Le Soleil,page 2, le 15 Novembre,1968 LE SOLEIL de vancouver SEUL HEBDOMADAIRE DE LANGUE FRANCAISE DE VANCOUVER Directeur: André Piolat Publicité: Jacques Baillaut Redaction: Jean Riou,Roger Dufrane, W.J.Aubert,Pierre Perrault, louise Perrault,Edith Dear, Denise Deissner,Andre Vien, Jacques Jantzen Caricaturistes: Louis Nollet,dir.art. Jim Nagy,Fve Tonner. Publie par:LE SOLEIL DE COLOMBIE LTD, 661 E,15eme avenue,Vancouver 10,C.B. Prix: 15¢ le numero Abonnement: 1 an $6.00,3 mois $3.00 Pour tarif des annonces,teléphonez a 879-2814, BRERA EERE RHE RERHRRERHE RHR Y AFFAIRES MUNICIPAL par le Conseiller Municipal, Harry RANKIN Un choix varie de rapports bien a 2 oe Z S Fah prepares a ete présenté 4 la deéle- . et | aa gation du gouvernement fédéral ra “A chargee de l'enquete sur les pro- blémes urbains du logement et de la construction lors de son passa-— aN e us ge a Vancouver la semaine derniére La question reste cependant. Les personnes entendues ont-elles ete POW © SOL eC VANG, amneraT Je ne sais Pas, connais pas yee celles cui sont le plus dans le besoin d'acconodations décentes ? Je pense particuliérement au ser-— vice social, aux chomeurs, aux mé— res separées ou divorcées cui €1é- vent leurs enfants, aux retraités et tous les gens de petits revenus Dans le dossier que j'ai présenté au comité d'encuétes, j'avais joint, a titre d'exemple, la lettre Suivante,écrite par une mere in- dienne, des conditions déplorables dans les uelles certaines personnes vivent, Cette lettre parle pour elle—méme. Lettre = (d'une mere indienne) Rout 1967. '" Nous avons un besoin désespéré de logenent.Nos cuatre enfants ont enduré toutes sortes de miseres l'hiver dernier, Ils n'ont guere cesse d'étre mala-— de & cause du froid qui régnait a ‘l'intérieur et des murs qui ruisse- ‘lent en raison de l'humidite. Le tuyau du gaz a été branché par une personne «ui n'était pas cualifiée et l'inspecteur municipal y a at- taché une éticguette rouge. J'ai toutes les peines du monde @ garder les bruleurs allumes. Il y a également des souris et des escargots qui se proménent un peu partout en plein jour. Il n'y a pas de chauffe-eau utilisable. Je dois chauffer l'eau sur le fourneau, ij me semble que je passe des jours a chauffer l'eau en vérite c'est ce cue je fais. Le reservoir d'eau chaude est vi+ eux et rouillé. Il coule sur le plancher cui dégage une odeur de putrefaction. Quand a la salle de bain elle sem ble toujours sale. Nous avons peind une fois mais la saleté continue a traverser. Je n'utilise pas la bai- ‘gnoire du tout, elle est sale, rou- illée et impossible a nettoyer. Un coin de la piéce-du devant est prét a staffaisser. Voir RANKIN,page 11 VOUS ABONNE AU SOLEIL? . Ltétude de I*histoire canadien- ne a toujours été un casse-téte dans nos écoles et aucun manuel n'a pu jusqu'ici concilier les vues des deux groupes linguistiques. Nous avons une histoire telle qu'envisagée par les francophones une autre selon qu*‘elle est congue par des écrivains anglophones, La vérité ne peut 6tre qu'objective, tout le monde l'admet, mais on se rend vite compte que’l'opinion de chacun est fortement influencée par la tradition, -la langue, la re- ligion, le milieu, la politique de l’époque, ‘'*Chacun sa vérité't, comme l'écrivait Pirandello, Cet- te réflexion nous est inspirée par un cas d'espéce, celui de Louis Riel, Vilipendé par l'Ontario, il y a Soixante-quinze ans, considéré comme un martyr par les Caua- diens francais, le heros des métis fut finalement pendu, 4 1a suite d'un jugement inique, non paspour avoir soulevé son peuple, comme on voulait le laisser croire, mais bien 4 cause de l"exécution de Scott, Le verdict d'un tribunal d' aujour- dhui elit été différent, Unexamen psychiatrique eiit vite décelé le dé- séquilibre mental dont souffrait Riel qui, sur la fin de sa vie, se croyait nanti d'une mission mes- Sianique, La haine qu'il souleva en osant défendre les intéréts des siens qu'il croyait injustement at- taqués, mobilisa contre lui les o- rangistes alors tout puissants, Sir John Macdonald, tiraillé entre son amitié pour l*évéque de Saint-Bo- niface et l*appui politique qu'il EI LA CAPTURE DE LOUIS RIEL - Aprés s'&tre réfugié dans les bois au nord de Batoche, Riel décide de se rendre au général Middleton; en route, il rencontre quelques éclaireurs de ce dernier, Cette illus- tration, originalement publiée dans le Canadian Pictorial and Illustrated War News fait partie d'une col- lection de 242 réunies en 10 albums sous le titre général de '"La Conquéte de l'Ouest canadien", pmeERy ‘ ‘La réhabilitation de recevait des loges, adopta l*atti- tude de la non-intervention et lais- sa exécuter Riel. Malgré la différence d’apprécia- tion sur un méme fait historique, Suivant qu'un Canadien appartien- ne 4 l"un ou l*autre groupe, il sem- ble que le décalage des ans, une étude plus appfofondie des événe- ments de la Riviére Rouge, et en- fin une atténuation des préjugés | raciaux dans notre pays, aient o- péré une éyolution dans "opinion publique. crits pour défendre la mémoire du chef du gouvernement provisoi- re et pour dénoncer les procédu- res de sacondamnation, Des chan- sons, ou plut6t des cantilénes, ont popularisé le leader des Métis, Un opéra dans les deux langues dii 4 un compositeur torontois a été créé 4 Montréal, l'an dernier, a la gloire de cet homme étrange qui avait tout sacrifié A la pour- suite de son réve. On nous pro- --met cet opéra pour l'ouverture du Centre des Arts l'an prochain, Et enfin, au cours de la derniére semaine de septembre, un monu- ment 4 Louis Riel était inauguré par le premier ministre du Cana- da 4 Regina dans les parages mé- mes de la rébellion, M, Trudeau en a profité pour tirer des lecons d'une haute por- tée morale sur cet événement que l'on peut considérer non pas com- me une revanche de l'histoire, mais comme une réhabilitation de l'assasiné de Fort Garry. '"Com- bien d'entre nous sont préts 4 ad- mettre, a demandé le premier mi- . cath . - rea %. ss : e Des livres ont été é-. 'ge selon la fagon dont elle les trai- Riel nistre, que les historiens de l'a- venir préféreront peut-étre met- tre en relief et louer les actesnon pas de la majorité privilégiée, mais plutdt celle de quelques chefs obscurs d'une minorité honnie?" Le réve de Riel de créer un E- tat autonome de la nation métisse en Amérique du Nord ne pouvait pas se réaliser. L'élan politique et économique des deux jeunes shite oe pays qui se partageaient le conti- nent était trop dynamique pour pou- voir y résister, Emportéspar l'a- mertume de leurs sentiments de frustration, Riel et ses compa- gnons ont voulu protester contre l*indifférence des gouvernements 4 leur égard. Ils luttaient pour les droits des minorités, "Dans toute démocratie, pousuit M, Tru- deau, il est toujours trop facile pour la majorité d'oublier les droits des minorités,.. et on laju- te**, Ces remarques ne pouvaient é- tre plus opportunes au moment od | des minorités de chez nous dans certaines provinces anglophones, et méme dans le Québec, exigent la reconnaissance de leurs droits fondamentaux, Elles s'appliquent encore davantage & I*heure od les fréres des Métis de Riel; les In- diens du Canada, réclament un traitement plus.équitable, L'heu- re est arrivée de passer des con- cepts & leur application si l'on veut éviter que se renouvelle "*u- ne autre tragédie comme celle de Riel®, ee Fulgence CHARPENTIER, -Le Droit, Ottawa,