. Les oeillets, les coqueli- cots, les lys des champs, d'autres encore, croisaient la rose. Pour protéger les étami- nes, leurs pétales esquivaient le sable. Des pétales blancs, mauves, jaunes, bleus s oppo- saient au gris de ‘horizon. C’était un arc-en-ciel grouillant dans un jour fixe et sombre. La petite rose voyait a !‘horizon lamaison de la pivoine et de la marguerite. A vrai dire, elle commengait a se sentir fatiguée, sinon épuisée. Elle dépensait une quantité énorme dénergie. La tempéte ne la félicita point lorsqu’elle appro- cha de leur demeure. Au contraire, elle eut détruit la nature. Déja les traces de son passage apparaissaient: les renards couraient a _ perdre haleine dans les bois, tandis que les taupes se cachaient dans la sécurité de leur maison souterraine. C’était ainsi. Ravie par I’‘idée de revoir ses deux amies, la belle entra dans leur logis. Etonnement! Son mouvement se heurta au silence. Dans le logis: aucun bruit qui puisse témoigner de la vie. Seul a /extérieur, on entendait l’orage affirmer sa présence a travers |’espace troublé. Marguerite et Pivoine n'y étant pas, lecoeur de/a fleur se serra. Peut-étre était-elle trop sensi- ble! Elles‘assit un moment pour reprendre son souffle, puis se levaet quitta une autre fois pour gagner I’abri. Chapitre 3 Les bourrasques dela tempéte enlaidissaient la terre. Malgré leur brutalité, la rose chemina. Voulant retrouver la sécurité, elle désirait au plus profond delle-méme /a serre. Toutefois, ny étant pas rendue, mieux valait de garder en réserve ses énergies. Des formes vagues se dessi- nérent bient6t au loin. Des formes qui, au lieu de se mouvoir et de rester incertaines, se précisérent pour tracer - comment est-ce possible - le calque de /a pivoine et de la marguerite. Le coeur de la rose rebondit. Telle /a pluie, il battit trés fort. Bien sdr l'essoufflement n/af- fecta-en rien sa vigueur. Oui... L’élégance de sa tige égalait la puissance de ses_ racines. Choyée était-elle/a petite amie: comme si toutes les caractéris- tiques d ‘excellence s '‘unissaient en elle, comme si. d'un seul coup les trésors des dieux envahissaient son corps. - Etrange... Pourquoi Pivoine s‘agite-t-elle autour de Margue- rite? En effet la fleur remarqua que sa copine tournait autour de /a marguerite, allant ici et la, paniquée... - Que se passe-t-i!? Maintenant /a pivoine regrou- pait ses feuilles pour emmaga- siner des forces et les étalait sur une roche. - Que de mouvements! On dirait Marguerite rivée a la terre... La toute belle s’alarma. Elle conclut a une difficulté et, quoique fatiguée, pressa alors le pas. - Quand aurai-je des ailes? s ‘impatienta-t-elle encore. Si des ailes m/habillaient, en un rien de temps je volerais a /eur cote! - Mais tun’en as pas, répliqua hautain l’orage, et tu ne sais si tu en auras! - Peut-6tre un jour... - Pas sir! Pas sar! - Tu ne connais point les secrets de I’univers, fit la rose. Malgré l’alourdissement de son propre corps par la boue, elle avait peine a demeurer au sol. Le vent malicieux luttait pour la soulever tandis que la-bas la pivoine s/agrippait maintenant a la pierre, et la marguerite, toujours inactive, restait bien ancrée au sol. - Jarrive, douces et tendres amies, j arrive! La rose arriva, cette fois, exténuée, a /eur niveau. Elle comprit rapidement le scénario. L ‘excitation de /a pivoine, son repliement et |'‘étalement de ses feuilles étaient - 6 dieux! - des mouvements désespérés pour libérer la marguerite tout a fait coincée sous une roche. La belle réagit fermement a la situation. - Pivoine, tasse-toi un peu a gauche. Je taiderai a sortir Marguerite. Oubliant sa fatigue, la rose unit ses gestes a ceux de la pivoine. Pousser la_ pierre, reprendre son élan, pousser encore la pierre, étaient la consigne. Comme cétait diffi- cile! Comme elle était lourde la masse rocheuse! Celle-ci ne bougea pas d'un centimetre. Et ce vent qui contrait leurs efforts était affolant. En effet, au lieu de souffler dans /a direction du dégagement, le vent soufflait dans le sens contraire. Heureu- sement la marguerite respirait encore avec facilité. Des événements jugés irréalisables - ne se produisent-ils pas quelquefois? Jusqu’a quel point qu’avantageux. Cette section du journal est réservée ala publication de cartes d'affaires et aux annonces de services commerciaux. Ce service est offert sur une base annuelle a un taux plus iPatrick Martin Agent d'assurance . 321, Game rue 521-3781 [Bur.] in alle C.-B. 421-3592 [Dom.] V3L 3A7 —AVOCAT— Kevin J. Gillett BA. £tB. OESUCEAD: En Frangais ou en Anglais 201-145 E. 15e rue North Vancouver, C.-B. V7L 2P7 988-5244 ¢ Canadiens & Américains RAY SAINTONGE consultant 5551 Steveston Highway, Richmond, CB 271-3999 } | Douglas E. Dent, BA, LLB,LLM INDACOM NORTHAM LIMITED] = ax Chaar iaces “Fopians Roeta BONNER. Ere ne Senile. = ee cClLe wee Ratee ee Nadanee RE: ANTE A NAG | Téléphone [604] 681-0532 _DENT_ bureau (604) 683-5577 Fax: [604] 684-6907 avcas et nowaires f domicile (604) 228-1957 Impéts & comptabilité ' Investors Une compagnie membre du groupe investisseurs Ray D. Dallaire, C.F.P. < Chef de district Some étage, Bentall Two, : 1555, Burrard, Vancouver, C.-8. V7X 1me [604] 682-5431 CENTRE DU LIVRE FRANCAIS Librairie Commandes spéciales 2-1037 West Broadway Vancouver, B.C. V6H 1E3 TELEPHONE (604) 732-1328 Restaurants du Canada Ltée PD. Coin Broadway Blenheim Vancouver, C.-B., V6R 1B1 BON TEMPS ET BON GOUT A. LA.LIBRAIRIE-FRANCAISE DE VANCOUVER 731, 16@ Avenue Ouest, Vancouver, C.8. vsz 188 Téléphone: 875-6555 _o Théatre LA SEIZIEME Productions pour jeune public et théatre pour adultes. 1754 ouest Broadway Vancouver, C.B. V6J 4W6 ‘Tél.: 736-2616 MANHATIAN books & magazines “M“OUVELLES PARUTIONS-&@.0.> ‘ “ROMANS -ESSAIS: : 1089 _ROBSON WCOUVER_¢ 681-9074 John M. 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Les efforts de /a rose et de la pivoine pour déplacer le roc semblaient se perdre. - Comment réussirons-nous a sauver Marguerite? questionna la rose. - Comment!... mes _racines glissent sous lapluie et je perds I’équilibre, de constater, dému- nie, la pivoine. - Qu’allons-nous faire, Pivoi- ne? La marguerite, les yeux fermés, ne disait mot. Elle reposait sans bouger, peut-étre méme sans penser. Liimage quelle rendait était celle de la dignité dans /a faiblesse. - Courage Marguerite! affir- meérent la rose et /a pivoine. ’ - Courage Rose et Pivoine! entonna la montagne. L écho delamontagne déversa un baume sur leurs difficultés. La voix suscita un réconfort. Au moment ou les actions des sauveteurs cesseérent, le bou- leau apparut: Que/ques glaieuls, trois orchidées et quatre boutons dor garnis- saient déja ses _ branches. Rapidement le bouleau saisit la situation. Il fit signe ala rose et ala pivoine de s éloigner et d’un seul bras, il releva la roche, dégagea la marguerite encore remplie de vie. Quelle facilité! Les petites héroines sen montrérent toutes ravies. /I était bon de rencontrer la force lorsque I’on est soi-méme si faible. Enfin! La toute belle sourit au bouleau. Avec /a pivoine, elle se sentit a son tour quitter la terre pour étre transportée pres de la marguerite sur une des bran- ches du maitre. Une image de la violette se présenta a son esprit. Violette, témoin de la tempéte, se proméne certainement déja avec sécurité dans I’abri.