eS ee 5, Le Soleil de Vancouver, 5 juin 1970 VENCYCLIQUE “HUMANE VITAE” ET LA BIOLOGIE par Pierre-P. Grassé, La lettre encyclique ‘*Huma— nae Vitae”? sur la régularisa— tion des naissances que sa S.S. Paul Vl a adressée au clergé catholique, a été commentéeavec passion surtout par la presse quotidienne, Presque tous les commenta— teurs sont partisans de la sié— rilisation temporaire de la femme par des moyens chimiques. Les uns sont franchement hostiles aux décisions pontificales, les autres se contentent d’exprimer leur déception et leurs regrets. Le recours 4 la pilule serait le seul moyen d’endiguer & coup str la surpopulation, de suppri— mer l’avortement clandestin, de donner au couple la faculté de procréer a son gré et dene met— tre au monde que des enfants désirés. Autrement dit, l’usage de la pilule contraceptive ne présen— terait que des des avantages, tant physiologiques que sociaux. Mais considérés de plus prés, ses inconvénients ses dangers tant corporels que moraux, voi— re sociaux, apparaissent. Aussi lorsque les critiques de l’ency— clique émanent de catholiques, prétres ou laics, on ne manque pas d’tire surpris. Elles té— moignent d’un grave manque de réflexion et d*’une méconnaissan— ce de la physiologie humaine et de la morale chrétienne. LA DE— CISION DE S.S, PAUL V1! NE POUVAIT ETRE QUE CE QU'ELLE EST’ II est aisé de le démontrer en faisant appel & des arguments d’ordre bio— logique, Quand un diologiste castre un mammifere, il enregistre sur celui—ci un ensemble de modi— fications anatomiques et fonc— tionnelles dont l’ampleur varie selon les especes soumises 4 lexpérience, Les altérations portent sur le métabolisme ba— sal, les sécrétions et la- flore bactérienne des voies génitales, la peau et ses productions, la composition cellulaire de Il’ay— hophyse et de ses sécrétions hormonales et sur presque tou— tes les glandes a sécrétions in— ternes, Une * littérature’? im— mense concerne ce sujet. Sur la femme, la pilule a un effet qui équivaut A une casira— tlon temporaire, Sur les adul— tes, elle n’a pas d’action appa— rente sur les caracteres sexu— els secondaires (pilosité, tim— bre de la voix...) mais on sait qu’elle agit sur les autres glan— des a sécrétion interne (hypo— pnyse, thyroide, cortex surrénal) et sur le foie. Ses actions, jusqu*ici, sont réputées bénignes. En somme, ia femme?, nar un @trange privilége, se ressenti— rait beaucoup moins que les fe— melles des animaux de la.sté— rilisation chimique. Grace & l’examen médical o— dbligatoire, dit—on, ne prennent la pilule que les femmes ca— pables d’en supporier les ef— fets sans dommage. Cela est peut—@tre vrai dans les cas leé— gaux, mais il n’en est pas tou— jours ainsi, car la pilule se prend surtout dans la clandes— tinité, hors de tout contrdle mé— dical, D*ailleurs, quel rdle vient jouer la médecine dans cette affaire? On croyait jusqu’ici que son objet et son idéal étaient de 6 guérir les maladies qui frappent © l*momme ef de leS prévenir Depuis quand change—t—elle de cap et s’applique—t—elle 4 dé— régler ou a supprimer les plus nobles fonctions de 1*homme? Car c’est bien de cela qu’il s’a— git et non d’autre chose, Mais le point le plus impor— tant quant a l’action de la pi— lule reste & éluder. LE VOICI; Un ovaire qui, pendant des an— nées, est mis au repos et n’est plus irrigué par un sang conte— nant les hormones qui, normale— ment l’animent et réglent ses fonctions, conserve—t—il intac— tes ses facultés? Rien en lui n’est—il touché? A ces ques— tions préliminaires et capitales les partisans de lapilule, en par— ticulier feu le docteur Pincus, Président de l’/Académie des sciences. Le professeur Pierre—P, Grassé. l’un de ses peres légitimes, ré— pondeat que l’ovaire se trouve fort bien de cette longue inhi— bition et que rien de facheux n’en résulte ou ne saurait en résulter. Or la vérité est tou— te autre; ILS N’EN SAVENT STRICTEMENT RIEN’ Aucune siatistique ETENDUE ne nous renseigne sur la fréquence des avortements se produisant a— prés un long traitement ‘*pilu— laire’’ et sur les anomalies des embryons aboritlfs. Ici, il faut rappeler des no— tions bien connues des biologis— tes, mais ignorées du grand pu— blic. & savoir que les divisions de loeuf conduisant a la réduc— tion de moitié du nombre des chromosomes dépendent en par— tie de la nature du cytopiasme de }ovocyte (oeuf), Les dis— tributions fautives de chromoso— mes, telles que Turpin et Lejeu— ne les ont fait connaitre, sont a l*origine du mongolisme et de bien d’autres anomalies sex— uelles, corporelles ou intellec— tuelles de l’homme; elles tien— nent probablement non pas aux chromosomes eux—meémes, mais au cytoplasme, plus ou moins, alcéré, dans lequel ils baignent, Les enquétes sérieuses, enco— re fort peu nombreuses, réve— lent quelques faits inquiétants; en voici deux; La durée moyenne d*4tablis— sement possible de la gestation, apres trois ans et demi de irai-- tement est de six mois et demi (Didie et collaborateurs 1966). Ce long délai traduit un dére— glement certain de ia fonction ovarienne (surovulation...) ’ Les observations de Carr 1967 sur les foetus abortifs, engen— drés par des femmes fécondées au cours des deux premiers mois suivant une période d’emploi de la pilule, apprennent que les trois quarts de ces avortements sont liés & une anomalie chromo— somique, Létude du diologis— te canadien est sérieuse, mais concerne trop peu de cas (juit) pour permettre autre chose qu’ une présompiion quant au role pathogéne de l*inhibition de 1’0— yulation sur la structure et la vitalité de l’ovaire et des oeufs. Quel est donc le biologiste, conscient de ses responsabili— tés, qui oserait affirmer qu’une mise au repos prolongée de l*’o— vaire et la présence dans le sang qui l’irrigue.d’une hormone arti— ficielle qui ne devrait pas s’y trouver, laissent -indéfiniment indifférents les cellules germi— nalas et ne troublent’ pas 1’é— mission des globules poiaires, dont nous savons bien que son déclenchement se trouve sous le contrdle de l*hypohyse ‘go— nadostimuline) et de la follicu— line, l*hormone du rut? D’accord avec maints endocri— nologistes et généticiens, nous estimons qu’employer la pilule pour éyiter une grossesse est aussi excessif que d’utiliser un marteau—pilon pour enfoncer un bouchon dans une bouteille, Cet— te vérité mérite d’tre connue de tous, La pilule a pour el— le la facilité de son absorption, son aspect anodin; mais cela dissimule une réalité moins bril— lante, Nous nous excusons de ces quelques lignes detechnicité, el— les étaient indispensables pour situer exactemeni le débat, De quelque maniére qu’on la considére, I*inhibition artificiel— le de ia fonction sexuelle fé— minine constitue une incontes— table agression envers la per— Sonne physique, Pour lapremi@— re fois, le droit est reconnu a l’individu de dérégler volontai— remeni ses fonctions naturelles; mais illogisme des législateurs, dans le meme temps, le dopage sportif, bien moins redoutable dans ses conséquences, est se— vérement réprimé, Compresdra qu. pourra! Le grave de Vaf— faire est que les gouvernants en autorisant ou, allant plus loin en autorisant ou, allant plus loin recommaadaat l’emploi de la pi— lule stérilisante, ont ouvert 1’@— re des agressions légales de l’organisme humain, tantau phy— sique qu’au moral, Dés lors comment pourra— t—on éviter ces interventions biologiques sur 1*homme, dont on a tout & craiadre? Une juris— prudence est créés., Elle ris— que de servir de paravent, de prétexte, A des gouvernants doc— trinaires et fanatiques ou déli— bérément criminels, désireux de modifier l*’homme A leur gré, voire de créer des castes nou— velles, Cela n’est pas du do— maine de la science—fiction; dés maintenant, les biologistes pour— raient opérer de profondes mo— difications physiques et psycho— logiques de ]’homme en répéiant sur lui ce qu*ils produisent. a volonté sur l’animal, Pour certains de nos contem— porains, ees craintes, auxquel— les l’encyclique fait directement aliusion, sont sans foidemeni et les éventualités supposées ‘n’ap— pavilendraient pas au domaine. du possible. La crise effroya— ble dans laquelle Hitler et ses suppots, au nom de l’eugenis— me ou des principes pseudo— scientifiques ont plongé le mon— de, aurait guéri les gouver— nements, quels qu*ils soient, de toute velléité de se iancer dans une entreprise aussi monstru— euse, qui les reléguerait au ban de l*humanité, Cet optimisme, probablement de circonstance, est extréme— ment dangereux, il suspend la vigilance des bons et laisse les mains libres aux mauvais, Les faits le démentent avec bruta— lité. Lorsque de propos délibéré on fait mourir de faim, ou qu’on massacre les onze millions d’I— bos du Biafra et que de trés grande puissances, par leur ai— de marérielle, rendent cette oeu— vre diabolique possible, qu’un grand peuple européen est réduit au silence et asservi par une armée immense et conditionnée selon les techniques de Pa— viov, il faut bien admettre, a moins d’étre aveugle et sourd, que homme resie le plus mé— chant des animaux. Il est singulier que la stéri— lisation chimique, aujourd’hui encore yoloataire, demain peut— @tre imposée par la loi d’undes— pote ou d’une oligarchie et de— venue un moyen de réaliser un éventuel génoecide, soit prdnée par des hommes qui ont souf— fert, eux—m@mes ou leurs pa— rents des procédés “qui, sous le .couvert d’eugénisme, vi— saient A anéantir une race, Je suis ,surpris aussi de l’in— conséquence de pnilosophes et de sava.i‘s qui, apr=s avoir com— pris et montré les dangers des interventions que la biologie, peut opérer sur homme, au— jourd’hui ne s’élévent pas con— tre la stérilisaiion chimique de la femme, De lourdes responsabilités pe— sent sur le biologiste qui dé— tien! lo redouiap.2> o5uyvoi> de modizier l*homme dans tous ses attributs, Il coaviendrait, si tous les gouvernements étaient sages, mais nous savons quiils ne le sont pas, que les consé— quences pratiques des progrés de la biologie soient supputées, examinées par une sorte de Haute Cour internationale com— posée de savants, de'juristes,de psychologues et de théologiens, Alors que 17O.N.U. étale sonim— puissance comme u:. meidiant ses ulcéres, il peut paraiire in— sensé d*exprimer une telle pro— position, Pourtant, il faudra bien un jour metire de l’ordre daas noire monde et prendre VYavis des SageSeee. S*il en res— te encore, Ainsi appliquer & des pays de faible population, c’est le cas de la France. Le traitement drasitique prvpre a arréter l’in— flation démographique esi une erreur maaifeste, A un Est surpeupl4, opposer un Occident anémique n’esi peut—@tre pas une maniere efficace de ser— vir la paix, La dénatalité ne dépend pas; danas les quelques pays ot on la constate, des m@émes causes déterminantes, La faible fé— condité des Fraingaises n’a pas du tout la ** motivation ” de celle des Polynésiennes, Notre pays, avec ses 90 habitants au km( qui tombent & 14 dans cer— taines régions,) ignore la sur— population et, apres ule mon— tée de sa naialité, reprend ses habitudes malthusiennes d’avant 1944 et fait de moins en moins d’enfants, sans pour cela recou— rir a la pilule. Dans certains déparcvemets du Sud—Ouest, que quittent, il est vrai, beaucoup de jeunes faute d’y trouver un travail reémunérateur, des main— tenant le ‘nombre. de cer— cueils l*emporte & nouveau sur celui des berceaux, En Frauce, lusage de 1a p.— fale déi-oa, aura .tarlouc pour -effet de diminuer le nombre des avortements criminels sans mo— difier celui des naissances, C’est la une pure hypothése, avancée pour calmer les inquiétudes de ceux qui redoutent la décadence de notre peuple, Car les a— vortements étant perpétrés dans le plus grand secret, leur dé— nombrement est impossible, Aussi, ne peut—on pas prendre 2n Sérieuse considération les chiffres que l’on en a données, nul ne peut se porter garant de leur exactitude. En revanche des statisticiens dignes de foi estiment que l’usage de la pi— lule abaissera de 3 & 7 pour cent la natali:é frangaise, qui deviendrait si cette prédiction se ré@alisait, la plus faible au monde, Dans le chaos des avis oppo— sés, des mensonges, des sia— tistiques ‘fsollicitées’’, voire des passions et des intéréts maté— riels, la voix de la raison de la conscience universelle s’2st eufia fait entendre. Le Pape a parlS eu tam que défenseur de i’individu et de Il’humanité tout entiére, L’encyclique ** Humanae Vitae’? en des termes élevés, assure tout autant le mainitien de la doc— trine et de la morale cliréitien— nes que le développement du vé— ritable Aumanisme scientifique, L’encyclique s’accorde avec les données de la biologie, rappelle ses devoirs au médecin et en— gage homme d@a::5 ine voie oi sa dignité, tant physique que ino— rale sa subira aucume agression, Pour ious, la controverse est close! Satellites de France, fusées d‘URSS MOSCOU — Des fusées sovié— tiques mettront sur orbite dés l’année prochaine des satellites francais. Telle a été lat pré— cision donnée samedi a !a 13@— me session de COSPAR (comi— té internationale pour la recher— che spatiale)& Léningrad, annon— ce l’agence Tass. A Paris, on précise que les satellites francais qui seront ainsi mis sur orbite seront lan— cés en 1971 ou 1972. I] s’agit de deux satellites “* Sert“d’ap— plications scientifiques, destinés a observer l’environnement ter— restre, Ces lancements ont été décidés dans lecadre des accords de coo— pération scientifique entre la France et 1?URSS, Les satellites francais qui feront partie d’une gerbe d’engins lancés par la m@— me fusée porteuse remplaceront les satellites ‘*roseau’? qui de— vaient @tre lancés en 1971 par des fusées soviétiques et utilisés pour la radio—observation & haute al— titude de la terre et dont ]’éla— boration a été abandonnée en 1969 pour des raison d’économie bud— gétaire, APPELEZ- Mol si vous désirez obtenir quelques idées sur l’assurance-vie — argent remis. La police Sun Life Dotation fonds de sécurité. protége votre famille jusqu’A ce que vous soyez Agé de 65 ans, puis vous rembourse toutes les primes plus les dividendes! MARCEL ST-DENIS |} #600 - 675 W. HASTINGS STVANCOUVER 2 Téléphone: Off, 681-5321 R&s. 926-5681 SUN LIFE — DU CANADA